Texte de Jean de La Fontaine, analyse de l'image (sujet  2022)

Énoncé

Texte littéraire
Le Lion et le Moucheron
« Va-t'en, chétif(1) insecte, excrément de la terre(2) ! »
C'est en ces mots que le Lion
Parlait un jour au Moucheron.
L'autre lui déclara la guerre.
« Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de Roi
Me fasse peur ni me soucie ?
Un Bœuf est plus puissant que toi :
Je le mène à ma fantaisie(3). »
À peine il achevait ces mots
Que lui-même il sonna la charge(4),
Fut le Trompette(5) et le Héros.
Dans l'abord il se met au large(6) ;
Puis prend son temps, fond(7) sur le cou
Du Lion, qu'il rend presque fou.
Le Quadrupède écume, et son œil étincelle ;
Il rugit ; on se cache, on tremble à l'environ ;
Et cette alarme universelle
Est l'ouvrage d'un Moucheron.
Un avorton de Mouche en cent lieux le harcelle :
Tantôt pique l'échine(8), et tantôt le museau,
Tantôt entre au fond du naseau.
La rage alors se trouve à son faîte(9) montée.
L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir
Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée
Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir.
Le malheureux Lion se déchire lui-même,
Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs,
Bat l'air qui n'en peut mais(10) , et sa fureur extrême
Le fatigue, l'abat : le voilà sur les dents.
L'Insecte du combat se retire avec gloire :
Comme il sonna la charge, il sonne la victoire,
Va partout l'annoncer, et rencontre en chemin
L'embuscade d'une Araignée ;
Il y rencontre aussi sa fin.

Quelle chose par là nous peut être enseignée ?
J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis
Les plus à craindre sont souvent les plus petits ;
L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire,
Qui périt pour la moindre affaire. »
Jean de La Fontaine, Fables, livre II, fable 9, 1668

Image
Sujet national, juin 2022 - illustration 1
Illustration d'Auguste Vimar pour le recueil Les Fables de La Fontaine, Alfred Mame, 1897
Les Fables de Jean de La Fontaine peuvent être rattachées à différents objets d'étude des programmes de collège : il correspond à la partie « Résister au plus fort : ruses, mensonges et masques » du programme de sixième, mais également à la partie « Vivre en société, participer à la société – Dénoncer les travers de la société » du programme de troisième. Il faut donc mobiliser les connaissances et outils d'analyse relatifs au genre de la fable, mais également au genre de la satire : lexique, outils narratifs et argumentatifs, valeurs des temps verbaux, etc.
Travail sur le texte littéraire et l'image
Compréhension et compétences d'interprétation
1. Vers 1 à 8 : 
a) Qui parle au vers 1 ? À qui s'adresse-t-il ?
Observez attentivement les vers suivants (les vers 2 et 3) et le verbe de parole « parlait » qui indique qui parle (sujet de « parlait ») à qui.
b) Quelle réaction ce propos déclenche-t-il et pourquoi ?
Là encore, observez les vers qui suivent le vers 1 : quel effet peuvent avoir les paroles du Moucheron sur le Lion ? Pourquoi ? Observez également attentivement le vers 4.
2. Vers 9 à 29 : 
a) Quel animal domine le combat ? Justifiez votre réponse en relevant trois expressions dans ce passage.
Observez attentivement les actions du Moucheron ainsi que les termes le désignant, mais aussi les conséquences de ces actions sur le Lion. Veillez à appuyer votre réponse sur trois expressions (citez le texte) comme demandé dans la question.
b)Quelle tactique est utilisée par le Moucheron aux vers 12 à 29 ? Quel en est le résultat ?
Relevez les différentes étapes de la tactique du Moucheron : que fait-il en premier (vers 12), et ensuite (vers 13 à 21) ? Quelle conséquence cette tactique a-t-elle sur le comportement du Lion et dans quel état finit-il ?
c) Comment le fabuliste met-il en évidence le mouvement et l'agitation du combat ? Pour justifier votre réponse, vous vous appuierez notamment sur les verbes, les adverbes et le rythme des vers.
