Texte de Jean Giono, analyse de l'image (sujet 2017)

Énoncé

Texte
Giono a décidé de vivre à la campagne, au plus près de la nature. Néanmoins, il va parfois à Paris. Il évoque ici son expérience de la ville.
« Quand le soir vient, je monte du côté de Belleville(1). À l'angle de la rue de Belleville et de la rue déserte, blême et tordue, dans laquelle se trouve La Bellevilloise(2), je connais un petit restaurant où je prends mon repas du soir. Je vais à pied. Je me sens tout dépaysé par la dureté du trottoir et le balancement des hanches qu'il faut avoir pour éviter ceux qui vous frôlent. Je marche vite et je dépasse les gens qui vont dans ma direction ; mais quand je les ai dépassés, je ne sais plus que faire, ni pourquoi je les ai dépassés, car c'est exactement la même foule, la même gêne, les mêmes gens toujours à dépasser sans jamais trouver devant moi d'espaces libres. Alors, je romps mon pas et je reste nonchalant(3) dans la foule. Mais ce qui vient d'elle à moi n'est pas sympathique. Je suis en présence d'une anonyme création des forces déséquilibrées de l'homme. Cette foule n'est emportée par rien d'unanime. Elle est un conglomérat de mille soucis, de peines, de joies, de fatigues, de désirs extrêmement personnels. Ce n'est pas un corps organisé, c'est un entassement, il ne peut y avoir aucune amitié entre elle, collective, et moi. Il ne peut y avoir d'amitié qu'entre des parties d'elle-même et moi, des morceaux de cette foule, des hommes ou des femmes. Mais alors, j'ai avantage à les rencontrer seuls et cette foule est là seulement pour me gêner. Le premier geste qu'on aurait si on rencontrait un ami serait de le tirer de là jusqu'à la rive, jusqu'à la terrasse du café, l'encoignure de la porte, pour avoir enfin la joie de véritablement le rencontrer.
[…]
De tous ces gens-là qui m'entourent, m'emportent, me heurtent et me poussent, de cette foule parisienne qui coule, me contenant sur les trottoirs devant La Samaritaine(4), combien seraient capables de recommencer les gestes essentiels de la vie s'ils se trouvaient demain à l'aube dans un monde nu ?
Qui saurait orienter son foyer en plein air et faire du feu ?
Qui saurait reconnaître et trier parmi les plantes vénéneuses les nourricières comme l'épinard sauvage, la carotte sauvage, le navet des montagnes, le chou des pâturages ?
Qui saurait écorcher un chevreau ? Qui saurait tanner la peau ?
Qui saurait vivre ?
Ah ! c'est maintenant que le mot désigne enfin la chose ! Je vois ce qu'ils savent faire : ils savent prendre l'autobus et le métro. Ils savent arrêter un taxi, traverser une rue, commander un garçon de café ; ils le font là tout autour de moi avec une aisance qui me déconcerte et m'effraie. »
Jean Giono, Les Vraies Richesses, 1936.

Image
À partir du sujet national, juin 2017 - illustration 1
Jean-Pierre Stora, Allées piétonnières, 1995, lavis encre de Chine, 64 × 50.
Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Les réponses aux questions doivent être entièrement rédigées.
Le thème du texte renvoie au programme de géographie « Les aires urbaines françaises », comme l'indique le sujet d'histoire-géographie, éducation morale et civique, sur lequel vous avez travaillé lors de cette session 2017. L'essor des zones urbaines et périurbaines constitue donc un objet d'interrogations, une problématique incontournable.
Grammaire et compétences linguistiques
1. En vous appuyant sur le premier paragraphe, expliquez la formule du narrateur « Je me sens tout dépaysé ».
Relisez l'introduction du texte : identifiez les deux lieux évoqués, les rapports que le narrateur établit entre eux. Définissez clairement le sens de « dépaysé » en analysant la formation du mot.
2. 
a) Quel est ici le sens du mot « entassement » ? Trouvez un synonyme de ce nom dans les lignes qui précèdent.
Analysez la formation de « entassement » et définissez son sens en vous appuyant sur la racine du mot. Observez aussi l'image de Jean-Pierre Stora, l'impression qu'elle produit. Relisez « Je marche vite et je dépasse les gens » à « des morceaux de cette foule, des hommes ou des femmes ». Quel nom exprime la même idée qu'« entassement » ?
b) « Elle est… personnels. » : quel est le procédé d'écriture utilisé dans cette phrase ?
Un procédé d'écriture est souvent une figure de style. Comment le narrateur exprime-t-il l'idée d'entassement ? Observez la construction de la phrase, sa ponctuation interne.
3. 
« je connais un petit restaurant où je prends mon repas du soir. Je vais à pied. Je me sens tout dépaysé par la dureté du trottoir et le balancement des hanches qu'il faut avoir pour éviter ceux qui vous frôlent. »
Réécrivez le passage ci-dessus en remplaçant « je » par « nous » et en mettant les verbes conjugués à l'imparfait.
