Texte de Blaise Cendrars, analyse de l'image (sujet inédit)

Énoncé

Texte
« C'était le 6 mai 1834.
Les vauriens du pays entouraient un petit Savoyard qui tournait la manivelle de son orgue de Sainte-Croix, et les mioches avaient peur de la marmotte émoustillée qui venait de mordre l'un d'eux. Un chien noir pissait contre l'une des quatre bornes qui encadraient la fontaine polychrome. Les derniers rayons du jour éclairaient la façade historiée(1) des maisons. Les fumées montaient tout droit dans l'air pur du soir. Une carriole grinçait au loin dans la plaine.
Ces paisibles campagnards bâlois(2) furent tout à coup mis en émoi par l'arrivée d'un étranger. Même en plein jour, un étranger est quelque chose de rare dans ce petit village de Rünenberg ; mais que dire d'un étranger qui s'amène à une heure indue, le soir, si tard, juste avant le coucher du soleil ? Le chien noir resta la patte en l'air et les vieilles femmes laissèrent choir leur ouvrage. L'étranger venait de déboucher par la route de Soleure. Les enfants s'étaient d'abord portés à sa rencontre, puis ils s'étaient arrêtés, indécis. Quant au groupe de buveurs, « Au Sauvage », ils avaient cessé de boire et observaient l'étranger par en dessous. Celui-ci s'était arrêté à la première maison du pays et avait demandé qu'on veuille bien lui indiquer l'habitation du syndic(3) de la commune. Le vieux Buser, à qui il s'adressait, lui tourna le dos et, tirant son petit-fils par l'oreille, lui dit de conduire l'étranger qui s'éloignait à longues enjambées derrière l'enfant trottinant.
On vit l'étranger pénétrer chez le syndic.
Les villageois avaient eu le temps de le détailler au passage. C'était un homme grand, maigre, au visage prématurément flétri. D'étranges cheveux d'un jaune filasse sortaient de dessous un chapeau à boucle d'argent. Ses souliers étaient cloutés. Il avait une grosse épine(4) à la main. Et les commentaires d'aller bon train. « Ces étrangers, ils ne saluent personne », disait Buhri, l'aubergiste, les deux mains croisées sur son énorme bedaine. « Moi, je vous dis qu'il vient de la ville », disait le vieux Siebenhaar qui autrefois avait été soldat en France ; et il se mit à conter une fois de plus les choses curieuses et les gens extravagants qu'il avait vus chez les Welches(5). Les jeunes filles avaient surtout remarqué la coupe raide de la redingote et le faux col à hautes pointes qui sciait le bas des oreilles ; elles potinaient à voix basse, rougissantes, émues. Les gars, eux, faisaient un groupe menaçant auprès de la fontaine ; ils attendaient les événements, prêts à intervenir. »
Blaise Cendrars, L'Or, 1925.

Image
Document extrait du sujet zéro du ministère, d'enseignement moral et civique, 2017
Document extrait du sujet zéro du ministère, d'enseignement moral et civique, 2017
Source : affiche 2015 de la commune de Floirac (Gironde) Boulevard des Potes : association de lutte contre les discriminations et d'éducation populaire. http://www.ville-floirac33.fr/Agenda/Democratie-participative/La-laicite-et-le-vivre-ensemble-debat
Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Les réponses aux questions doivent être entièrement rédigées.
Compréhension et compétences d'interprétation
1. 
Résumez le texte en deux ou trois phrases.
Procédez à une lecture attentive de tout le texte. Si vous deviez résumer le texte à un ami, que lui diriez-vous ? Interrogez-vous : quelle est la situation initiale ? Quel est l'élément perturbateur ? Quelle est la situation finale ?
2. 