La question vous invite à vous appuyer sur des éléments précis. Observez tout d'abord les verbes du passage : que traduisent-ils ? À quel temps sont-ils conjugués ? Quelle est la valeur de ce temps ici ? Arrêtez-vous ensuite sur les adverbes : lesquels traduisent le mouvement et l'agitation ? Enfin, comptez le nombre de syllabes des vers et observez leur enchaînement. Que remarquez-vous ?
Rappel : L'adverbe est un mot invariable qui précise ou modifie le sens d'un autre mot ou d'une phrase.
3. Vers 15 à 29 : 
Par quels groupes nominaux le Lion est-il désigné ? Quel est l'effet produit ?
Commencez par relire attentivement les vers 15 à 29 en surlignant les groupes nominaux qui désignent le Lion afin de n'en oublier aucun. Observez-les ensuite attentivement et demandez-vous quelle image ils donnent du Lion, qui est censé être un « Roi » (vers 5).
Rappel : Un groupe nominal est composé d'un nom-noyau, d'un déterminant et éventuellement d'une expansion telle qu'un adjectif épithète, un complément du nom ou une proposition subordonnée relative.
4. Vers 30 à 34 : 
Quel est le retournement de situation raconté par cette fable ?
Les vers 30 à 34 racontent ce qui arrive au Moucheron après sa victoire sur le Lion : demandez-vous en quoi la situation du Moucheron bascule ? Dans quel état d'esprit est-il dans les vers 30 à 32, et que lui arrive-t-il ensuite ?
5. Au cours de la fable, de quel défaut le Lion et le Moucheron font-ils preuve à tour de rôle ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur l'ensemble de la fable.
Le Lion et le Moucheron font preuve des mêmes défauts, mais à différents moments : observez notamment la manière dont il traite et envisage les autres animaux, et notamment la manière dont ils se traitent et s'envisagent entre eux. Veillez à appuyer votre réponse sur des passages précis de la fable, tant pour le Lion que pour le Moucheron (une citation pour chacun).
6.Vers 35 à 39 : 
Comment comprenez-vous les deux enseignements que le fabuliste donne au lecteur ?
La question vous invite à reformuler les deux morales : prenez le temps de reformuler la première (vers 36 et 37), puis la seconde (vers 38 et 39), plus complexe.
7. Image : 
a) Comment l'illustration donne-t-elle à voir les effets de l'attaque du Moucheron sur le Lion ?
La question vous invite à montrer que l'image illustre fidèlement la fable de Jean de La Fontaine en vous appuyant sur des éléments descriptifs de l'image (c'est-à-dire en relevant des éléments précis de l'image que vous devez décrire). Veillez donc à être rigoureux. Observez la position des membres du Lion, son expression, son attitude, sa position : en quoi traduisent-elles l'attaque du Moucheron (et donc la souffrance du Lion) ?
b)Comment s'y prend l'illustration pour laisser entrevoir la fin de la fable ?
La fin de la fable relate le piège de l'araignée : comment cette fin est-elle représentée ? Où se situent les éléments qui la représentent ? Comment ces éléments sont-ils représentés ?
Grammaire et compétences linguistiques
8. « L'autre lui déclara la guerre » 
a) Donnez la fonction précise de chaque complément souligné.
La phrase est construite autour du verbe « déclara » : cherchez la fonction des compléments soulignés. La question oriente votre réponse en vous indiquant qu'il s'agit de « compléments ».
b) Réécrivez la phrase en remplaçant le pronom « lui » par le groupe nominal auquel il renvoie.
Reprenez le passage dans le texte et demandez-vous à qui renvoie « lui », sachant que « L'autre » renvoie au Moucheron.
c) Quelles manipulations avez-vous utilisées pour identifier la fonction de « la guerre » ?
Expliquez ce qui vous a permis de trouver la fonction du complément « la guerre ». Attention au pluriel : plusieurs explications sont attendues.
9. « Il rugit ; on se cache » (vers 16). 