Effectuez les transformations :
  • de personnes : remplacez « je » par « nous », ainsi que le pronom personnel complément « me » ; modifiez également le déterminant possessif « mon » ;
  • de temps : conjuguez les verbes à l'imparfait ; plusieurs verbes changent de base en passant à l'imparfait et à la 1re personne du pluriel (Exemple : je viens / nous venions) ; deux verbes, qui n'ont pas pour sujet « je », doivent aussi se mettre à l'imparfait ;
  • d'accord pour un adjectif, attribut du sujet « je ».
Attention ! Le pronom personnel « vous » est complément d'objet direct de « frôlent », et surtout pas son sujet.
Compréhension et compétences d'interprétation
1. En vous appuyant sur la question 2 de la partie grammaire, expliquez comment le narrateur perçoit la foule.
Relisez de « Je me sens tout dépaysé » à « la joie de véritablement le rencontrer. » Interrogez-vous : le lexique dominant est-il positif ou négatif, valorisant ou dévalorisant quand le narrateur exprime ses sensations, ses impressions lors de cette expérience de la ville ? Relevez ce champ lexical et précisez la perception qu'il a de cette foule.
2. 
De « Qui saurait écorcher un chevreau » ? à « Qui saurait vivre » ?:
a) Quelles remarques pouvez-vous faire sur la disposition et les procédés d'écriture dans ce passage ? Trois remarques au moins sont attendues.
Observez la mise page de ce passage. Identifiez le type de phrase dominant (déclaratif, injonctif, interrogatif, exclamatif). Comment ces phrases sont-elles construites ? Précisez les figures de style (procédés d'écriture) correspondant aux choix opérés par le narrateur. Vous devez en proposer trois au minimum.
b) Quel est, selon vous, l'effet recherché par le narrateur dans ce passage ? Développez votre réponse.
Comparez ces deux lignes aux lignes allant de « combien seraient capables de recommencer » à « le chou des pâturages » et au dernier paragraphe. La question est ouverte et fait appel à votre capacité à interpréter l'effet produit par les différents procédés d'écriture que vous avez identifiés et analysés. Interrogez-vous : s'agit-il simplement d'opposer deux espaces ? À quelle réflexion plus profonde le narrateur se livre-t-il selon vous ?
3. Dans le dernier paragraphe, pourquoi le narrateur est-il déconcerté et effrayé ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte.
Définition de « déconcerté » : troublé, perplexe, désorienté, surpris. Cette question vise à faire un premier bilan. Interrogez-vous : qu'y a-t-il d'effrayant et de déconcertant selon lui dans la vie urbaine moderne ? Faites éventuellement appel à votre propre expérience, selon que vous habitez à la campagne ou dans une ville, petite, moyenne ou grande.
4. Ce texte est extrait d'un livre intitulé Les Vraies Richesses. Quelles sont, selon vous, les « vraies richesses » auxquelles pense l'auteur ? Rédigez une réponse construite et argumentée.
Rappel : « richesse », au singulier et au pluriel, a de multiples sens. Interrogez-vous : ces richesses sont-elles matérielles (argent, biens de consommation, objets précieux…), économiques (ressources naturelles, productions…) ou morales, spirituelles, culturelles ? Pourquoi associer « vraies » à « richesses » ? Existe-t-il de fausses richesses ? Précisez votre pensée en apportant plusieurs arguments, en vous appuyant sur vos réponses aux questions précédentes.
5. Que ressentez-vous en regardant l'œuvre de Jean-Pierre Stora (image) ? Expliquez votre réponse.
Que représente cette image ? Pourquoi, selon vous, accompagne-t-elle le texte de Jean Giono ? Observez la composition de cette image : lignes, décor, personnages, couleurs, mouvement, variété, lumière, etc. Exprimez et expliquez ce que vous ressentez face à cette image.
6. Cette œuvre (image) peut-elle illustrer la manière dont le narrateur perçoit la foule dans le texte de Jean Giono ? Développez votre réponse.
Dans la question précédente, vous avez vu pourquoi cette image était associée au texte littéraire. Interrogez-vous : le peintre et l'écrivain ont-ils les mêmes sentiments ou sensations face à la foule, à la ville ? Quelles caractéristiques de la vie urbaine moderne, de la foule expriment-ils ? Leur vision est-elle positive ou négative ?
