Après s'être exprimé sans discontinuer pendant dix minutes, un double défi se pose : rester dans la dynamique de l'exposé et en même temps changer de disposition mentale.
Les objectifs du dialogue - illustration 1
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Dans la continuité de l'exposé
L'épreuve n'offre pas de répit. Il reste encore dix minutes à négocier. Donc pas de soupir ou de mimique de soulagement. Il faut se reconcentrer immédiatement. Et en même temps, le type de concentration devient différent. Pendant dix minutes, vous venez de prononcer un discours structuré dans ses moindres détails, sur lequel vous vous êtes entraîné. La prestation dépend donc grandement de votre capacité à vous remémorer vos notes et à les mettre en voix.
Or, à présent, il faut faire preuve de souplesse, accepter les questions ou remarques imprévisibles. Il s'agit de s'ouvrir à un inconnu plus grand que l'exposé, puisque le dialogue repose sur l'orientation qu'en donne le jury. Mais cet inconnu n'est pas aussi abyssal que vous ne le croyez.
Un exposé à compléter
Lors de la préparation de votre projet et de vos entraînements à l'oral, vous vous rendrez compte que vous ne pourrez qu'effleurer certains enjeux. Vous ne pourrez rien approfondir véritablement. L'approfondissement ne peut intervenir que dans les dix minutes restantes du grand oral.
Pour la satisfaction intellectuelle de votre jury et vous-même, le dialogue et le retour sur votre réflexion ont pour vocation de compléter ce que vous avez exposé jusqu'alors.
L'entretien peut prendre plusieurs directions différentes. On vous demandera de :
préciser, voire clarifier, un détail de l'exposé ;
approfondir et développer une idée ou un raisonnement ;
élargir votre propos à d'autres cas d'application ;
prendre du recul sur le thème général abordé, en lien avec l'avenir par exemple ;
croiser votre sujet avec d'autres problématiques ou d'autres disciplines.
L'idéal serait d'être prêt à parer à toute éventualité. Il faut non seulement maîtriser parfaitement le contenu scientifique de son exposé, mais aussi être capable de répondre à des questions sur n'importe lequel de ces prolongements.
→ Reportez-vous à l'étape n° 9 du carnet de bord.
Aider son jury
Le jury aura sûrement préparé des questions, mais pas forcément. Il saisira volontiers certaines perches qu'un candidat lui tendrait. Du moins, susciter sa curiosité et son désir d'en savoir plus ne peut que jouer en votre faveur, si vous vous y êtes bien préparé.
Ainsi, un premier bon moyen pour ne pas décrocher de son oral consiste à suggérer des idées de questions à son jury. Votre exposé doit comporter entre trois et cinq moments lors desquels vous laissez entendre que vous seriez capable de prolonger votre réflexion, de développer une démonstration, d'évoquer des faits, des données, mais que vous pourriez difficilement intégrer tant de détails dans dix minutes de prise de parole.
Voici quelques exemples de formules que vous pouvez glisser dans votre exposé :
• « …sur lequel je ne pourrai cependant pas m'attarder… »
• «…dont je ne pourrai pas détailler les événements… »
• « …je ne pourrai matériellement tout expliquer, mais… »
Attention à ne pas exagérer votre connaissance de ce dont vous n'avez pas le temps de parler. Le jury risquerait de vous pousser dans vos retranchements avec des questions trop pointues.
De même, ne passez pas trop de temps à dire que vous n'allez pas traiter tel ou tel aspect, alors que vous auriez pu tout aussi bien le traiter pendant le temps que vous avez mis à vous justifier !
« La prétérition »
Quand on affirme qu'on ne dira pas quelque chose, mais que ce faisant, on le dit quand même – même en le niant ! – on fait une prétérition. Cette figure de style est typique de certains discours politiques qui versent dans le registre polémique.
Par exemple : « Je ne m'attarderai pas sur l'hypocrisie de mon adversaire, qui a accumulé fausse promesse sur fausse promesse afin de soudoyer notre électorat, et je n'irai pas jusqu'à dire que cette sournoiserie confine au crime. Je me contenterai de souligner les incohérences de ses propositions. »
Ce texte fictif comporte deux types de prétéritions. Une première réside dans le verbe « ne pas s'attarder ». S'il s'était arrêté à « adversaire », il ne se serait effectivement pas attardé sur son hypocrisie. Mais la subordonnée relative suivante développe précisément cette hypocrisie. Cette prétérition atténuée (parce qu'il aurait peut-être pu s'étendre bien davantage !) en précède une véritable.
Le locuteur dit qu'il ne dira pas précisément ce qu'il est en train de dire. Il s'agit d'une tournure rhétorique qui relève de la litote. En niant, on prétend masquer, passer sous silence, mais on obtient l'effet inverse : on suggère plus.
Dans le cadre du grand oral, si l'on opte pour la prétérition, il est vivement conseillé d'avoir recours au premier type, à l'aide par exemple des formules suivantes :
• « Je ne m'attarderai pas sur… »
• « Je ne m'étendrai pas sur ce point précis, si fascinant soit-il… »
Une conversation
Dans l'idéal, le dialogue aboutit à une véritable conversation. On se met dans la peau d'un interlocuteur et non d'un interrogé. Le jury cherche à évaluer et tester le candidat, mais aussi à passer un bon moment. Bien sûr, le caractère du jury dépend d'une personne à l'autre. Certains examinateurs peuvent sembler froids ; d'autres joviaux. Il ne faut en tirer aucune conclusion quant à la valeur de la prestation, et encore moins la note finale obtenue.
À éviter coûte que coûte
\bulletSe relâcher juste après l'exposé.
\bulletDonner l'impression que le dialogue relève de l'improvisation.
\bulletLaisser entendre dans l'exposé qu'on est capable d'approfondir certains aspects, alors qu'il n'en est rien.
\bulletRefuser de répondre à une question. Avec de la bonne volonté et une bonne préparation, on trouve toujours une façon de répondre.
Qualité des connaissances
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