Transformez ces deux propositions en une phrase complexe comportant une proposition subordonnée.
Une proposition subordonnée est une proposition qui dépend d'une proposition principale. Commencez par analyser le lien logique qui relie les deux propositions indépendantes du vers 16 : d'abord il rugit, donc ensuite on se cache. Transformez ensuite ces deux propositions en une proposition principale et une proposition subordonnée.Attention à ne pas proposer deux propositions indépendantes, comme « Il rugit donc on se cache », ou encore « Il rugit puis on se cache ».
10.« L'invisible ennemi » (vers 23). 
a) De quels éléments le mot souligné est-il composé ?
On attend que vous décomposiez le mot : quel est son radical ? A-t-il un préfixe ? Un suffixe ?
b) Donnez sa définition en vous appuyant sur la signification des éléments qui le composent.
Partez du sens du radical, puis expliquez le sens qu'ajoutent son préfixe et/ou son suffixe.
11. 
Réécrivez le passage suivant en remplaçant « Le malheureux Lion » par « Les malheureux Lions » :
« Le malheureux Lion se déchire lui-même,
Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs,
Bat l'air […] ; et sa fureur extrême
Le fatigue, l'abat » (vers 26-29)
\bullet Le passage du sujet « Le malheureux Lion » à « Les malheureux Lions » implique un changement de nombre et donc une modification de l'accord sujet-verbe : gardez les mêmes temps, mais modifiez les terminaisons verbales.
\bullet Le changement de nombre implique également une modification des pronoms personnels reprenant « Le malheureux Lion ».
\bullet Vous devrez également modifier les déterminants possessifs qui se rapportent au « malheureux Lion ».
Attention à l'accord du déterminant possessif leur/leurs : il reste au singulier si les possesseurs se partagent un même objet, il est au pluriel lorsque chaque possesseur a plus d'un objet.
Dictée
Le moustique et le lion
Un moustique s'approcha d'un lion et lui dit : « Je n'ai pas peur de toi, et tu n'es pas plus puissant que moi. Si tu veux, je te provoque même au combat. » Et, sonnant de la trompe, le moustique fondit sur lui, mordant le museau dépourvu de poil autour des narines. Quant au lion, il se déchirait de ses propres griffes, jusqu'à ce qu'il renonce au combat. Le moustique, ayant vaincu le lion, sonna de la trompe, entonna un chant de victoire, et prit son envol. Mais il s'empêtra dans une toile d'araignée : tandis qu'elle le dévorait, il se lamentait d'être tué par un vulgaire animal, une araignée, lui qui avait combattu les plus puissants animaux.
D'après Ésope, Fables, viie-vie siècle avant J.-C.
Rédaction
Sujet d'imagination
Le Moucheron « sonne la victoire » et « va partout l'annoncer ». Imaginez le récit que fait le Moucheron de son combat victorieux aux autres animaux. Vous mettrez en évidence le caractère, les sentiments et les réflexions du Moucheron et vous pourrez montrer les réactions des autres animaux.
Votre récit peut être rédigé à la première ou à la troisième personne du singulier.
Procéder par étapes
Étape 1. Lisez attentivement le sujet :
\bullet repérez le mot-clé vous indiquant la forme de texte à produire : « Imaginez le récit que fait le Moucheron de son combat victorieux aux autres animaux ». La difficulté de ce sujet tient au fait qu'il mêle dialogue (entre le Moucheron et les autres animaux) et récit (le récit du Moucheron, mais aussi le récit-cadre dans lequel s'insère le dialogue) ;
\bullet relevez ensuite les mots relatifs au contexte : le sujet insiste particulièrement sur le personnage du Moucheron (son « caractère », ses « sentiments » et ses « réflexions », pour lesquels il vous faut emprunter au texte de La Fontaine), mais vous propose également de décrire les réactions des autres animaux.
