Le changement climatique, un enjeu géopolitique, sujet de métropole, juin 2025 (dissertation, sujet 1)

Énoncé

Le changement climatique, un enjeu géopolitique.

Corrigé

Introduction
[Accroche] La Suédoise Greta Thunberg est aujourd'hui mondialement connue. Elle est devenue l'un des visages de la lutte contre le changement climatique. En effet, de son appel aux jeunes à faire grève pour le climat à ses discours à la tribune des principales organisations mondiales, en passant par ses actions judiciaires avec seize autres jeunes du monde entier contre des États accusés d'inaction climatique, cette militante écologiste a souligné la dimension internationale du changement climatique, aussi bien du point de vue de ses causes que du point de vue des actions à mener.
[Présentation du sujet] En effet, le changement climatique, c'est-à-dire l'augmentation de la température moyenne sur terre de plusieurs degrés par rapport à l'ère préindustrielle ainsi que les conséquences de cette augmentation, est un phénomène qui s'observe aujourd'hui partout dans le monde, à des degrés divers. Ce phénomène, déjà observable dans les années 1970, s'accélère et ses conséquences ont gagné en intensité et en fréquence. Pour limiter les impacts, les actions d'un acteur ou deux ne suffisent pas. Il faut une réponse collective de l'ensemble des États du monde.
[Problématique] Analysons plus en détail pourquoi le changement climatique est un enjeu géopolitique, c'est-à-dire un sujet qui crée des conflits et nécessite des négociations entre États à l'échelle aussi bien régionale que mondiale.
[Annonce du plan en deux parties] Nous verrons d'abord que le changement climatique est un phénomène mondial qui renforce les inégalités et les tensions entre États. Ensuite, nous montrerons que, face à un tel phénomène, seule une réponse collective est satisfaisante, mais que la réponse de la communauté internationale est aujourd'hui insuffisante.
I. Changement climatique et inégalités entre les États
Premièrement, le changement climatique est un enjeu géopolitique puisqu'il s'agit d'un phénomène mondial qui révèle et accentue les inégalités entre États et entre populations du monde.
1. Un phénomène mondial
D'abord, le changement climatique est un phénomène mondial, tant par les éléments à sa source que par l'étendue de ses conséquences. En effet, le changement climatique est avant tout le résultat d'une action anthropique. Les activités humaines liées au mode de vie capitaliste et industriel sont très fortement génératrices de gaz à effet de serre. L'usage d'énergies fossiles dans les transports et les activités productives, l'agriculture intensive, et notamment les élevages, ainsi que la déforestation augmentent la présence des gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane) dans l'atmosphère. La très grande présence de ces gaz dérègle un phénomène naturel, l'effet de serre. Ainsi, les rayonnements du soleil sont davantage contenus dans l'atmosphère (comme sous une serre) et la température moyenne sur terre s'accroît. Par exemple, en 2024, la température moyenne sur terre a passé le seuil de +1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle, soit une température moyenne sur terre au-dessus des 15 °C. Cette augmentation de la température moyenne a des conséquences mondiales, comme la fonte des glaces, la désertification, l'augmentation et l'intensification des catastrophes dites naturelles (tempêtes, inondations, méga-feux), le développement des maladies à vecteur. Par exemple, les températures augmentent fortement au niveau des pôles. Les glaciers d'eau douce fondent et viennent modifier les océans : le niveau de la mer monte sous l'effet de ces glaciers mais aussi de la dilatation de l'eau sous l'effet de la chaleur, les océans s'acidifient, les courants se modifient. Bref, ce phénomène a des conséquences à l'échelle planétaire, sur la faune mais aussi sur les populations humaines. L'ensemble des littoraux de la planète sont concernés. L'ONU estime à 250 millions le nombre de personnes qui, d'ici 2050, devront changer de lieu d'habitation du fait du changement climatique. L'enjeu est donc bien majeur et concerne toutes les parties du globe.
2. Les inégalités des responsabilités et des conséquences
Toutefois, les conséquences aussi bien environnementales que sociales et économiques sont plus importantes dans les pays dits du Sud, c'est-à-dire en développement, que dans les pays dits du Nord, c'est-à-dire industrialisés depuis le xixe siècle. Pourtant, ces derniers sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre sur le temps long. Sur le temps court, ce sont essentiellement ce groupe de pays (pays d'Europe et d'Amérique du Nord, Australie, Japon) et les pays dits émergents (Chine, Inde) qui sont les principaux émetteurs. Le changement climatique révèle donc et accentue les inégalités et les tensions entre pays. Les principales zones qui subissent le changement climatique sont l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud, l'Afrique subsaharienne et australe et l'Asie du Sud-Est. C'est là que l'on observe par exemple la désertification la plus importante. En 2020, en Afrique australe, c'est-à-dire au Zimbabwe, en Zambie, au Mozambique, à Madagascar, 45 millions de personnes étaient concernées par la famine résultant de cette désertification. La responsabilité et le poids à payer sont différents et montrent de fortes disparités entre États. Les tensions sont donc fortes entre pays pollueurs et pays qui subissent les conséquences. Ceux-ci ont désormais comme cheval de bataille de faire accepter la notion de dette climatique au sein de la communauté internationale. Pour les pays en développement, les pays pollueurs sont redevables de la pollution qu'ils ont générée.