Dictée
De temps en temps, je m'arrête, je tourne la tête et je regarde vers le bas de la rue où Paris s'entasse : des foyers éclatants et des taches de ténèbres piquetées de points d'or. Des flammes blanches ou rouges flambent d'en bas comme d'une vallée nocturne où s'est arrêtée la caravane des nomades. Et le bruit : bruit de fleuve ou de foule. Mais les flammes sont fausses et froides comme celles de l'enfer. En bas, dans un de ces parages sombres est ma rue du Dragon, mon hôtel du Dragon. Quel ordre sournois, le soir déjà lointain de ma première arrivée, m'a fait mystérieusement choisir cette rue, cet hôtel au nom dévorant et enflammé ?
Il me serait facile, d'ici, d'imaginer le monstre aux écailles de feu.
Jean Giono, Les Vraies Richesses, 1936.
Rédaction
Vous traiterez au choix l'un des deux sujets.
Votre rédaction sera d'une longueur minimale d'une soixantaine de lignes (300 mots environ).
Sujet de réflexion
Pensez-vous comme Jean Giono que la ville soit un lieu hostile ?
Vous proposerez une réflexion organisée et argumentée en vous appuyant sur vos lectures et vos connaissances personnelles.
Procéder par étapes
Étape 1. Lisez attentivement le sujet et soulignez les mots-clés qui évoquent le thème du texte à écrire : « la ville », « milieu hostile ». Le thème général est « la ville », comme dans le sujet de géographie (exercice 1).
Étape 2. Repérez la forme du texte à écrire : « une réflexion », « organisée et argumentée ».
Il faut donc :
  • écrire un développement qui rende compte de votre réflexion sur la question posée : la ville est-elle un milieu hostile ? (thèse de Jean Giono) ;
  • développer des arguments en faveur de la thèse de Giono : la ville est un milieu hostile (partie 1) ;
  • développer des arguments en faveur de la thèse opposée : la ville n'est pas un milieu hostile, elle est aussi hospitalière (partie 2) ;
  • respecter la composition d'un développement organisé : introduction dans laquelle on annonce le thème et le problème, développement en paragraphes (correspondant chacun à une idée), conclusion (précisant votre réponse à la question posée) ;
  • rédiger un texte « d'une longueur minimale d'une soixantaine de lignes (300 mots environ) ».
Étape 3. Trouvez des arguments et des exemples : quels sont les dangers, les inconvénients de la ville (grandeur, gigantisme, absence de nature, bruit, pollution, anonymat, difficultés de logement et de transport, etc.) ? Quels sont les avantages de la campagne, milieu plus hospitalier (calme, nature, connaissance des gens, etc.) ? Quels sont les avantages de la ville par rapport à la campagne (facilité de transport, offre culturelle, établissements scolaires, structures de loisir, commerces, etc.) ? Cherchez des exemples de livres, de films ou de séries qui montrent l'hostilité de la ville ou au contraire son hospitalité. Pensez aussi à vos cours de géographie sur les aires urbaines françaises.
Étape 4. Établissez le plan général du devoir.
L'introduction expose le problème et introduit le thème. Le plus souvent, on rédige l'introduction au présent. Vous pouvez utiliser le document de l'exercice 1 du sujet de géographie : Évolutions de la France urbaine, D'après Magali Reghezza-Zitt, « La France, une géographie en mouvement », La Documentation photographique, n° 8096, 2013.
Le développement de l'argumentation : deux parties (la ville est un milieu hostile ; la ville peut être hospitalière). Pour chacune des parties, il faudra trouver au moins deux arguments différents et expliciter chacun à l'aide d'un exemple. Tout comme dans l'introduction, le temps utilisé sera le présent. Il faudra veiller à utiliser :
  • des modalisateurs de la certitude (il est évident, il est certain, assurément, incontestablement…) ;
  • des connecteurs logiques (en premier lieu, de plus, ensuite, enfin, en effet, dès lors, de fait, par conséquent, donc…) ;
  • des phrases de type exclamatif et des questions rhétoriques pour souligner votre désir de convaincre, des hyperboles pour souligner votre ferveur à prendre parti.
La conclusion dresse un bilan sur le sujet et insiste par exemple sur la difficulté à apporter une réponse claire et nette…
Étape 5. Relisez votre texte et vérifiez la correction de la langue (ponctuation, orthographe, syntaxe, vocabulaire).
Sujet d'imagination
Vous vous sentez vous aussi « dépaysé(e) » en arrivant dans une ville. Racontez cette expérience. Vous décrivez les lieux que vous découvrez, vous évoquez vos impressions et vos émotions.
Étape 1. Lisez attentivement le sujet et soulignez les mots-clés qui évoquent le thème du texte à écrire : « vous vous sentez dépays é(e) en arrivant dans une ville ». Attention ! Comme Giono, vous devez vous sentir dépaysé(e) en arrivant dans une ville.
Étape 2. Repérez la forme du texte à écrire : « racontez cette expérience », « vous décrivez les lieux » et « vous évoquez vos impressions et vos émotions ».