Étape 2. Notez au brouillon les contraintes de formes que vous devrez respecter (le sujet s'inscrit dans la continuité du texte de la première partie, vous devrez donc en respecter la forme) :
\bullet choisissez entre une narration « à la première ou à la troisième personne du singulier » : qui raconte la rencontre entre le Moucheron et les animaux (le récit-cadre), le Moucheron lui-même ou un narrateur extérieur ? ;
\bullet le sujet n'apporte aucune indication quant aux temps à utiliser, mais dans la mesure où la fable de Jean de La Fontaine est rédigée au passé, il est conseillé de faire de même en ce qui concerne le récit-cadre ; en revanche, le Moucheron peut raconter son combat au présent de narration, comme c'est d'ailleurs le cas dans la fable ;
\bullet vous devez conserver « le caractère, les sentiments et les réflexions du Moucheron » dont la première partie vous a permis de comprendre qu'il était orgueilleux et prétentieux.
Étape 3. Trouvez des idées : comportement du Moucheron, animaux rencontrés, récit fidèle ou exagéré du Moucheron, réactions des autres animaux au récit du Moucheron, et réaction du Moucheron au comportement des autres animaux…
Étape 4. Organisez votre rédaction :
\bullet vous pouvez commencer en imaginant le Moucheron quittant fièrement le champ de bataille ;
\bullet passez ensuite à la rencontre avec les autres animaux, au récit du Moucheron et à la réaction de ses congénères ;
\bullet vous pouvez conclure en laissant entrevoir ce qui attend le Moucheron (le piège de l'araignée).
Étape 5. Rédigez votre texte sous forme de paragraphes (un paragraphe par partie) et en soignant la présentation du dialogue : respectez bien la ponctuation (guillemets, tirets) et utilisez des verbes de parole variés.
Étape 6. Relisez-vous et corrigez d'éventuelles erreurs de ponctuation, d'orthographe. Pensez à utiliser le dictionnaire.
Sujet de réflexion
La littérature et les œuvres artistiques peuvent-elles nous aider à réfléchir sur notre propre comportement ? Vous répondrez à cette question dans un développement organisé, en vous appuyant sur des exemples pris dans les œuvres littéraires et artistiques que vous connaissez.
Procéder par étapes
Étape 1. Lisez attentivement le sujet. Repérez et soulignez les mots-clés : « La littérature et les œuvres artistiques », « aider à réfléchir », « notre comportement ». Le thème général est la réflexion par l'art.
Étape 2. Repérez la forme du texte à produire : « Vous répondrez à cette question dans un développement organisé ». Il faut donc respecter :
\bullet le genre argumentatif : le développement organisé, la progression des arguments et des exemples (puisés dans « dans les œuvres littéraires et artistiques que vous connaissez ») ;
\bullet le temps de l'argumentation : le présent et les temps qui s'articulent avec lui ;
\bullet la composition en parties et paragraphes.
Étape 3. Le sujet est ouvert, aucune thèse ne vous est imposée. Vous pouvez donc traiter le sujet de différentes manières :
\bullet vous pouvez choisir de répondre que oui, la littérature et les œuvres artistiques peuvent nous aider à réfléchir sur notre propre comportement ; dans ce cas, vous développerez trois ou quatre arguments, illustrés d'exemples, défendant cette thèse (thèse A) ;
\bullet vous pouvez choisir de répondre que non, la littérature et les œuvres artistiques ne nous aident pas à réfléchir sur notre propre comportement ; dans ce cas, vous développerez trois ou quatre arguments, illustrés d'exemples, défendant cette thèse (thèse B) ;
\bullet vous pouvez nuancer votre démonstration, et défendre dans une première partie une des deux thèses en vous appuyant sur deux arguments illustrés d'exemples, puis, dans une seconde partie, défendre l'autre thèse en vous appuyant sur deux arguments illustrés d'exemples. Vous montrerez ainsi que la thèse A (ou B) est valable, mais que dans une certaine mesure la thèse B (ou A) est également acceptable.
Étape 4. Interrogez-vous pour trouver des arguments et des exemples. Quelles œuvres connaissez-vous qui vous font réfléchir ? Quelles œuvres avez-vous étudiées en classe et qui ont pour but de faire réfléchir ? Au contraire, avez-vous lu ou vu des œuvres qui n'ont pas pour but de faire réfléchir, voire vous empêchent de réfléchir ?