 Ainsi, le changement climatique met le monde en tension : tension face à des catastrophes de plus en plus fréquentes et dévastatrices, qui modifient profondément la manière d'habiter le monde, tension entre États sur les responsabilités et les dommages de chacun. Face à ce phénomène mondial, seule une réponse collective de la communauté internationale peut fonctionner.
II. Le climat, un enjeu majeur des relations internationales
Deuxièmement, le changement climatique est un sujet qui doit être au cœur des discussions et des engagements internationaux.
1. Premiers engagements mondiaux
Depuis 1990, le changement climatique est devenu un des sujets majeurs de discussion au sein des institutions internationales. Dès 1992 et le Sommet de la Terre de Rio, les États du monde signent la première Convention Climat. Cette convention crée les Conférences des Parties (les COP), c'est-à-dire des réunions internationales annuelles rassemblant États et organisations supranationales. Lors de ces COP, plusieurs engagements internationaux ont été pris. Ainsi, en 1997, est signé le Protocole de Kyoto. Son but est d'inciter (et non de contraindre) les pays anciennement industriels à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. De même, la COP21 à Paris en 2015 aboutit à l'Accord de Paris. C'est la première fois que tous les pays prennent des engagements. Ensemble, ils doivent limiter la hausse des températures à deux degrés d'ici 2100 par rapport à l'ère préindustrielle. Les engagements sont différenciés en fonction des responsabilités climatiques de chaque acteur. Le changement climatique est ainsi devenu un sujet central de l'agenda international.
2. Une action internationale limitée
Cependant, malgré ces textes prometteurs, les résultats sont aujourd'hui décevants. Les États ne s'impliquent pas à la hauteur de leurs engagements, et le fonctionnement des institutions internationales fait que la contrainte est très faible. En effet, nourris par le climato-scepticisme d'un Jair Bolsonaro pour le Brésil ou d'un Donald Trump pour les États-Unis, plusieurs États n'ont pas mis en place d'actions afin de tenir leurs engagements, voire se sont retirés temporairement des protocoles ou accords signés. Pour beaucoup d'États, le dilemme entre respect des engagements et appui des grands groupes industriels, et notamment des lobbies pétroliers, reste très prégnant. La France par exemple est poursuivie auprès du Comité des droits de l'enfant des Nations Unies pour inaction climatique. Il en est de même pour l'Allemagne, le Brésil, la Turquie et l'Argentine. Par ailleurs, les Nations Unies n'ont que peu de pouvoir de contrainte sur ce sujet. Les États les plus pollueurs font partie du Conseil de Sécurité de l'ONU, et, à l'Assemblée générale, ce sont essentiellement des déclarations de principe qui sont votées. Modifier les institutions et les clauses des accords pour rendre ceux-ci plus contraignants est donc primordial pour que le changement climatique soit réellement pris à bras-le-corps par la communauté internationale, au risque de voir encore les tensions et les inégalités s'accentuer à toutes les échelles.
Conclusion
En conclusion, le changement climatique est un enjeu géopolitique même si la communauté internationale ne s'en saisit que partiellement et limite souvent son travail à des discours d'affichage plus qu'à des actions réelles. En effet, les modifications climatiques se déroulent à l'échelle planétaire et elles discriminent fortement les États. Ce ne sont pas les plus pollueurs qui subissent le plus de dommages. Les tensions entre ces types d'États mais aussi entre États voire territoires voisins – notamment pour la question des personnes déplacées – risquent de s'accentuer si l'inaction reste de mise. Certes, depuis les années 1990, de nombreux engagements internationaux ont été pris, témoignant d'une prise de conscience des décideurs politiques et économiques. Néanmoins, les actions en place actuellement sont insuffisantes. Le GIEC – Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat – alerte régulièrement : en l'état, l'accord de Paris de ne pas dépasser la barre des 2 °C ne sera pas respecté. D'ici 2500, la barre des 2 °C devrait être franchie. Il est donc urgent d'établir des contraintes aux engagements internationaux et de valoriser un autre modèle que celui du capitalisme basé sur la surexploitation des ressources et des êtres humains.