L'État est un ensemble d'institutions qui organisent la vie d'une société. Mais quelle est son origine ? quel est son intérêt ? et est-il indispensable ?
L'origine de l'État remonte à l'Antiquité. Depuis cette époque, les hommes vivent en cité. En grec, une cité se dit polis, d'où la célèbre phrase d'Aristote : « L'homme est un animal politique. » Depuis lors, les hommes tâchent de faire évoluer leur organisation notamment grâce au débat démocratique. Dans cette évolution, la Renaissance marque un tournant en opposant état de nature et état civil. Dans le Léviathan, Hobbes pose que, à l'état de nature, « l'homme est un loup pour l'homme ». Pour assurer leur survie, les hommes créent une institution qui restreint la liberté de chacun. Au xviiie siècle, Rousseau expose les bases d'un État démocratique. Il explique que, à travers le « contrat social », le peuple est son propre souverain. Il se gouverne selon « la volonté générale » exprimée par le vote. Rousseau affirme que l'obéissance à cette loi est liberté, contrairement à la soumission à un tyran.
L'intérêt de l'État est de transcender les intérêts individuels au profit de l'intérêt collectif. Dès lors, les hommes reconnaissent rationnellement la nécessité des lois qui les encadrent. Pour Hegel, la loi devient donc l'expression de la Raison universelle.
Marx nuance ce propos : oui, en droit, tous les citoyens sont égaux ; sauf que, dans les faits, l'État sert les intérêts de la classe bourgeoise dominante en exploitant les travailleurs. La finalité du marxisme est donc de destituer l'État capitaliste pour instituer le communisme, seul régime à même de servir l'intérêt de tous.
L'utilité de l'État est pourtant contestée par l'anarchisme. Cette théorie politique milite pour la disparition de l'État. En s'organisant librement, les individus sauraient faire naître une harmonie. En complément de ces théories, des anthropologues comme Pierre Clastres ont montré que, dans la pratique, les sociétés tribales sont des sociétés sans État. Le chef de tribu a alors un double rôle : servir de médiateur et faire vivre la tradition culturelle dans laquelle chaque individu doit se reconnaître.
Aujourd'hui, la question de l'État se pose avec une triple acuité : à grande échelle, via la mondialisation et la multiplication des organisations internationales ; à petite échelle, via la montée en force des communautarismes ; à l'échelle individuelle, via l'équilibre fragile entre sécurité des citoyens et limitation des libertés. Preuve que la notion d'État reste à la fois moderne et largement à débattre !