Étape 5. Établissez le plan de votre devoir.
L'introduction introduit le thème et expose le problème.
Pour chacune des parties, il faudra trouver au moins un argument et l'expliciter à l'aide d'un exemple. Il faudra veiller à utiliser :
\bullet le présent ;
\bullet le retour à la ligne pour matérialiser les paragraphes ;
\bullet des connecteurs logiques (tout d'abord, ensuite, enfin, toutefois, pourtant, or, etc.) ;
\bullet un saut de ligne après l'introduction et avant la conclusion.
La conclusion fait un bilan sur le sujet.
Étape 6. Une fois votre plan clairement établi au brouillon, rédigez votre texte, puis relisez-vous et corrigez d'éventuelles erreurs de ponctuation, d'orthographe. Pensez à utiliser le dictionnaire.
(1)chétif : faible.
(2)excrément de la terre : ce qui est rejeté par la terre. Il s'agit d'une insulte méprisante.
(3)à ma fantaisie : comme je veux.
(4)sonna la charge : annonça l'attaque.
(5)Trompette : celui qui joue de la trompette pendant une bataille.
(6)Dans l'abord il se met au large : pour commencer, il s'éloigne.
(7)fond : se précipite pour attaquer.
(8)l'échine : le dos de l'animal.
(9)à son faîte : au plus haut.
(10)qui n'en peut, mais : qui n'en peut plus.

Corrigé

Compréhension et compétences d'interprétation
1. 
a) Le Lion, sujet du verbe « parlait » s'adresse « au Moucheron » (vers 1). 
b) Le Moucheron déclare la guerre au Lion (« L'autre lui déclara la guerre » vers 4), car il se sent insulté et méprisé par le Lion (« chétif insecte », « excrément de la terre » vers 1) et l'a chassé en le tutoyant (« va-t'en » vers 1).
2. 
a) Le Moucheron domine le combat : en effet, c'est lui qui initie le combat (« il sonna la charge » vers 11) ; de plus, il est désigné comme « le Héros » (vers 11) qui « triomphe » (vers 23) ; enfin, le Lion est présenté comme vaincu (« Le malheureux Lion se déchire lui-même » vers 26, « le voilà sur les dents » vers 29).
b) Tout d'abord, le Moucheron prend de la distance et prépare son attaque (« Dans l'abord il se met au large ; /Puis prend son temps » vers 12 et 13). Ensuite il se précipite sur le cou du Lion qu'il pique (« Fond sur le cou/Du Lion » vers 13), puis sur toutes les parties du corps (« l'échine » vers 20, « le museau » vers 20, « le naseau » vers 21) : il l'attaque rapidement et sans cesse, bref le « harcelle » (vers 19) afin de le rendre fou. Finalement, cette tactique a pour résultat de rendre le Lion fou de rage et celui-ci « se déchire lui-même » (vers 26) en essayant d'arrêter le Moucheron.
c) Le fabuliste met en évidence le mouvement et l'agitation du combat en utilisant de nombreux verbes d'action traduisant le mouvement (« se met au large » vers 12, « fond » vers 13, « pique » vers 20, « entre » vers 21), mais aussi des verbes exprimant le bruit, l'aspect très sonore du combat (« sonna » vers 10, « rugit » vers 16, « rit » vers 23, « Fait résonner » vers 27). Par ailleurs, la répétition de l'adverbe « tantôt » (vers 20 et 21) marque la succession rapide des attaques du Moucheron. Enfin, le fabuliste alterne octosyllabes et alexandrins, au sein desquels il appose de courtes propositions (« Le Quadrupède écume, et son œil étincelle/Il rugit ; on se cache, on tremble à l'environ » vers 15 et 16, par exemple), ce qui donne une impression de rapidité, de vivacité.
