Victor Hugo sous la IIe République et le Second Empire

Né le 26 février 1802, Victor Hugo est le fils d'un général de l'armée de Bonaparte. Écrivain célèbre pour ses romans, ses poèmes et ses pièces de théâtre, il a laissé une œuvre très importante qui l'inscrit dans la postérité comme le père du romantisme français.
Comment Victor Hugo est-il devenu une référence majeure pour les républicains entre 1848 et 1870 ?
Un écrivain célèbre
• Victor Hugo devient un écrivain célèbre sous la monarchie de Juillet (1830-1848). La pièce de théâtre Hernani est jouée en 1830 et participe d'une révolution de l'art dramatique, la nouvelle génération des « romantiques » se regroupant autour d'Hugo. Le roman Notre-Dame de Paris est publié en 1831 et rencontre un vif succès. Victor Hugo est élu à l'Académie française en 1841 : à moins de quarante ans, il est reconnu par ses contemporains comme un monument de la littérature française.
• Par ailleurs, Victor Hugo est monarchiste et soutient la politique du roi Louis-Philippe. Il est d'ailleurs fait pair de France par ce dernier en 1845 et s'engage en politique. Ses convictions vont cependant évoluer sous la IIe République.
L'engagement politique de Victor Hugo sous la IIe République
• En effet, après la révolution de 1848, Victor Hugo, un moment hésitant, se rallie au nouveau régime du côté du parti de l'Ordre. Ce groupement politique rassemble les forces de la droite française, unies dans leur défense de l'ordre et de la sécurité et dans leur hostilité vis-à-vis de la démocratie sociale. Élu représentant du peuple à l'Assemblée constituante en juin 1848, Victor Hugo siège parmi les conservateurs jusqu'en mai 1849.
• Dans ce cadre, il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte aux élections présidentielles en décembre 1848, mais prend des positions de plus en plus progressistes : ainsi en 1850, il s'oppose à la loi Falloux et au projet de loi limitant le suffrage universel.
Victor Hugo l'exilé : la littérature comme arme politique
• Devenu fermement républicain, Victor Hugo participe à l'organisation d'une résistance au coup d'État du 2 décembre 1851, qui échoue. Dans un contexte de forte répression, l'écrivain s'exile à Bruxelles, et son bannissement est confirmé par un décret de 1852. Proscrit, il va s'établir dans les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey sous le Second Empire. Il devient alors l'un des opposants les plus célèbres à Napoléon III.
• Victor Hugo met en effet sa plume au service de son engagement politique contre l'empereur. Il proclame les grands principes de libertés et de justice et refuse même de rentrer en France lors de l'amnistie des proscrits en 1859. Mettant en scène son exil volontaire, il affirme alors : « la liberté est partie, je rentrerai quand la liberté rentrera ».
• Lors de son exil, il publie de nombreux écrits, dont un pamphlet intitulé Napoléon le Petit en 1852. Il y dresse un portrait cruel et sans concession de Napoléon III. En 1853, le recueil de poèmes Les Châtiments est publié en Belgique. Cet ouvrage possède une structure prophétique : entre Nox (« la nuit », c'est-à-dire le coup d'État de 1851) et Lux (« la lumière », pour la liberté et la république retrouvée), 98 poèmes expriment le mépris de l'auteur pour les crimes des deux Napoléon. L'ouvrage est interdit en France et paraît pour la première fois en 1870, après la chute de l'Empereur. Il connaît alors un immense succès.
• Victor Hugo rentre en France le 5 septembre 1870, au lendemain de la proclamation de la IIIe République. Accueilli triomphalement par les Français, élu député puis sénateur, il reste une figure importante de la République jusqu'à sa mort en 1885. Des funérailles nationales sont alors organisées, qui rassemblent près de 2 millions de personnes. Victor Hugo est inhumé au Panthéon, véritable temple républicain consacré à la mémoire des grands hommes de la nation.
• Encore aujourd'hui, les nombreuses rues, places et écoles au nom de Victor Hugo témoignent de l'importance de cette figure dans l'imaginaire républicain.