De « Les vauriens du pays » à « l'air pur du soir ».
a) Comment s'organise la description des lieux ? Justifiez votre réponse.
b) Quelle impression se dégage de la description des lieux. Justifiez votre réponse.
a) Interrogez-vous sur la nature des éléments décrits dans le texte (un paysage ? des objets ? des personnages ?) et leur ordre d'apparition. Observez la construction de la description, les plans : va-t on du plus près au plus éloigné ou du plus éloigné au plus près ?
b) Repérez et relevez des expressions qui renvoient à la description des lieux. Interrogez-vous sur la sensation produite par cette description : est-elle plutôt agréable ou désagréable, calme ou effrayante ? Trouvez deux adjectifs permettant de définir au mieux cette impression.
3. 
Selon vous, quelle impression se dégage de la description de l'étranger ?
Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des éléments de son portrait.
Repérez et relevez des expressions qui renvoient au portrait du personnage : ce personnage est-il neutre, normal, inquiétant, mystérieux, calme, étrange, sympathique, etc. ? Proposez un adjectif pour définir l'impression qui se dégage de ce portrait.
4. 
Quelles sont les conséquences de l'arrivée de l'étranger ?
Justifiez votre réponse en citant précisément le texte.
Repérez et relevez des mots ou expressions qui renvoient aux actions entreprises par les villageois, juste après l'arrivée de l'étranger. Citez des passages précis du texte pour justifier votre réponse.
5. 
« Ces étrangers, ils ne saluent personne ».
a) Quelle remarque pouvez-vous faire sur la construction de la phrase ? Quel élément est ainsi mis en valeur ?
b) Qu'en concluez-vous sur l'état d'esprit de l'aubergiste ?
a) Expliquez en quoi cette phrase ne respecte pas le modèle habituel de la phrase minimale : sujet / verbe / complément. Précisez le mot ou les groupes de mots qui sont mis en valeur grâce à cette construction.
b) Examinez le contexte dans lequel cette phrase est prononcée. Trouvez des adjectifs qui caractérisent l'attitude de l'aubergiste à l'égard de l'étranger : polie, accueillante, etc. ?
6. 
« elles potinaient à voix basses, rougissantes, émues ».
a) Quel est, selon vous, le sens du mot « potinaient » dans cette expression ?
b) Pour quelle raison les jeunes filles réagissent-elles de cette façon ?
a) Relisez le paragraphe qui contient cette phrase. Aidez-vous du contexte pour deviner le sens de « potinaient ». Observez le mot et déterminez son radical. Cela peut vous aider à trouver son sens.
b) Repérez et relevez des mots ou expressions qui expliquent pourquoi elles sont rougissantes et émues. Expliquez leur réaction.
7. 
Selon vous, le nom du bar est-il bien choisi ? Vous développerez votre réponse en vous appuyant sur l'ensemble du texte.
Rédigez votre réponse en vous appuyant sur des mots ou expressions qui montrent que le nom du bar (« Au Sauvage ») est bien choisi ou non. Vous devez faire le lien entre l'attitude des villageois et le nom du bar. Donnez au moins deux explications.
8. 
Comparez les documents. En quoi, selon vous, illustrent-ils des valeurs différentes voire opposées ?
Relisez le texte et vos réponses aux questions 3, 4, 5 et 7 de cette partie. Puis analysez l'affiche. Identifiez les valeurs défendues dans ces documents et comparez-les. Expliquez pourquoi elles sont différentes.
Grammaire et compétences linguistiques
1. 
« les mioches avaient peur de la marmotte émoustillée qui venait de mordre l'un d'eux ».
a) Quels sont les deux niveaux de langue utilisés ici ?
b) Repérez et relevez une allitération dans cette phrase. Comment pouvez-vous l'interpréter ?
a) Interrogez-vous : dans cette phrase, des mots appartiennent-ils au vocabulaire familier, courant, rare ? Quel(s) mot(s) employez-vous très rarement ?
b) Relisez attentivement la phrase. Interrogez-vous : quelle consonne est-ce que j'entends le plus ? Repérez les mots qui contiennent cette consonne et écrivez-les. Expliquez pourquoi cette consonne est répétée : sur quoi insiste-t elle, selon vous ?