3. Le Lion est désigné par les groupes nominaux suivants : « Le Quadrupède » (vers 15), « la bête irritée » (vers 24), « le malheureux Lion » (vers 26). Les noms « Quadrupède » et « bête » désignent le Lion de façon très neutre, pour marquer le fait que le Lion, enragé et épuisé, est réduit à son statut d'animal impuissant. Les adjectifs « irritée » et « malheureux » insistent avec empathie sur la souffrance du Lion.
4. Le Moucheron, qui disait triomphalement avoir vaincu le Lion (« avec gloire » vers 30, « il sonne la victoire » vers 31, « Va partout l'annoncer » vers 32), est finalement vaincu par une Araignée qui l'attendait cachée (« et rencontre en chemin/L'embuscade d'une Araignée » vers 32 et 33).
5. Au cours de la fable, le Lion et le Moucheron font preuve d'arrogance et de vanité en se croyant mutuellement plus fort que l'autre. En effet, le Lion insulte le Moucheron (« chétif insecte », « excrément de la terre » vers 1) tandis que ce dernier se vante, se prend pour un « Héros » (vers 11) et se montre trop sûr de lui (« Un Bœuf est plus puissant que toi : /Je le mène à ma fantaisie » vers 7 et 8).
6. Le premier enseignement nous apprend que, contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne faut pas sous-estimer les plus petits, puisqu'un Moucheron peut venir à bout d'un Lion. Le second nous apprend que ce n'est pas parce qu'on a surmonté une dure et grande épreuve que l'on surmontera toutes les autres : le hasard de la vie fait que l'on peut sortir vaincu d'une moindre épreuve.
7. 
a) La posture du Lion montre tout d'abord qu'il est attaqué et qu'il se défend : il est debout, a une patte levée et une autre dans le dos, la queue levée et le poil hérissé, ce qui traduit sa « rage » (vers 22). De plus, le Lion, dont la gueule est grande ouverte et l'échine courbée, a ici l'air totalement impuissant et « malheureux » (vers 26).
b) L'illustration laisse entrevoir la fin de la fable au moyen de la toile d'araignée vers laquelle se dirige le Lion, et donc le Moucheron. Cette toile, immobile et statique en comparaison du Lion en mouvement, représente « l'embuscade » (vers 33) tendue par l'Araignée qui attend.
Grammaire et compétences linguistiques
8. 
a) « la guerre » est COD du verbe « déclara » et « lui » est COI du verbe « déclara ».
b) « L'autre déclara la guerre au Lion. »
c) On peut tout d'abord pronominaliser « la guerre » en pronom personnel COD « la » : « Il la lui déclara. » On peut également observer qu'il est impossible de déplacer ou de supprimer ce groupe nominal.
9. « Quand/tandis qu'il rugit on se cache », « Comme il rugit, on se cache ».
10. 
a) « invisible » est formé du radical « -vis- » précédé du préfixe « in- » et suivi du suffixe « -ible ».
b) Le préfixe « in- » exprime le contraire de ce qui peut être vu. Le suffixe « -ible » exprime quant à lui la capacité d'être vu. L'adjectif « invisible » signifie donc « qui ne peut être vu ».
11. Les malheureux Lions se déchirent eux-mêmes,
Font résonner leur queue à l'entour de leurs flancs,
Battent l'air […] ; et leur fureur extrême
Les fatigue, les abat »
Dictée
Le texte est la fable d'Ésope ayant inspiré celle de Jean de La Fontaine : le vocabulaire y est donc sensiblement le même (« lion », « combat », « museau », « araignée »…).
On relève de nombreux verbes au passé simple : des verbes du premier groupe conjugué à la troisième personne du singulier donc en -a (« s'approcha », « sonna », « entonna », « s'empêtra »), ainsi que trois verbes du troisième groupe en -re conjugué à la troisième personne du singulier donc en -it (« dit », « fondit », « prit »).
On relève également des verbes conjugués à l'imparfait à la troisième personne du singulier (« se déchirait », « dévorait », « se lamentait », l'auxiliaire « avait »).