Il faut donc :
  • écrire un récit entrecoupé de descriptions, dans lesquelles vous exprimez vos impressions et vos émotions face à ce milieu nouveau, inconnu ;
  • raconter et décrire à la 1re personne ; employer le lexique de l'architecture urbaine ;
  • employer un système de temps cohérent : imparfait et passé simple ou présent (comme Giono) ;
  • employer le lexique des sensations (visuelles, auditives, olfactives, tactiles) et des sentiments exprimant le dépaysement (étrangeté, trouble, malaise, répulsion, etc.) ;
  • employer des procédés d'écriture exprimant votre subjectivité, votre point de vue : lexique négatif, phrases exclamatives ou interrogatives, énumération et accumulation, images (comparaison, métaphore), hyperbole (exagération des réactions), ponctuation expressive (virgules, points de suspension), etc. ;
  • écrire un texte « d'une longueur minimale d'une soixantaine de lignes (300 mots environ) ».
Étape 3. Trouvez des idées : dans quelles circonstances vous êtes-vous retrouvé(e) dans cette ville ? Quels lieux décrire (rues, trottoirs, magasins, immeubles, métro, etc.) ? Quelles personnes rencontrées (passants, vendeurs ambulants, touristes, automobilistes, cyclistes, etc.) ? Quel rythme de vie (agitation, bruit, bousculade, etc.) ? Mobilisez un lexique spécialisé : architecture de la ville (forme, taille, couleurs), sensations (vue, ouïe, odorat, toucher).
Étape 4. Établissez le plan général du devoir :
  • l'arrivée dans la ville : circonstances de cette arrivée ;
  • la découverte du milieu urbain : déambulation libre, marche vers un lieu précis, description des lieux et des personnes ; dépaysement : sensations et émotions ;
  • bilan de cette découverte « dépaysante ».
Étape 5. Relisez votre texte et vérifiez la correction de la langue (ponctuation du dialogue, orthographe, syntaxe, notamment).
(1)Belleville : quartier parisien dans l'est de la ville.
(2)La Bellevilloise : coopérative ouvrière qui permettait aux ouvriers d'acheter des produits de consommation moins cher. C'est aussi en 1936 un lieu culturel très connu.
(3)Nonchalant : lent et indifférent.
(4)La Samaritaine : grand magasin parisien, fondé en 1870.

Corrigé

Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Grammaire et compétences linguistiques
1.  Le narrateur est dépaysé car il vit désormais à la campagne, « au plus près de la nature », et a perdu l'habitude de la vie parisienne, des inconvénients de la grande ville où il se sent égaré, perdu, gêné par la foule, l'entassement des gens inconnus et les constructions. Il n'est plus dans son milieu familier, dans son « pays », ses paysages naturels.
2. 
a) Le mot « entassement » exprime l'accumulation, le rassemblement d'un très grand nombre de personnes (la foule) dans un espace trop étroit ; c'est comme s'il y avait un « tas » de personnes, une masse énorme de gens. Le nom « conglomérat » traduit la même idée.
b) Le procédé d'écriture employé ici est l'accumulation, énumération de noms ou expressions évoquant les impressions, les émotions ou les sentiments des Parisiens croisés par le narrateur. Comme les gens « s'entassent », les sensations et sentiments divers s'accumulent, sans aucune unité ni harmonie.
3. Nous connaissions un petit restaurant où nous prenions notre repas du soir. Nous allions à pied. Nous nous sentions tout dépaysés par la dureté du trottoir et le balancement des hanches qu'il fallait avoir pour éviter ceux qui vous frôlaient.
Compréhension et compétences d'interprétation
1. Le narrateur perçoit la foule comme une masse informe, chaotique, anarchique, formée d'individus différents, qui ressentent des émotions différentes, sans aucune possibilité d'union ou de communion. Le narrateur est oppressé, gêné par cette foule « anonyme  », « pas sympathique », qui n'a « rien d'unanime », sans aucune « amitié ». Cette multitude provoque une gêne due à l'impression de répétition, « la même foule, la même gêne, les mêmes gens » ; l'agitation de Paris n'offre aucun moment de répit, de repos ou de liberté au narrateur, qui étouffe dans ce milieu hostile et fermé.
2. 
a) Chaque phrase constitue un paragraphe comme le montrent le retour à la ligne et l'alinéa ; cette disposition rappelle celle des vers libres d'un poème. Ce parallélisme ou symétrie de construction est renforcé par l'emploi des phrases interrogatives, l'anaphore au début des interrogatives – « Qui saurait » –, et l'emploi d'un infinitif après le verbe savoir. Ces questions semblent oratoires ou rhétoriques (fausses questions) : le narrateur sait bien qu'aucun des passants croisés dans ces rues ne saurait réaliser ces tâches. On remarque enfin la gradation car la dernière question approfondit la réflexion par sa dimension existentielle : « Qui saurait vivre ? » Le dernier procédé remarquable est l'énumération qui débute à « Qui saurait reconnaître » jusqu'à « la peau »  : le narrateur cite diverses plantes sauvages comestibles : épinard, carotte, navet, chou.