2. 
« la fontaine polychrome ».
a) Décomposez le mot « polychrome » et donnez son sens.
b) Donnez deux autres mots, l'un construit avec le même préfixe, l'autre avec le même radical.
a) Identifiez le radical du mot, son préfixe (s'il en a un) et son suffixe (s'il en a un). Proposez une définition du mot en vous appuyant sur le sens des éléments qui le composent.
b) Proposez un mot qui commence par « poly » puis un mot qui contient « chrome ».
3. 
« Même en plein jour, un étranger est quelque chose de rare dans ce petit village de Rünenberg ».
a) À quel temps est le verbe de la phrase ?
b) Quel était le temps principalement utilisé auparavant ?
c) Pourquoi ce temps est-il alors utilisé dans cette phrase ?
Soulignez tous les verbes conjugués du texte.
a) Observez les verbes du texte puis le verbe de la phrase proposée. Sont-ils conjugués au même temps ? Analysez la terminaison de « est ».
b) Analysez les terminaisons des verbes soulignés et précisez à quel temps celles-ci correspondent.
c) Un temps possède une ou plusieurs valeurs ; par exemple, le passé simple sert à raconter des actions qui se succèdent dans le passé. Quelle est la valeur de « est » dans cette phrase ?
4. 
« Le chien noir resta la patte en l'air et les vieilles femmes laissèrent choir leur ouvrage. L'étranger venait de déboucher par la route de Soleure. Les enfants s'étaient d'abord portés à sa rencontre, puis ils s'étaient arrêtés, indécis. Quant au groupe de buveurs, « Au Sauvage », ils avaient cessé de boire et observaient l'étranger par en dessous. Celui-ci s'était arrêté à la première maison du pays […] ».
Réécrivez ce passage en mettant le verbe « resta » au présent de l'indicatif et en effectuant toutes les modifications nécessaires entraînées par ce changement.
  • Soulignez tous les verbes conjugués au passé simple et leur sujet. Conjuguez ces verbes au présent en veillant à accorder correctement le sujet et le verbe.
  • Soulignez tous les verbes conjugués à l'imparfait et leur sujet. Conjuguez ces verbes au présent en veillant à accorder correctement le sujet et le verbe.
  • Soulignez tous les verbes conjugués au plus-que-parfait et leur sujet. Conjuguez ces verbes au passé composé en veillant à accorder correctement le sujet et le verbe.
Astuce : pour passer du plus-que-parfait au passé composé, il suffit de changer le temps de l'auxiliaire utilisé. Ainsi, l'auxiliaire être ou avoir qui était conjugué à l'imparfait est maintenant conjugué au présent.
Dictée
« Cette brusque apparition et ce départ précipité bouleversaient ces paisibles villageois. L'enfant s'était mis à pleurer. La pièce d'argent que l'étranger lui avait donnée circulait de main en main. Des discussions s'élevaient. L'aubergiste était parmi les plus violents. Il était outré que l'étranger n'ait même point daigné s'arrêter un moment chez lui pour vider un cruchon. »
Blaise Cendrars, L'Or, 1925

Rédaction
Vous traiterez au choix l'un des deux sujets de rédaction suivants.
Votre rédaction sera d'une longueur minimale d'une soixantaine de lignes (300 mots environ).
Sujet de réflexion
Selon vous, qu'est-ce que le tourisme, les voyages peuvent vous apporter ?
Procéder par étapes
Étape 1. Lisez attentivement le sujet et soulignez les mots-clés qui évoquent le thème du sujet : « le tourisme », « les voyages », « vous apporter ».
Précisez le sens de :
  • « tourisme » : action de voyager, dans un autre lieu, différent de celui où on habite, de visiter un site pour son plaisir ;
  • « vous apporter »  : « vous enrichir », au sens figuré du terme.
Étape 2. Repérez la forme du texte à écrire. Comme il s'agit d'un sujet de réflexion, c'est un texte argumentatif, composé d'arguments et d'exemples.