Dans la réplique du Moucheron, les verbes sont conjugués au présent de l'indicatif (« ai », « es », « veux », « provoque »).
Il était précisé que le narrateur est un homme, ce qui doit guider certains accords : « j'en étais averti », « relégué ».
Les adjectifs et participes s'accordent en genre et en nombre avec le nom qu'ils qualifient : « le museau dépourvu de poil », « ses propres griffes », « un vulgaire animal », « les plus puissants animaux ».
Attention aux participes passés en -u (« dépourvu », « vaincu », « combattu ») qui ne comporte jamais de consonne finale (contrairement aux participes passés en -i/-is/-it). En cas de doute, mettre au féminin dans sa tête.
Attention aux homophones, et notamment à « et/ai/es » et à « ses/ces ».
L'orthographe de quelques mots pouvait poser difficulté : « museau » (qui était toutefois dans le texte de Jean de La Fontaine), « entonna » (double consonne), « s'empêtra » (accent circonflexe), « se lamentait » et « vulgaire » (la lettre g se prononce [g] devant a, donc pas besoin d'ajouter un u).
« poil » est ici au singulier, car il est compris comme « le poil » du Lion, au sens de la fourrure. L'orthographe plurielle « poils » était néanmoins acceptée.
Rédaction
Sujet d'imagination
Le Moucheron quitta le champ de bataille victorieux et fier, abandonnant à son triste sort le Lion bien mal en point.
« Ce fauve l'a bien cherché, dissertait le Moucheron à voix haute, tandis qu'il voletait alentour. Pour qui se prend-il, à m'insulter de la sorte ? Moi qui ai combattu tant de terribles animaux ? Moi qui, en dépit de ma taille, suis le plus fort et le plus rusé de tous les animaux ! »
Sur son passage, des animaux commençaient à se rassembler pour écouter le monologue de cet arrogant Moucheron.
« Et peut-on savoir qui tu prétends avoir ainsi battu ? interrogea le Renard.
— Qui j'ai battu ? reprit le Moucheron. Vous devriez plutôt dire… qui j'ai terrassé ! J'ai terrassé… notre roi le Lion !
À ces mots, un cri de stupeur parcourut l'assemblée.
— Le Lion ? s'écria le Lapin terrifié. Mais comment osez-vous ? Qu'allons-nous faire sans notre Roi ? Que nous arrivera-t-il ?
— Bon débarras, s'opposèrent les Moutons, il prenait plaisir à croquer nos semblables !
— Vous devriez surtout vous méfier des représailles au lieu de vous vanter, s'exclama le Loup. Sa famille ne cherchera le repos qu'une fois qu'elle aura vengé le Lion.
— Encore faudrait-il que tout cela soit vrai…, murmura malicieusement le Renard.
— Comment ! s'insurgea le Moucheron. On ne me croit pas ? On doute de ma parole ? Laissez-moi donc vous raconter comment cette bataille se déroula !
Je me promenais tranquillement quand soudain je croisai le chemin du Lion qui, considérant qu'il était prioritaire, me dégagea d'un geste de la patte en me traitant de « chétif insecte » et d'« excrément de la terre » ! L'honneur, m'empêchant de laisser cet affront impuni, me dicta de lui déclarer la guerre. Je ne me démonte pas et lui répond qu'un Bœuf est plus puissant que lui. Ma provocation toucha sa cible, car je vis le Lion bouillir de colère. Aussitôt je me recule, prends mon élan, et fonce sur son cou que je pique. L'animal écume, rugit : il est fou de rage. Je me recule à nouveau, puis le pique sur toutes les parties de son corps : l'échine, le museau, les naseaux… Tout y passe ! Mon ennemi tente de m'attraper, en vain, car je suis beaucoup plus rapide que lui. Et ce faisant, il s'écorche, se griffe, se mord, se blesse, s'épuise… Tant et si bien que je viens à bout de ce semblant de félin qui, à bout de force, s'avoue vaincu. Alors, aurais-je pu inventer pareil récit ? Ne voyez-vous pas que je suis votre Héros ? »
Les animaux, admiratifs, acclament le Moucheron et saluent sa prouesse. Beaucoup veulent même qu'il soit nommé Roi à la place du Lion, ce que le Moucheron ne manquerait pas d'accepter, considérant même que c'est un droit qu'il a acquis.
