Les puissances européennes contre Napoléon : la bataille de Waterloo

Napoléon Bonaparte domine la France et l'Europe de 1799 à 1814. Après une défaite militaire, il est contraint à l'exil mais réussit à s'évader pour reconquérir son trône. Il doit alors affronter les monarchies européennes coalisées lors de la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815.
En quoi la bataille de Waterloo est-elle un épisode marquant de l'histoire européenne ?
Le « vol de l'aigle » ou le retour de l'empereur
• Entre la fin du xviiie et le début du xixe siècle, la plupart des pays d'Europe sont des monarchies absolues. Les monarques européens s'inquiètent de la ferveur révolutionnaire française et vont constituer une coalition, c'est-à-dire une alliance contre la France de la Révolution et de l'Empire. Entre 1792 et 1815 se succèdent sept coalitions européennes.
• C'est en affrontant l'une d'entre elles que Napoléon subit une série de défaites militaires et l'invasion des armées coalisées. En avril 1814, il est contraint d'abdiquer, c'est-à-dire de renoncer à ses fonctions, ainsi que de s'exiler sur l'île d'Elbe, au large de la Corse.
• Le frère de Louis XVI revient alors de vingt-trois ans d'exil et monte sur le trône sous le nom de Louis XVIII. Avec la proclamation de la Charte le 4 juin 1814, une nouvelle Constitution qui garantit une partie des acquis de la Révolution française, la monarchie constitutionnelle est rétablie en France. C'est le début de la Restauration.
• Cependant, la nouvelle monarchie est vite impopulaire. Beaucoup s'inquiètent du retour des nobles émigrés et les difficultés s'accumulent. Napoléon décide alors de s'évader de l'île d'Elbe. Après presque un an d'exil, il débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815 et parvient à atteindre Paris en vingt jours. Cette traversée du territoire français, appelée par ses partisans « le vol de l'aigle », lui rallie de plus en plus de soutiens, y compris de la part de l'armée. Son entrée triomphale à Paris contraint Louis XVIII à prendre le chemin de l'exil. C'est le début des Cent-Jours, expression qui désigne la dernière période du règne de Napoléon Ier.
Une bataille décisive
• Or, les souverains européens réunis au congrès de Vienne (18 septembre 1814-9 juin 1815) refusent le retour de l'empire. Ils déclarent Napoléon hors-la-loi et décident de reprendre la guerre contre la France. C'est la septième coalition, dont les membres sont le Royaume-Uni, l'Espagne, la Russie, la Prusse, la Suède, l'Autriche, les Pays-Bas et un certain nombre d'États allemands.
Prussiens et Britanniques sont déjà positionnés en Belgique. Napoléon sait qu'il doit anticiper l'arrivée des renforts autrichiens et russes, pour éviter que la coalition ne rassemble une force écrasante. C'est pourquoi il se projette au-devant des premières troupes étrangères à Waterloo.
• La bataille a lieu le 18 juin 1815 à Waterloo, en Belgique. Il s'agit d'une bataille de mouvement qui oppose l'armée française, dirigée par Napoléon Ier lui-même, à l'armée des Alliés, dirigée par le duc de Wellington et composée de Britanniques, d'Allemands et de Néerlandais. Cette dernière est rejointe par l'armée prussienne commandée par le maréchal Blücher.
• Deux jours avant, à Ligny, Napoléon a obtenu une victoire contre les Prussiens (16 juin 1815), qui battent en retraite. Il ordonne alors au maréchal Grouchy, à qui il a confié le commandement d'une partie du contingent français, de les poursuivre pour empêcher qu'ils rejoignent l'armée de Wellington.
• Le 18 juin, sur un sol détrempé par un orage violent, Napoléon attaque les troupes de Wellington. Les défenses anglaises se montrent d'une redoutable ténacité. Le coup de théâtre de la bataille est l'arrivée des troupes prussiennes de Blücher, qui attaquent Napoléon sur son flanc de façon inattendue.
• Après dix heures de combat et plusieurs milliers de morts, l'armée française est en déroute. Napoléon abandonne le champ de bataille et rentre à Paris, d'où il abdique pour la seconde fois le 22 juin 1815.
Le retour à l'ordre monarchique
• La coalition des monarchies européennes contraint Napoléon à l'exil sur la lointaine île Sainte-Hélène, dans l'océan Atlantique sud. Il y mourra en 1821.
• Louis XVIII revient d'exil et la monarchie est une nouvelle fois restaurée en France. En outre, les trois grandes puissances européennes qui ont vaincu Napoléon s'unissent dans le but de maintenir la paix et de combattre les idées révolutionnaires. Ainsi, la Sainte-Alliance est formée le 26 septembre 1815 et réunit l'Empire russe, l'Empire autrichien et le royaume de Prusse, rejoints par le Royaume-Uni en novembre 1815 (Quadruple-Alliance).
Le traité de Paris de novembre 1815 consacre la paix européenne mais est très sévère pour la France : il l'ampute de nombreux territoires et lui impose l'entretien d'une armée d'occupation ainsi que le paiement d'une lourde indemnité de guerre. Le traité condamne fermement la Révolution et l'Empire et réclame le retour à l'ordre monarchique.
• Ainsi, la défaite de Napoléon à Waterloo marque la fin définitive de la période révolutionnaire en France et en Europe. Cela dit, les acquis de la Révolution française restent profondément inscrits dans les esprits ; quelques années plus tard, une nouvelle contagion révolutionnaire gagnera l'Europe.