Étape 3. Définissez la thèse à défendre : expliquer pourquoi et comment le tourisme et les voyages favorisent l'enrichissement.
Étape 4. Trouvez des arguments et des exemples : quel type d'enrichissement le voyage peut-il favoriser et pourquoi ? Humain (rencontre d'autres personnes), culturel (autres sociétés, autres cultures), géographique (autres paysages), etc. À quelles conditions le voyage enrichit-il une personne ? Lorsqu'il lui permet de côtoyer les gens du pays ? Lorsqu'il consiste à rester enfermé dans un village de vacances ?
Astuce : pour trouver des exemples, pensez à votre expérience des voyages, aux livres que vous avez lus et aux films que vous avez vus.
Étape 5. Établissez le plan de votre travail d'écriture.
  • L'introduction expose le thème et le problème. Expliquez par exemple en quelques mots ce que permettent les voyages en général, ou l'essor du tourisme aujourd'hui.
  • Le développement comporte deux ou trois parties ; pour chacune des parties, trouvez au moins un argument et un exemple. Utilisez des modalisateurs de certitude (il est évident, il est certain, assurément, incontestablement…), des connecteurs logiques (en premier lieu, de plus, ensuite, enfin, en effet, dès lors, de fait, par conséquent, donc…), des phrases exclamatives et des questions rhétoriques pour souligner votre désir de convaincre, des hyperboles pour souligner votre détermination.
  • La conclusion fait un bilan sur le sujet et insiste par exemple sur ce que vous apportent les voyages.
Étape 6. Relisez attentivement votre devoir et corrigez d'éventuelles erreurs.
Sujet d'imagination
Racontez à votre tour l'arrivée d'une personne nouvelle au sein d'un groupe, dans un lieu qui lui est inconnu.
Procéder par étapes
Étape 1. Lisez attentivement le sujet et soulignez les mots-clés : « l'arrivée d'une personne nouvelle au sein d'un groupe », « dans un lieu qui lui est inconnu ».
Étape 2. Repérez la forme du texte à écrire : « Racontez ». Il faut donc respecter :
  • le genre narratif, le récit, avec sa chronologie ;
  • les temps du récit (passé simple et imparfait)  ;
  • les passages descriptifs (les lieux et les personnages)  ;
  • les réactions et les sentiments du nouvel arrivant et des autres personnages.
Étape 3. Trouvez des idées : quel type de personne choisir ? Quel lieu choisir (collège, quartier, immeuble, club de sport, etc.)  ? À quelle occasion une personne peut-elle arriver au sein d'un groupe, dans un endroit qu'elle ne connaît pas (déménagement, choix d'un nouveau loisir à la rentrée.) ? Cela arrive-t il souvent ? Comment décrire les lieux et les personnages ? Que dire à leur propos ? Quelles réactions et quels sentiments peut ressentir une personne lorsqu'elle arrive parmi des étrangers ou dans un lieu inconnu ? Inversement, lorsqu'il faut accueillir quelqu'un d'étranger, quelles réactions et quels sentiments peuvent éprouver les personnes (surprise, étonnement, rejet, méfiance, joie, serviabilité, etc.)  ? Pourquoi ?
Étape 4. Établissez le plan de la rédaction, en séparant les parties.
  • Description du contexte et des lieux.
  • Arrivée de la personne nouvelle accompagnée ou non d'un autre personnage.
  • Portrait de la personne.
  • Réactions et sentiments des autres personnes du groupe.
  • Réactions et sentiments de la nouvelle personne face à la nouveauté des lieux, face aux attitudes des autres personnes.
  • Premier échange entre la nouvelle personne et un membre du groupe ; réactions et les sentiments des deux protagonistes : la nouvelle personne exprime sa surprise tandis que l'autre personnage exprime de la joie ou du mécontentement.
Étape 5. Relisez votre rédaction.
(1)Façade historiée : façade décorée de scènes avec des personnages.
