L'implicite dans le discours

Toute communication, qu'elle soit écrite ou orale, repose sur un échange d'informations clairement exprimées (explicites), mais aussi relevant d'un non-dit (implicites). Que sont ces messages implicites ?
• On appelle implicite ce qui n'est pas dit dans un énoncé en termes clairs et que l'interlocuteur doit comprendre par lui-même. Un locuteur peut souhaiter en effet passer sous silence certaines informations, parce qu'elles pourraient choquer ou nuire à sa propre image ou à celle d'autrui.
Ex. : Quand Emily Brent, l'un des personnages d'Agatha Christie dans Ils étaient dix, s'exclame « Quel petit bateau ! » en apercevant le canot automobile qui doit transporter le groupe d'invités à l'île du Soldat, elle révèle implicitement qu'il serait dangereux d'y prendre place en aussi grand nombre et exprime, tout aussi implicitement, sa peur du naufrage.
• On distingue deux sortes d'implicites : le présupposé et le sous-entendu.
Le présupposé :
  • est une information implicite qui se déduit d'un mot ou de plusieurs mots présents dans l'énoncé ; ex. : Ils étaient dix d'Agatha Christie est un roman policier captivant. (Cet énoncé présuppose que certains romans policiers ne sont pas captivants.) ; ex. : « Je vous promets de m'expliquer encore une fois. » (Ce propos, tenu par un personnage du roman, Philip Lombard, présuppose qu'il s'est déjà expliqué.) ;
  • peut servir à manipuler l'interlocuteur, en présentant comme acquise une information qui ne l'est pas.
Le sous-entendu :
  • se distingue du présupposé en ce qu'il ne se déduit pas de l'énoncé lui-même mais de la situation d'énonciation. L'ironie en fait un grand usage. Dans ce cas, le locuteur laisse en effet entendre qu'il pense le contraire de ce qu'il dit. Deux messages sont délivrés : l'un, explicite, mais faux, l'autre, implicite, mais vrai. Ex. : Ainsi, lorsqu'Anthony Marston déclare : « Je bois à la santé des assassins », il n'encourage pas le crime, lui qui va en être victime, mais il traduit plutôt, sous couvert d'ironie, sa peur d'être assassiné. Cependant seule la situation d'énonciation permet de percevoir l'ironie du propos.
  • peut être contenu dans un énoncé sans que le locuteur ait eu l'intention de transmettre l'information. Ce type de sous-entendu est à l'origine de malentendus appelés « quiproquos » au théâtre. Ex. : Ainsi, après avoir découvert sa femme morte dans son lit, Rogers répond au Dr Armstrong qui lui demande si elle a absorbé quelque chose avant de s'endormir : « Hier soir, elle n'a rien pris que ce que vous lui avez donné », sous-entendant involontairement et maladroitement que c'est le Dr Armstrong lui-même qui a tué sa femme.
Exercice n°1
Les affirmations suivantes sont-elles justes ?
1. Un sous-entendu est une information explicite.
Cochez la bonne réponse.
Vrai
Faux
2. L'implicite dans un discours est une information que l'interlocuteur doit comprendre par lui-même.
Cochez la bonne réponse.
Vrai
Faux
3. Un présupposé est une information implicite.
Cochez la bonne réponse.
Vrai
Faux
1. Un sous-entendu est une information implicite, c'est-à-dire qu'elle n'est pas énoncée clairement et que l'interlocuteur doit la comprendre tout seul. Ce n'est pas une information explicite.
Exercice n°2
Les affirmations suivantes sont-elles justes ?
1. La phrase suivante comprend un message implicite : « Si tu penses que je vais obéir à cet imbécile, tu es bien gentil. »
Cochez la bonne réponse.
Vrai
Faux
2. Au théâtre, un sous-entendu qui conduit les personnages a faire erreur sur une personne ou une situation est un aparté.
Cochez la bonne réponse.
Vrai
Faux
3. Un sous-entendu ne se déduit pas de l'énoncé (c'est-à-dire la phrase prononcée ou écrite) mais de la situation d'énonciation (Qui parle à qui ? Où ? Quand ?).
Cochez la bonne réponse.
Vrai
Faux
1. Le locuteur se montre ironique. Il pense au contraire que son interlocuteur est un imbécile s'il pense qu'il va se montrer obéissant.
2. Cette méprise s'appelle un quiproquo et non un aparté.