b) Le narrateur cherche à faire prendre conscience de l'évolution négative, et même néfaste, de l'homme ; celui-ci s'est éloigné de son milieu naturel, des modes de vie naturels, des techniques ancestrales les plus élémentaires, qui ont permis aux premiers hommes de survivre, de vivre et d'évoluer dans le respect de la nature ; qui saurait, parmi ces citadins, faire du feu, reconnaître les plantes nourricières… ? Aucun d'eux. Le narrateur se livre ainsi à une critique sévère de la vie moderne, de la vie urbaine, d'une certaine forme de progrès, laquelle lui semble plutôt une régression car l'homme perd bon nombre de ses qualités innées ou acquises.
3. Pour le narrateur, le constat est accablant ! Les citadins savent parfaitement « prendre l'autobus et le métro […] arrêter un taxi, traverser une rue, commander un garçon de café », mais ils seraient incapables d'assurer leur survie en cas de catastrophe climatique, nucléaire, industrielle… Ils ont perdu tous les savoir-faire fondamentaux qui permettent de vivre dans un milieu naturel. Cette perte effraie le narrateur, le trouble profondément. Les hommes sont devenus dépendants, esclaves de la technologie, n'exploitent plus leurs compétences « naturelles » et celles, indispensables, qu'ils ont développées pour évoluer : le feu, le tissage, la pêche, la cueillette, la chasse… Cette richesse, cette vraie richesse, est perdue au profit d'une richesse illusoire, fausse, et, selon le narrateur, peu utile. Ce mode de vie urbain, le narrateur l'a abandonné pour retourner vivre à la campagne, pour mener une vie simple « au plus près de la nature ». Tout retour à Paris constitue donc pour lui une expérience déconcertante, étrange et traumatisante.
4. Ces réflexions sont d'actualité car de plus en plus de citadins décident de quitter la ville pour la campagne, pour connaître un autre cadre de vie, un style de vie différent, plus épanouissant, pour exercer un nouveau métier. Pour Giono, là sont les « vraies richesses » : la vie naturelle, les savoirs essentiels, la liberté, l'harmonie, l'union, l'amitié, la convivialité… La ville est un monde déshumanisé, aliénant, où règnent l'individualité, la solitude, l'anonymat et l'isolement, la misère affective et intérieure. C'est un monde d'une très grande pauvreté, qui donne l'illusion de la richesse, une richesse surtout matérielle et non pas spirituelle. Cette réflexion de Giono sur la vie, le sens de la vie, sur l'homme, la nature, rappelle celle des écrivains ou des cinéastes qui nous ont imaginé des sociétés prétendument parfaites, où une élite instaure le totalitarisme sous le faux prétexte de faire le bonheur des hommes, souvent malgré eux ; ce sont les dystopies, ou contre-utopies : le rêve, l'idéal y tournent au cauchemar le plus effrayant.
5. Le lavis à l'encre de Chine de Jean-Pierre Stora provoque un sentiment de malaise, d'étouffement, d'enfermement. Des lignes diagonales parallèles dominent la composition de l'œuvre, créant une impression de répétition et d'identité ; elles délimitent des espaces rectilignes, ordonnés, mais étroits et peu naturels, dans lesquels évoluent de nombreux êtres humains indistincts, qui se ressemblent beaucoup ; en effet, il est difficile de différencier ces silhouettes, de trouver de la variété dans leur représentation. Des cloisons les guident, orientant leur marche, les empêchant de passer librement d'un espace à un autre. La sensation d'enfermement, d'absence de liberté, d'uniformité me semble évidente. Je ressens également cette impression d'anonymat, d'incommunicabilité entre les êtres, d'ennui, dans cette œuvre réalisée à l'encre de Chine, multipliant les niveaux de gris et de noir. C'est un monde morne, où doivent régner l'ennui et la tristesse, comme dans une prison.
6. Cette œuvre, Allées piétonnières, illustre bien la perception de la foule citadine par Giono ; les principaux aspects sont présents dans l'image : le flot continu des citadins, la marée humaine qui déambule dans des rues trop étroites, ne laissant guère d'espaces de liberté ; l'anonymat de la masse indistincte, composée de silhouettes uniformes ; la solitude, l'absence de communication entre ces ombres errantes ; on ressent la même impression de tristesse, d'enfermement, de déshumanisation. Le spectateur du dessin éprouve des sensations, des sentiments identiques à ceux du narrateur dans le texte, le même malaise devant l'uniformité, la répétition à l'infini, la submersion dans la multitude oppressante, le même sentiment d'être étranger à un tel monde.