(2)Bâlois : de la région de Bâle, ville de Suisse, comme Rünenberg et Soleure.
(3)Le syndic : le maire de la commune.
(4)Épine : bâton.
(5)Les Welches : les Français.

Corrigé

Travail sur le texte littéraire et sur l'image
Compréhension et compétences d'interprétation
1. Les habitants de Bâle vivent paisiblement. Un soir, leur vie quotidienne est perturbée par l'arrivée d'un étranger qui souhaite rencontrer le maire de la commune. Cette intrusion est mal perçue par les clients du bar, appelé « Au Sauvage » : ils projettent donc d'intervenir.
2. 
a) La description s'organise du proche au lointain : on observe d'abord les enfants qui entourent le petit joueur d'orgue ; puis on passe au chien et à la fontaine, ensuite aux maisons et à leur « façade historiée », aux cheminées qui fument « dans l'air pur du soir », enfin à la plaine (« au loin dans la plaine »).
b) Une impression de paix, de calme se dégage de ce paysage : c'est la vie ordinaire de ce village et de ses habitants qui est décrite ici.
3. On remarque plusieurs éléments dans le portrait de l'étranger : « un homme grand, maigre », « étranges cheveux d'un jaune filasse », « un chapeau à boucle d'argent », « la coupe raide de la redingote » et « le faux col à hautes pointes ». Il tient « une grosse épine » à la main. Ce portrait produit une impression d'étrangeté : l'inconnu est différent des villageois par son aspect physique, ses vêtements, son allure générale et son comportement. On note les expressions « choses curieuses », « les gens extravagants » qui viennent renforcer cette impression.
4. L'arrivée de l'étranger provoque un émoi évident mais surtout une interruption des activités des villageois ; tout semble en suspens, comme arrêté, dans une attente méfiante : « le chien noir resta la patte en l'air et les vieilles femmes laissèrent choir leur ouvrage » ; « [les enfants] s'étaient arrêtés, indécis » ; les buveurs « avaient cessé de boire ».
5. 
a) La phrase est particulière car elle ne suit pas le modèle habituel de toute phrase simple (sujet–verbe–complément). Le groupe de mots en tête de phrase « Ces étrangers » est détaché du reste de la phrase par une virgule et repris par le pronom « ils ». Par conséquent cette construction met en valeur le groupe de mots « Ces étrangers ».
b) L'aubergiste généralise à partir du comportement de l'inconnu : on passe du singulier, « l'étranger », au pluriel, « Ces étrangers ». La mise en relief, par le détachement en tête de phrase, montre que l'aubergiste n'aime pas les étrangers, auxquels il reproche leur impolitesse. C'est une façon un peu méprisante de parler d'eux.
6. 
a)  Dans cette phrase, ce verbe signifie « bavarder », « faire des messes basses ». En effet le radical du mot est « potin » qui signifie « commérage ».
b) Les jeunes filles sont émues et rougissent car elles sont comme attirées, intriguées par cet inconnu, si différent des villageois par son allure et ses vêtements. Pour elles, c'est un véritable événement qui bouleverse leur quotidien.
7. En premier lieu, le nom du bar, « Au Sauvage », est bien choisi car les villageois ne se montrent pas du tout accueillants envers cet inconnu : ce sont des sauvages car ils vivent repliés sur eux-mêmes, isolés, comme coupés des autres villages et de la ville. Ils sont méfiants à l'égard de ceux qu'ils ne connaissent pas, surtout quand ils arrivent le soir. De plus, à la fin du texte, les villageois manifestent une attitude hostile à l'égard de l'étranger : ils se rassemblent auprès de la fontaine et unissent leurs forces pour défendre le village et les jeunes filles au cas où l'étranger, l'indésirable, se montrerait menaçant ou dangereux. Ils sont donc aux aguets, « prêts à intervenir ».
