Le propos doit être construit de façon à être clair et permettre le déroulement logique du raisonnement. Le correcteur doit pouvoir comprendre immédiatement les étapes du raisonnement qu'il lit et l'idée défendue.
Il faut commencer par réfléchir à des éléments de réponse : des exemples, des concepts vus en cours, des thèses d'auteurs, etc. À partir de ceux-ci, on peut dégager les différentes réponses et les étapes de l'argumentation. Il existe ensuite deux grandes méthodes pour organiser des idées.
I. Partir des idées pour aboutir au plan
D'abord, on recherche des idées en écrivant ce à quoi le sujet nous fait penser, les connaissances que l'on peut utiliser. Puis on organise les arguments en fonction du point de vue qu'ils permettent de défendre. Une fois regroupés, on peut évaluer si l'on a un plan cohérent ou s'il faut en modifier certaines parties.
Pour chaque argument, il faut se demander s'il répond positivement ou négativement au sujet. Avec quel argument entre-t-il en contradiction ? Quel argument confirme-t-il ? Remet-il en cause le présupposé du sujet ? Nuance-t-il les propos précédents ? Constitue-t-il un aspect différent d'un même point de vue ?
II. Partir de la démonstration
Si l'on a déjà une idée de certaines tensions entre des concepts, de certaines questions à soulever ou de certaines oppositions, on peut essayer d'établir comment défendre au mieux telle position.
Souvent, établir un plan, c'est alterner entre ces deux façons de procéder : à mesure que l'on pose des questions, que l'on développe des idées, de nouveaux liens ou de nouvelles perspectives apparaissent et peuvent être exploités. Certaines idées qui auront émergé à cette étape ne figureront pas dans le plan final et seront finalement rejetées.
Pour construire un plan, on peut s'aider d'un tableau organisant les différents arguments et réponses qu'ils proposent au sujet, ou d'un schéma avec des flèches représentant la progression logique.
III. Différents types de plans
Pour un même sujet, plusieurs types de plans peuvent être employés. Prenons par exemple le sujet suivant : « Faut-il apprendre à être libre ? »
1. Le plan dialectique. La première partie développe une réponse évidente au sujet ; la deuxième partie montre l'insuffisance de cette première thèse ; la troisième partie construit la réponse par une articulation des deux premières parties.
Partie I : Oui, l'apprentissage permet la liberté. Partie II : Non, l'apprentissage est contraire à la liberté. Partie III : La liberté est toujours conditionnée : elle n'est pas illimitée mais l'apprentissage permet d'être plus libre que l'absence d'apprentissage.
2. Le plan aporétique. La première partie développe une réponse évidente au sujet ; la deuxième partie montre l'insuffisance de cette première thèse ; la troisième partie révèle en quoi il est impossible de répondre au sujet.
Partie I : Oui, l'apprentissage permet la liberté. Partie II : Non, l'apprentissage est contraire à la liberté. Partie III : On ne peut établir si la liberté est une réalité, c'est-à-dire si l'on est capable d'échapper aux influences, et donc dire si l'apprentissage détermine la liberté.
3. Le plan analytique. La première partie construit un point de vue qui répond au sujet selon un axe de définitions ; la deuxième partie construit un autre point de vue à partir d'un autre axe ; la troisième partie enrichit la réflexion d'un troisième point de vue.
Partie I : La liberté se détermine par un apprentissage des gestes. Partie II : La liberté suppose des connaissances pour permettre un usage de la raison. Partie III : La liberté suppose un apprentissage citoyen pour vivre en société.
4. Le plan renversement. La première partie développe une réponse évidente au sujet ; la deuxième partie montre l'insuffisance de cette première thèse ; la troisième partie tente de proposer un renversement du présupposé de la question.
Partie I : Oui, l'apprentissage permet la liberté. Partie II : Non, l'apprentissage est contraire à la liberté. Partie III : La liberté ne dépend pas d'un apprentissage individuel mais de conditions sociales d'existence (richesse, droits, réputation…).
Les plans à éviter
Certains plans ne permettent pas de développer un propos rigoureux et nuancé et sont donc à éviter :
\bullet Le plan « auteur » consiste à énoncer « Descartes a dit que… », « Kant a dit que… ».
\bullet Le plan « relativiste » consiste à dire « d'un certain point de vue, oui », « d'un certain point de vue, non », et donc « parfois oui, parfois non ». Il faut plutôt essayer d'analyser pourquoi des réponses contradictoires sont possibles et apporter une vraie conclusion. Si l'on se demande : « Est-il moral de voler ? » Partie I : Non, ce n'est pas bien. Partie II : Mais cela peut l'être si l'on nourrit sa famille. Partie III : Alors parfois c'est moral, parfois non. Cette conclusion est insuffisante : il faut plutôt chercher pourquoi, du point de vue moral, le vol peut devenir moral (la dignité d'une vie vaut mieux que le prix d'une chose, par exemple).