Pierre Laval et « la relève »

« Je veux vous parler, aujourd'hui, avec simplicité et avec une grande franchise. Nous vivons des moments difficiles, nous aurons encore à subir des privations. Ce moment durera autant que durera la guerre [...]. De cette guerre surgira inévitablement une nouvelle Europe [...]. Pour construire cette Europe, l'Allemagne est en train de livrer des combats gigantesques. Elle doit, avec d'autres, consentir d'immenses sacrifices et elle ne ménage pas le sang de sa jeunesse : pour la jeter dans la bataille, elle va la chercher à l'usine et aux champs. Je souhaite la victoire allemande, parce que, sans elle, le bolchevisme demain s'installerait partout. [...] Ouvriers de France ! C'est pour la libération des prisonniers que vous allez travailler en Allemagne ! C'est pour notre pays que vous irez en grand nombre ! C'est pour permettre à la France de trouver sa place dans la nouvelle Europe que vous répondrez à mon appel. »
Pierre Laval, Discours radiodiffusé, 1942

L'armistice de Rethondes, signée entre la France et l'Allemagne le 22 juin 1940, marque le début de l'occupation allemande (d'abord seulement le Nord, puis tout le pays à partir de 1942). Le texte de l'armistice prévoit la collaboration de l'administration française avec les autorités allemandes : à partir de janvier 1942, le gauleiter Sauckel (surnommé le « négrier de l'Europe ») fait pression sur le gouvernement de Vichy pour qu'il envoie des travailleurs français en Allemagne. Pierre Laval accepte de faire partir 150 000 ouvriers en échange du retour de 50 000 prisonniers français. C'est le principe de « la relève », exposé dans le discours du 22 juin 1942. Il présente l'Allemagne comme le dernier rempart contre le bolchevisme et la collaboration comme une tactique pour assurer à la France sa place en Europe après la fin de la guerre.