8. Les valeurs défendues dans le texte sont la méfiance, le rejet de l'étranger, de l'autre, de celui qui est différent ; les villageois généralisent, ils passent de la critique et du mépris d'un étranger à ceux de tous les étrangers ; c'est une forme de xénophobie. L'affiche, au contraire, défend le « vivre ensemble », les valeurs de la République française, « Liberté, Égalité, Fraternité », et annonce un débat pour lutter contre les discriminations, l'exclusion de l'autre, de l'étranger. Ces valeurs s'opposent totalement.
Grammaire et compétences linguistiques
1. 
a) Cette phrase mêle un niveau de langage courant et un niveau de langage familier (« les mioches »).
b) Dans cette phrase, il y a une allitération en « m » comme en témoignent les mots « mioches », « marmotte », « émoustillée », « mordre ». Le son « m » peut souligner la violence de la morsure puisque, lorsqu'on prononce cette lettre, on ouvre la bouche, comme pour mordre.
2. 
a) Ce mot est composé d'un préfixe « poly » qui signifie « plusieurs » en grec et d'un radical « chrome » qui signifie « couleur » en grec. Le mot polychrome signifie donc « qui a plusieurs couleurs ».
b) Voici un mot qui se construit avec le préfixe « poly » : polythéiste (il y a aussi le mot polyvalent).
Voici un mot qui se construit avec le radical « chrome » : monochrome (il y a aussi chromatique).
3. 
a) Le temps du verbe est le présent.
b) Le temps principalement utilisé auparavant est l'imparfait de l'indicatif comme le soulignent les verbes suivants : « entouraient », « tournaient », « avaient », « grinçait ».
c) Dans cette phrase, le présent est utilisé ici pour exprimer une vérité générale. On dit que c'est un présent à valeur de vérité générale.
4. Le chien noir reste la patte en l'air et les vieilles femmes laissent choir leur ouvrage. L'étranger vient de déboucher par la route de Soleure. Les enfants se sont d'abord portés à sa rencontre, puis ils se sont arrêtés, indécis. Quant au groupe de buveurs, « Au Sauvage », ils ont cessé de boire et observent l'étranger par en dessous. Celui-ci s'est arrêté à la première maison du pays.
Dictée
Le texte est un autre extrait de L'Or : le récit est au passé, à la 3e personne.
Les verbes s'accordent avec leur(s) sujet(s). À l'imparfait de l'indicatif, ils ont les mêmes terminaisons, quel que soit leur groupe, -ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient : cette brusque apparition et ce départ précipité bouleversaient (deux sujets coordonnés), La pièce… circulait (le sujet et le verbe sont éloignés), Des discussions s'élevaient, L'aubergiste était, Il était.
Deux verbes sont conjugués au plus-que-parfait ; avec l'auxiliaire être, le participe passé s'accorde avec le sujet : « L'enfant s'était mis » Avec l'auxiliaire avoir, le participe s'accorde avec le COD placé avant : « La pièce d'argent que l'étranger lui avait donnée » (le COD, le relatif que, est placé avant ; le participe donnée s'accorde avec l'antécédent du pronom relatif COD, « la pièce »).
Plusieurs verbes sont à l'infinitif car ils dépendent d'un autre verbe (« n'ait même point daigné s'arrêter ») ou d'une préposition (« à pleurer », « pour vider »). On peut remplacer l'infinitif d'un verbe en -er par l'infinitif d'un verbe du deuxième ou du troisième groupe : daigné sortir, à réfléchir, pour boire).
Le verbe daigner est conjugué au subjonctif passé, « ait daigné ».
Les adjectifs qualificatifs et les participes passés employés comme adjectifs s'accordent avec le nom qu'ils qualifient : « cette brusque apparition » (féminin singulier), « ce départ précipité » (masculin singulier), « ces paisibles villageois » (masculin pluriel).
Plusieurs mots comportent une consonne redoublée : cette, apparition, villageois, donnée, discussions, arrêter. D'autres ont une consonne finale que l'on n'entend pas ; en les mettant au féminin ou en cherchant un mot de la même famille, on peut identifier cette consonne : départ (partir), villageois (villageoise), enfant (enfanter), mis (mise), argent (argenterie), étranger (étrangère), plus (plusieurs), point (pointer), moment (momentané).