Dictée
Le texte est principalement écrit au présent de l'indicatif. Les verbes s'accordent avec leur sujet ; les terminaisons varient selon le groupe du verbe, le nombre (singulier ou pluriel) et la personne (1re, 2e ou 3e) :
  • « je m'arrête », « je tourne », « je regarde » ;
  • « Paris s'entasse », « Des flammes […] flambent », « les flammes sont », « est ma rue » (sujet inversé, placé après le verbe).
Deux verbes sont au passé composé :
  • avec l'auxiliaire être : « s'est arrêtée la caravane » (le sujet inversé, placé après le verbe, commande l'accord au féminin singulier du participe passé « arrêtée ») ;
  • avec l'auxiliaire avoir : « Quel ordre sournois, […], m'a fait ».
Un verbe est au conditionnel présent : « Il me serait » (base verbale du futur ser- et terminaison d'imparfait -ait).
Les adjectifs et participes passés épithètes s'accordent en genre et en nombre avec le nom qu'ils qualifient : « des foyers éclatants », « des taches de ténèbres piquetées », « des flammes blanches ou rouges », « une vallée nocturne », « ces parages sombres », « quel ordre sournois », « le soir […] lointain », « ma première arrivée », « au nom dévorant et enflammé ».
Les adjectifs et participes passés attributs, dépendant du verbe être, s'accordent avec le sujet : « s'est arrêtée la caravane », « les flammes sont fausses et froides », « il me serait facile ».
Deux verbes sont à l'infinitif car ils dépendent d'un autre verbe ou d'une préposition : « m'a fait […] choisir », « d'imaginer » (pour vérifier que le verbe du 1er groupe « imaginer » est bien à l'infinitif, remplacez-le par un verbe du 2e groupe : « facile de choisir »).
Plusieurs mots se terminent par une consonne que l'on n'entend pas. En se référant à son féminin ou en cherchant comment le mot a été formé, vous pouvez parfois identifier cette consonne : « bas » (basse), « vers » (verso, versus), « foyers » (foyères), « éclatants » (éclatantes), « points » (pointe, pointer), « bruit » (bruitage, ébruiter), « sournois » (sournoise), « lointain » (lointaine), « dévorant » (dévorante).
Plusieurs mots présentent une difficulté orthographique (consonnes doublées, consonnes successives que l'on n'entend pas, voyelle finale, accent, accord difficile, etc.) : « temps », « arrête », « tête », « rue », « s'entasse », « piquetées », « flammes », « flambent », « vallée », « fausses », « parages », « hôtel », « déjà », « mystérieusement », « arrivée », « enflammé », « écailles », « bruit de fleuve ou de foule » (le bruit d'un fleuve ou de la foule), « comme celles de l'enfer » (les flammes de l'enfer).
Quelques homonymes peuvent être sources d'erreur : « vers » /vert, ver ; « taches » (salissures) / tâches (travail à accomplir) ; «  » (« la rue  », « vallée nocturne où ») / « ou » (« blanches ou rouges », « de fleuve ou de foule ») ; « cette rue » (déterminant démonstratif féminin singulier) / « cet hôtel » (démonstratif masculin singulier devant un nom ou un adjectif commençant par une voyelle ou un « h » non aspiré qui permet la liaison : cet homme/ce haricot) ; « est » (« est ma rue », « s'est arrêtée ») / « et » (« et je regarde », « et des taches », « Et le bruit », etc.).
Rédaction
Sujet de réflexion
Selon certains spécialistes, l'essor de l'urbanisation a profondément transformé nos paysages et notre société. Les villes occupent aujourd'hui près d'un quart de notre territoire : cette croissance urbaine continue « se traduit par l'agrandissement d'agglomérations existantes ou par l'apparition de nouvelles villes isolées ». Cette généralisation du fait urbain entraîne indéniablement des conséquences importantes pour les paysages et les Français ; par exemple, la surface des terres cultivables ne cesse de se réduire au profit de cette urbanisation galopante. Cette modification essentielle de nos conditions de vie nous pousse à nous interroger : cette évolution est-elle bénéfique ? Jean Giono, dès 1936, dans Les Vraies Richesses, déplorait déjà que le milieu urbain soit en quelque sorte hostile. Qu'en est-il vraiment après plusieurs décennies d'évolution ?Il paraît évident que la place laissée à la nature dans les villes est parfois dérisoire ; en effet, les citadins ne connaissent dans certains quartiers que le béton et le bitume : des barres d'immeubles se dressent au milieu d'espaces bétonnés ou goudronnés, de parkings. Le lien de l'homme avec la nature est presque inexistant dans ces cités-dortoirs. L'anonymat y règne, les gens ne se connaissent pas, ne partagent rien car la concentration de la population est très forte dans des espaces souvent exigus. Beaucoup supportent mal cette promiscuité et se referment sur eux-mêmes. Cet anonymat caractérise aussi les rues des grandes agglomérations : le flot continu des citadins pressés d'aller au travail, de faire leurs courses ou d'effectuer des démarches administratives dans le centre-ville n'est qu'un entassement ou un conglomérat d'individualités et de solitudes, qui n'ont rien de commun, si ce n'est cet espace déshumanisant, comme le dénonçait Jean Giono dans son livre. Les hordes de touristes envahissent les villes, aggravant le sentiment d'étouffement.
