Les multiples facteurs d'inégalités de réussite scolaire. (EC3)

Énoncé

Partie 3 d'épreuve composée
À l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez qu'il existe de multiples facteurs d'inégalités de réussite scolaire.
Document 1
Répartition des diplômes des enfants selon le niveau de diplôme du père et de la mère  (en %)
Répartition des diplômes des enfants selon le niveau de diplôme du père et de la mère  (en %)
Niveau de diplôme des enfants
Aucun diplôme
CEP
Brevet, CAP, BEP
Baccalauréat
Supérieur au bac
Diplôme du père
Aucun diplôme
32,7
16,9
30,8
9,1
10,5
CEP
8,5
11,2
43,5
14,8
22,0
Brevet, CAP, BEP
7,0
4,9
35,6
20,5
32
Baccalauréat
5,2
2,8
18,5
22,4
51,1
Supérieur au bac
3,2
1,2
16,9
13,2
65,5
Diplôme de la mère
Aucun diplôme
31,3
17,1
32,7
9,3
9,6
CEP
8,8
10,2
41,8
15,5
23,7
Brevet, CAP, BEP
4,4
3,4
34,2
19,1
38,9
Baccalauréat
1,9
0,7
16,1
22,9
58,4
Supérieur au bac
0,9
0,1
11,1
16,2
71,7

Lecture : parmi les personnes dont la mère a obtenu un diplôme supérieur au baccalauréat, 71,7 % ont obtenu eux aussi un diplôme supérieur au baccalauréat.
Champ : personnes âgées de 26 à 65 ans vivant en France métropolitaine.
Source : INSEE, 2004.
Document 2
Les élèves entrent donc en 6e avec un niveau fort inégal : en mathématiques comme en français, les 10 % d'élèves les plus forts réalisent des performances environ trois fois supérieures aux 10 % les plus faibles. […] À ces inégalités de réussite, viennent s'ajouter, à partir du collège, des inégalités tenant spécifiquement aux choix scolaires. […]. Les choix d'orientation concourent à l'accroissement des inégalités sociales au collège. En effet, dans notre pays, l'orientation est conçue comme une réponse aux demandes familiales. Or, celles-ci sont variables selon le niveau économique et culturel : on croit d'autant plus à l'utilité des diplômes et on en désire d'autant plus pour son enfant qu'on est soi-même instruit et/ou de milieu social élevé. De plus, les demandes sont marquées par une autosélection inégale selon les milieux sociaux […]. Une étude récente du ministère de l'Éducation nationale montre qu'avec moins de neuf de moyenne au contrôle continu du brevet, 66 % des familles de cadres, contre 18 % des familles ouvrières, demandent une orientation en second cycle long. […]
Projets et stratégies deviennent encore plus importants dans l'enseignement supérieur, où en particulier l'autosélection est omniprésente, notamment pour l'accès aux filières sélectives. Ainsi, les classes préparatoires aux grandes écoles, à valeur scolaire identique, sont nettement plus souvent choisies par les jeunes de milieu favorisé. Au total, le « paysage » des études supérieures est donc socialement très contrasté.
Source : Marie DURU-BELLAT, « Les causes sociales des inégalités à l'école »,
Comprendre, n° 4, octobre 2003.
Cognitives : relatives aux connaissances.
La bonne méthode
\bullet Reprendre les termes exacts du sujet dans la problématisation et la première phrase de la conclusion
\bullet Faire la distinction entre massification scolaire et démocratisation scolaire
Ce qu'il ne faut pas faire
\bullet Limiter le capital culturel à la culture générale
\bullet Analyser un document sans veiller à faire le lien avec le sujet

Corrigé

Introduction
Depuis les années 1950, la France a connu un processus de massification scolaire : une part de plus en plus grande de jeunes d'une génération a accédé à un niveau de diplôme de plus en plus élevé. En dépit de ce phénomène, il existe des inégalités dans la réussite scolaire. En effet, certains enfants ont davantage de chances de s'orienter et de réussir dans des filières prestigieuses tandis que d'autres ont plus de risques de connaître une scolarité difficile (redoublement, arrêt prématuré des études, orientation par défaut, etc.). Nous nous demanderons donc quels sont les multiples facteurs qui expliquent l'inégalité de réussite scolaire aujourd'hui en France.
Dans un premier temps, nous verrons comment l'institution scolaire contribue aux inégalités. Puis nous nous intéresserons au rôle central joué par la famille.
Plan détaillé du développement
I. Les inégalités de réussite scolaire s'expliquent par des facteurs liés à l'institution scolaire
1. La mixité sociale insuffisante dans certains établissements ou certaines filières. Les professionnels de l'éducation n'agissent pas suffisamment sur les inégalités d'ambition. Choix d'orientation à la fin de la troisième et choix d'orientation postbac, décisions de « répondre aux demandes familiales ». (document 2)
2. Les professionnels de l'éducation participent à la reproduction des stéréotypes de genre et favorisent, par exemple, involontairement la réussite des garçons au détriment de celle des filles. Lien avec la socialisation différenciée selon le genre.
II. Les inégalités de réussite scolaire s'expliquent par des facteurs liés à la famille
1. Le capital culturel (ou plus généralement la socialisation ou l'habitus) transmis par la famille explique l'inégalité des chances à l'école (thèse de Pierre Bourdieu). En 2004, en France, si les parents (père ou mère) n'ont aucun diplôme (et donc, par approximation, un capital culturel faible), l'enfant a une chance sur trois de ne pas avoir de diplôme lui non plus. À l'inverse, parmi les individus dont le père est diplômé du supérieur, les deux tiers (65,5 %) ont eux aussi obtenu un diplôme du supérieur. (document 2)
2. Le degré d'investissement des parents dans la scolarité de leurs enfants peut expliquer l'inégalité de réussite scolaire. Ici, la notion d'investissement doit être envisagée en temps et en argent. Croyance à l'utilité des diplômes de la part des parents cadres. (document 2)
3. Idée de Raymond Boudon selon laquelle les inégalités de réussite scolaire s'expliquent par des différences de stratégies des ménages : raisonnements rationnels différents quant à la poursuite d'études entre les familles favorisées et les familles populaires.
Conclusion
Pour conclure, les inégalités de réussite scolaire peuvent s'expliquer par de multiples facteurs. Tout d'abord, l'école elle-même joue un rôle important en reproduisant les inégalités sociales et en participant à la reproduction des stéréotypes de genre. Ensuite, les inégalités de réussite scolaire peuvent être le résultat de la transmission d'un capital culturel inégal entre les familles qui ont des degrés d'investissement et des stratégies différentes. Ainsi, aujourd'hui en France, la démocratisation scolaire est encore loin d'être aboutie.
Environ 110 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme. Les récentes réformes scolaires vont-elles permettre de réduire le nombre de jeunes en situation d'échec scolaire ?