Il ne faut pas confondre certains homonymes : « cette » (déterminant démonstratif féminin singulier) / sept (numéral), « et » (coordination, que l'on peut remplacer par et puis) / est (être, que l'on peut remplacer par était), « ces » (déterminant démonstratif pluriel ; au, ce, cette, cet) / ses (déterminant possessif pluriel ; au singulier, son, sa), s'était (se + être ; verbe pronominal se mettre) / c'était (cela était), à (préposition) / a, as (avoir), « n'ait » (« n'ait point daigné », ne point avoir daigné) / n'est point (ne point être).
Rédaction
Sujet de réflexion
Selon un dicton célèbre, les voyages forment la jeunesse. Il est vrai que, pour se former, il faut être en contact avec autrui, avec d'autres personnes, différentes, d'autres cultures. Ces rencontres sont assurément favorisées par le tourisme, les voyages.
La découverte d'autres régions, d'autres pays est en effet facilitée par le développement des moyens de transport, par leur rapidité. Ainsi nous pouvons aisément partir à l'autre bout de la France, dans une région que nous ne connaissons pas. Nous découvrons alors des paysages variés, des climats différents. Quoi de plus dépaysant pour un citadin d'une grande ville que d'effectuer des randonnées pédestres dans les Pyrénées, les Alpes ou les massifs montagneux de la Corse ! Ou de parcourir les sentiers de la forêt de Brocéliande, en Bretagne, sur les traces du roi Arthur, de la reine Guenièvre et de Lancelot ! Cette évasion est un véritable enrichissement culturel : nous pouvons visiter des quartiers qui datent du Moyen Âge, de petites églises romanes ou des quartiers très modernes, à l'architecture avant-gardiste, admirer la nature, sa flore. L'ailleurs élargit donc notre horizon, qui parfois reste trop limité. Le voyage est une extraordinaire fenêtre ouverte sur le monde, dont la richesse est immense.
De plus, les voyages favorisent les rencontres : nous côtoyons des personnes d'autres contrées, de pays étrangers ; nous pouvons échanger, discuter, apprendre l'histoire de leur pays, connaître leur civilisation et leur culture. Mais pour cela, nous devons nous montrer réceptifs et disponibles, curieux car trop de touristes ne renoncent pas à leur propre mode de vie, à leurs idées, voire à leurs préjugés. Je me souviens d'un voyage en Grèce avec mes camarades de 4e ; certains refusaient de goûter à la cuisine grecque et préféraient manger des plats français ! Il ne sert à rien de partir ailleurs, de s'évader si c'est pour retrouver ce que l'on a chez soi, un mode de vie uniformisé, standardisé. Il faut explorer d'autres saveurs, d'autres goûts, d'autres musiques. Ainsi nous augmentons nos savoirs sur le monde, sur la vie, sur les hommes. Mais le plus important, c'est l'apprentissage de la tolérance, la reconnaissance de la diversité et de la différence. Le voyage nous aide à comprendre, à accepter comme une grande richesse l'infinie variété des cultures, des
Il me semble aussi que les voyages, le tourisme doivent également être l'occasion de prendre son temps, de flâner ; en effet, la vie moderne est fréquemment source de stress à cause de la vitesse, de la pression. Quand on part en voyage organisé, tout est planifié, chronométré : la visite d'un musée ou d'un site s'effectue trop souvent au pas de course. On n'a donc pas le temps de regarder, d'admirer. Il faut remonter dans le bus pour l'étape suivante. Le tourisme doit modifier notre rythme de vie pour nous permettre de retrouver calme et sérénité, même dans des activités physiques et sportives.
En conclusion, le voyage, le tourisme, sous certaines conditions, enrichissent nos connaissances, sur les autres, sur le monde, et bien entendu sur nous-mêmes.