Malgré l'étalement urbain, la création de villes nouvelles, les difficultés de logement sont criantes ; les médias relaient d'ailleurs régulièrement ce problème posé à de très nombreuses familles. Comment la ville ne serait-elle pas un milieu hostile si on ne peut s'y loger ou si on occupe des logements insalubres, dans des zones mal desservies par les transports en commun ? C'est d'ailleurs une critique fréquente des citadins : ils se plaignent que les transports en commun (métro, RER, train) leur prennent beaucoup de temps quotidiennement pour se rendre au travail, surtout s'ils habitent en banlieue ou en périphérie des villes à cause des difficultés de logement, du prix des loyers ou de l'immobilier dans le centre-ville. C'est pour ces raisons que de nombreuses villes connaissent des embouteillages, très coûteux en temps, en énergie et en équilibre nerveux.
En lien avec tous ces problèmes de transports, la pollution est très néfaste aux populations urbaines ; les récents épisodes de canicule ont prouvé que la ville était bien un milieu hostile, puisque les pics de pollution génèrent une recrudescence de maladies comme l'asthme, la bronchiolite des enfants, les cancers dus aux gaz d'échappement, et à un degré moindre des problèmes de circulation (circulation alternée, réduction de vitesse, interdiction de certaines zones aux voitures).
Enfin, le rythme de vie effréné, l'agitation permanente, le bruit, l'insécurité croissante ne favorisent absolument pas l'épanouissement des citadins, leur bien-être et encore moins leur bonheur. Écrivains et cinéastes ont dénoncé dans leurs contre-utopies l'enfer des mégalopoles ; le poète Baudelaire peint ce milieu urbain hostile dans Le Spleen de Paris : il montre les horreurs, la misère, la laideur de la capitale ; George Orwell, auteur de science-fiction, dénonce une société urbaine dominée et espionnée par Big Brother, dans 1984.
Cependant il serait exagéré de ne voir que les dangers et les défauts de la ville, et de parer la campagne de toutes les qualités ! Il est tout aussi évident de constater les avantages de la ville, que certains artistes ont célébrés : ainsi Émile Verhaeren au début du xxe siècle chante le modernisme des villes, leur beauté dans Les Villes tentaculaires. Le cinéaste Woody Allen célèbre lui aussi le charme et les beautés de New York ou de Paris dans plusieurs de ses films.
Même si les transports sont sources de difficultés, ils facilitent les déplacements. Sur ce plan d'ailleurs, la campagne n'offre pas toutes ces possibilités : il y est souvent nécessaire de posséder un moyen de locomotion personnel car toutes les petites villes rurales, les villages ne sont pas desservis par un réseau de cars ou de trains. Les enfants doivent utiliser les transports scolaires pour aller à l'école, au collège, au lycée… Les commerces, certains services publics ou privés (la poste, les banques, les hôpitaux, etc.) ont disparu. En ville il est plus facile de trouver un médecin, un dentiste, une maternité… L'offre culturelle y est beaucoup plus riche : cinémas, théâtres, salles de spectacle ou de concert, musées… À la campagne, on est éloigné de tout et Internet ne peut remplacer le contact direct avec les acteurs culturels.
Enfin la pollution est très forte aussi dans les zones rurales : engrais, pesticides, agriculture ou élevage intensifs…
Et puis la mixité sociale, préoccupation majeure de notre société, est quand même plus grande en ville qu'à la campagne ; la rencontre de populations différentes, de cultures diverses constitue un enrichissement irremplaçable.
En conclusion, il est difficile de répondre de manière catégorique ; la ville se révèle à la fois hostile et hospitalière, elle freine et facilite l'épanouissement humain, elle isole et rapproche. En fait, n'est-ce pas plutôt l'homme lui-même le vrai problème ? Oubliant les valeurs essentielles, il développe à l'excès les côtés négatifs de la ville, en perdant de vue le bien-être, le bonheur des citadins. Certaines agglomérations opèrent des métamorphoses écologiques ou écocitoyennes qui permettent d'espérer une amélioration très sensible des conditions de vie urbaine.