Un peu à l'écart, le Renard, incrédule, s'interroge : « Se peut-il que ce récit soit véritable ? Se peut-il qu'un Moucheron vienne à bout d'un Lion ? » Il entendit alors une petite voix derrière lui : « Que ce soit vrai ou non, ce Moucheron me semble bien orgueilleux… » Il tourna la tête et vit, tranquillement posée sur sa toile, une petite Araignée qui ajoute : « Il sera bien un jour puni de sa vantardise… »
Sujet de réflexion
L'art est régulièrement présenté comme une activité « gratuite », qui n'aurait d'autres finalités que la beauté. Pourtant, il est de très nombreux exemples qui montrent que, derrière la gratuité apparente de l'art, peuvent se cacher des invitations à la réflexion. En quoi les œuvres d'art nous amènent-elles à nous faire réfléchir sur nous-mêmes, sur notre rapport aux autres et au monde ?
Tout d'abord, l'art peut nous conduire à réfléchir sur nous-mêmes dans un but revendiqué, affiché, comme c'est le cas des œuvres explicitement moralisatrices : elles nous proposent des contre-modèles, des exemples à ne pas suivre en quelque sorte. Au xviie siècle, Jean de La Fontaine, dans ses Fables, met en scène des animaux afin de dénoncer les travers et les défauts humains. Dans « Le Lion et le Moucheron », le fabuliste se sert de ces deux animaux pour dénoncer l'orgueil, la fierté des individus. De même, dans son théâtre, Molière présente des personnages caricaturaux et ridicules tels que Monsieur Jourdain dans Le Bourgeois gentilhomme qui est prêt à se renier et à renier ses proches pour devenir quelqu'un d'autre.
Ensuite, l'art peut nous conduire à réfléchir sur nous-mêmes en nous présentant, non des contre-modèles, mais des héros auxquels on s'identifie et auxquels on souhaite ressembler. Antigone, dans la tragédie éponyme de Jean Anouilh, nous montre que l'on peut se battre et rester fidèle à ses idéaux, au risque de mourir, et nous invite donc à faire preuve de courage. C'est le même but que l'on retrouve dans Le Cid de Pierre Corneille : le personnage de Rodrigue nous montre que l'on peut, dans les moments de crise, faire prévaloir l'honneur.
Mais l'art peut encore nous amener à réfléchir sur notre comportement à l'égard des autres. C'est le cas, indirectement parfois, de certaines autobiographies, ou plus directement de certains romans. Par exemple, dans Le Rêve de Sam de Florence Cardier, le personnage principal lutte contre l'injustice des lois antinoirs et nous invite à nous interroger sur la tolérance, voire à nous battre pour les minorités opprimées. De même, dans le film La Vague, le réalisateur nous permet de comprendre que nous pouvons être entraînés dans des comportements à l'égard des autres que nous croyions pourtant rejeter ;(tel que le totalitarisme) et qu'il faut ainsi développer un esprit critique.
Enfin, c'est plus généralement sur le monde en lui-même que l'art nous apprend à réfléchir. De plus en plus d'œuvres dénoncent les conséquences de l'action humaine sur l'environnement. Dans son roman Céleste, ma planète, Timothée de Fombelle représente la planète sous les traits d'une petite fille malade, afin de rendre plus visible, plus sensible, le mal que nous pouvons faire à la Terre. Des artistes contemporains ont même fait des détritus une composante de leurs œuvres, tels que César et Armand, pour dénoncer la société de consommation.
En conclusion, l'art, tout en étant caractérisé par sa « gratuité », peut nous aider à réfléchir sur notre comportement, non seulement à l'égard de nous-mêmes, des autres, mais aussi du monde. Cette réflexion peut être le fruit d'un but revendiqué ou au contraire se produire indirectement.