Sujet d'imagination
Nous étions concentrés devant nos écrans d'ordinateur, casque sur les oreilles, en train de travailler la compréhension orale en anglais, lorsque la porte de la salle d'informatique s'ouvrit doucement. Le principal du collège s'avança, suivi d'une fille que nous n'avions jamais vue, une nouvelle élève sans doute. Aussitôt nous nous levâmes d'un seul mouvement pour saluer leur entrée. Timidement, elle se tenait derrière le principal, baissant les yeux mais jetant quelques regards furtifs autour d'elle. Ce qui nous frappa immédiatement, c'était ses vêtements ! Des vêtements qui nous parurent démodés et même vieillots, d'une autre époque. Nous, nous portions essentiellement des vêtements de marque, en suivant et respectant scrupuleusement les codes de la mode « jeune ». Elle, elle semblait surgir du passé, d'un passé lointain, oublié !
L'inconnue restait cachée derrière le principal car elle supportait difficilement tous les regards inquisiteurs et étonnés d'une douzaine d'adolescents découvrant une « extraterrestre ». Elle était plutôt grande, élancée ; de longs cheveux noirs tombaient sur ses épaules, encadrant un visage ovale où étincelaient ses yeux d'une couleur indéfinissable. Verts ? Bleus peut-être. Elle m'apparut plutôt jolie.
Des sourires entendus, parfois moqueurs, éclairèrent le visage de mes camarades. Heureusement, le principal prit la parole, coupant court aux réflexions ironiques qui, je le savais bien, allaient fuser.
« Je vous présente une nouvelle élève. Elle arrive de l'étranger et suivra les cours dans votre classe. Je compte sur vous pour l'aider à s'intégrer dans les meilleures conditions et à perfectionner son français qu'elle parle déjà correctement. Monsieur Martin, trouvez-lui une place, je vous prie. »
Sur ces mots, il quitta la salle. Nous nous levâmes à nouveau pour saluer sa sortie. Notre professeur parcourut les postes informatiques du regard et annonça en me désignant de la main :
« Mademoiselle, installez-vous à côté de Justin, là-bas. »
Lentement elle s'avança et s'assit devant mon ordinateur, les yeux exorbités.
« Ah ! Non ! pensai-je, je veux rester seul ! Il faut que ça tombe sur moi ! »
Je l'observais à la dérobée ; elle écarquillait les yeux en examinant le matériel informatique que nous utilisions : écrans plats, clavier et souris sans fil, imprimante laser couleur… Elle promenait la main droite sur le mobilier neuf ; elle remuait sur sa chaise puis s'appuyait doucement sur le dossier. Cherchait-elle à tester sa solidité ? Pourquoi tant d'étonnement devant une table, des chaises, un tableau blanc interactif ? Je ne comprenais pas son attitude. Quant à mes camarades, ils nous regardaient discrètement, esquissant un sourire entendu. J'imaginais parfaitement leurs pensées en ce moment, mais le pire était à venir ! J'essuierais certainement leurs ricanements, leurs moqueries à la récréation. Ma nouvelle voisine me sortit de ces sombres pensées que je roulais dans ma tête.
« Chez moi, dans mon pays, les tables sont vieilles, couvertes de taches d'encre, de graffitis ; les chaises sont bancales, les ordinateurs et les écrans sont très anciens… On utilise encore la craie pour écrire sur les tableaux noirs. Je n'ai jamais rien vu de si beau, de si moderne ! Vous avez vraiment de la chance de travailler dans de si merveilleuses conditions. Je suis contente, je vais me plaire ici. Je m'appelle Ilke, dit-elle avec un petit accent. »
Elle se moquait ! « De si merveilleuses conditions ! » Pour nous, l'école était une corvée que nous étions obligés de subir ! Décidément, la « nouvelle » ne manquait pas de nous surprendre. J'attendais avec impatience la réaction de mes camarades quand elle leur tiendrait ce genre de discours !