Sujet d'imagination
Maintenant j'habite en ville, moi qui, jusqu'ici, n'ai vécu qu'à la campagne ! Il a bien fallu suivre mes parents puisque la mutation professionnelle de mon père nous a obligés à quitter notre village normand pour la « grande ville ». J'ai dû abandonner notre petite maison et son jardin, mes amis, mon collège, mon univers, ma vie quoi ! Et me voilà plongé au cœur d'une agglomération tentaculaire. Aujourd'hui je dois explorer mon nouveau cadre de vie ; je vais repérer le collège où je ferai la prochaine rentrée scolaire. Je quitte notre appartement et prends l'ascenseur. Il fonctionne ! Contrairement à ce que j'ai pu voir à la télévision dans de nombreux immeubles : les pannes fréquentes provoquent la colère des locataires. Heureusement, l'appartement que nous habitons désormais se situe au dernier étage d'un petit immeuble, pas très élevé, dans une zone résidentielle pas trop laide. De la fenêtre de ma chambre, j'aperçois même quelques arbres, les parterres de fleurs et le gazon d'un square tout proche. Ce n'est pas le bocage normand et ses vertes prairies s'étendant jusqu'à l'horizon, mais c'est mieux que rien. Je regrette déjà mes balades à pied ou à vélo avec les copains, les vaches broutant l'herbe grasse… Je dois apprendre à me repérer dans cette « cité », à taille humaine, je dois le reconnaître. Après quelques minutes de marche, me voici dans les rues actives du quartier. Quelle foule de gens pressés ! D'un pas rapide, ils arpentent les trottoirs, se fraient un passage au milieu de la foule ; certains s'arrêtent, bloqués dans leur progression par un groupe qui discute, pestent contre ces « obstacles » et reprennent leur course effrénée. On me bouscule, sans s'excuser, on me dépasse par la droite, par la gauche, la vague déferlante me happe soudain, me submerge, m'entraîne malgré moi dans ce tourbillon incessant. Je me sens oppressé… mon cœur bat terriblement fort dans ma poitrine… je peine à respirer… la tête me tourne… Je parviens à m'extraire du flot en nageant jusqu'à la porte d'un magasin. Jamais je ne pourrai suivre un tel rythme ! Cette agitation vertigineuse me semble insupportable. La rue me paraît interminable ; la chaussée est enfermée entre des bâtiments gris, lugubres : banques, magasins, immeubles d'habitation ou de bureaux, qui se dressent, menaçants. Une entrée de parking, véritable gueule de monstre, engouffre des voitures et en vomit d'autres un peu plus loin. Mais le serpent des autos, des motos, des vélos s'arrête brusquement : le feu est passé au rouge. Les engins pétaradent, vrombissent, prêts à bondir. Le bruit est assourdissant, l'air devient vite irrespirable. Mon malaise s'aggrave ; la nausée me soulève l'estomac. Des odeurs de pain, de pizza, se mêlent aux gaz d'échappement, aux parfums des femmes ou des hommes qui passent, aux odeurs de transpiration… Fuir ! Échapper à cet enfer ! Je m'élance et suis à nouveau happé par le courant qui m'emporte et me ballotte. J'aperçois une rue perpendiculaire. Je m'y engouffre. Surprise ! Quel calme soudain ! Quelques flâneurs lèchent les vitrines des magasins. Je peux reprendre mes esprits, loin du tumulte du flot. Quel dépaysement ! Quel changement de vie ! Je me sens égaré, perdu dans un monde inconnu, insoupçonné. Seul, isolé au milieu de la foule. L'enfer à ciel ouvert. Ces sentiments me sont inconnus : dans mon village, tout le monde se connaît, s'entraide. Comment les gens peuvent-ils vivre dans un tel milieu ? dans un stress permanent ? dans une solitude si désespérante ? Leur visage n'exprime guère la joie de vivre, le bonheur. Les mines sont renfrognées, les visages fermés. Je n'imaginais pas que le décalage avec la campagne normande serait si grand. C'est bien pire que ce que je redoutais. Je me sens un étranger, plongé dans la quatrième dimension…
Il faut pourtant reprendre la route, poursuivre l'exploration de mon nouvel univers. J'interroge un passant pour lui demander le chemin du collège Saint-Exupéry. Pas de chance. C'était sûrement un sourd car il ne m'a même pas répondu. Ni même regardé. Après quelques tentatives infructueuses auprès de gens fort peu sympathiques, qui se sentaient peut-être agressés par ma question, une vieille dame, qui sort d'une épicerie avec un cabas bien chargé, me renseigne et me propose gentiment de m'accompagner un bout de chemin car elle va dans cette direction… Je l'aide à porter son cabas, ce qui la surprend. Je me demande bien pourquoi.
En marchant à ses côtés, je me perds dans mes pensées, mes craintes, mes espoirs. Est-ce qu'on s'habitue à cette vie-là ? à cette hostilité ? Ou est-ce simplement parce que le changement est récent et brutal ? L'avenir me l'apprendra. La vie n'est pas un long fleuve tranquille… Cette leçon, je la découvre aujourd'hui. C'est sans doute cela qu'on appelle grandir.