La décolonisation s'affirme dès 1945 comme l'un des phénomènes majeurs de l'après-guerre. En moins de trente ans, les puissances européennes doivent abandonner leurs colonies. De nouveaux États apparaissent. Quelles sont les étapes de cette marche vers l'indépendance ?
I. Un phénomène déjà ancien
• Dès le début du xxe siècle, des mouvements nationalistes apparaissent dans les colonies. Nourries par les idéaux occidentaux, formées parfois dans les universités européennes, les élites locales reprennent à leur compte les principes des droits de l'homme (liberté, égalité, démocratie). En Inde, par exemple, entre les deux guerres, Gandhi dénonce l'occupation britannique et organise de vastes manifestations pacifiques. Le mouvement nationaliste algérien se développe à partir de 1926 avec Messali Hadj. Enfin, le démantèlement de l'Empire ottoman, après la Première Guerre mondiale, fait figure de précédent : le Liban, la Palestine et la Syrie sont placés sous mandats français ou britannique dans l'attente d'une prochaine autodétermination. L'idée que ces anciennes colonies puissent un jour accéder à l'indépendance est ainsi énoncée par les Occidentaux eux-mêmes.
• Les nationalistes réclament de pouvoir prendre en main leurs propres destinées. Ils demandent le transfert des pouvoirs politiques contrôlés par les Européens aux élites locales. Plus que d'indépendance, on parle volontiers d'autonomie avant la Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire d'une indépendance restreinte aux affaires intérieures.
II. L'accélération de la décolonisation
1. L'impact de la Seconde Guerre mondiale
La guerre a considérablement affaibli les puissances coloniales. Elles sont vaincues (la France, la Belgique, les Pays-Bas) ou mises en difficulté (le Royaume-Uni) par l'Allemagne et perdent de leur prestige aux yeux des peuples colonisés.
• En échange de leur participation à la guerre, les peuples colonisés reçoivent des promesses d'indépendance. En 1944, à Brazzaville, le général de Gaulle évoque leur participation à « la gestion de leurs propres affaires ». Dans les Indes britanniques, les élites locales acceptent de mettre un frein à leurs revendications pour le temps de la guerre, contre l'indépendance à la victoire.
• Les grands vainqueurs de la guerre (les États-Unis et l'URSS) condamnent tous deux le colonialisme et encouragent les mouvements d'indépendance : les États-Unis en raison de leur statut d'ancienne colonie, l'URSS par souci de saper les fondements des puissances occidentales. L'ONU réaffirme, en 1948, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (Déclaration universelle des droits de l'homme) : pourquoi ce droit serait-il restreint aux peuples d'Europe ?
2. En Asie
• En Asie, de nombreux chefs indépendantistes, comme le Vietnamien Hô Chi Minh ou l'Indonésien Sukarno, se montrent sensibles aux idées communistes anticoloniales. Surtout, l'occupation japonaise– et sa propagande anti-blanc – a porté un coup décisif au prestige des Occidentaux. À peine le Japon a-t-il évacué l'Indochine, en 1945, que déjà le Viêt Nam (partie de l'ex-Indochine française) proclame son indépendance, bientôt suivi par l'Indonésie.
• En 1947, la Grande-Bretagne comprend la première que le processus est inéluctable et accorde son indépendance à l'Inde. Faute d'entente entre hindous et musulmans, et malgré l'opposition de Gandhi, la négociation débouche sur le partage en deux États : l'Union indienne et le Pakistan. La séparation provoque des déplacements massifs de populations et des massacres. Les deux États conservent cependant une place dans le Commonwealth.
• La France adopte une politique différente, et tente de demeurer en Indochine, au prix d'une longue guerre (1946-1954). Après le désastre de Diên Biên Phu, en 1954, elle doit cependant se retirer. Son ancienne colonie est alors divisée en plusieurs États : Viêt Nam du Nord (communiste), Viêt Nam du Sud, Laos et Cambodge.
• Dans la même région, l'Indonésie obtient son indépendance en 1949, après un conflit de deux ans contre les Pays-Bas.
3. L'extension de la décolonisation
• Les succès obtenus par les peuples asiatiques encouragent d'autres revendications. À partir de 1955, une deuxième vague de décolonisation touche le continent africain.
• En 1956, les deux protectorats français de la Tunisie et du Maroc deviennent indépendants. Le statut particulier de l'Algérie (colonie de peuplement, elle fait partie intrinsèque du territoire français) la conduira à la guerre (1954-1962).
• Les colonies françaises d'Afrique noire obtiennent l'indépendance de façon plus pacifique : en 1956 sont créées des assemblées locales élues au suffrage universel (loi-cadre Defferre). Les différents territoires sont ensuite intégrés, à partir de 1958, dans une Communauté française (qui leur octroie l'autonomie, tout en les plaçant sous l'autorité de la France en matière de politique étrangère). En 1960, les pays africains colonisés par la France, mais pas encore l'Algérie, accèdent à l'indépendance.
• Dans les années 70, le mouvement s'étend à l'Océanie (les Fidji), aux Caraïbes (les Bahamas) ou aux anciennes colonies portugaises d'Afrique (l'Angola, le Mozambique).
Exercice n°1
En 1947, le Royaume-Uni accorde son indépendance à :
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
l'Inde.
l'Indochine.
l'Indonésie.
Longtemps promise, dès la Première Guerre mondiale en fait, l'indépendance de l'Inde lui est accordée en 1947, juste après la Seconde Guerre mondiale. Mais cette indépendance, au grand désespoir de Gandhi, mène à la partition du pays, entre une Inde hindoue et un Pakistan musulman.
Exercice n°2
Quand a eu lieu la guerre d'Algérie ?
Cochez la bonne réponse.
1946-1954
1954-1962
1954-1968
1979-1989
La guerre d'Algérie dure huit ans, de 1954 à 1962. Sa longueur et sa dureté s'expliquent par la présence, en Algérie, d'environ 1 million de colons français. Elle débute à la Toussaint (1er novembre) 1954 par des attentats du Front de libération nationale (FLN) contre la colonisation française. Elle s'achève en 1962, par les accords d'Évian, signés le 18 mars 1962, qui accordent à l'Algérie son indépendance, célébrée le 5 juillet 1962.