La rhétorique, qui désigne l'art et la science des discours, a mis en évidence des critères qui rendent la parole efficace, selon la situation et les interlocuteurs. Or, les règles majeures de la rhétorique ont peu évolué depuis l'Antiquité, époque lors de laquelle l'art de bien parler a prospéré.
Des règles antiques
Chez les Grecs, l'histoire retient les deux grands logographes (auteurs de discours) Isocrate et Démosthène, qui ont vécu aux ve et ive siècles avant notre ère. Le philosophe Aristote a aussi joué un rôle de théoricien, dans sa Rhétorique.
Quelques siècles plus tard, Cicéron (106-43 av. J.-C.) a ébloui Rome par son éloquence. Les discours ainsi que les traités de cet éminent avocat et homme d'État ont connu une grande résonance. Ses succès publics ainsi que la pertinence des conseils rhétoriques qu'il diffusait, font de lui l'un des orateurs les plus respectés.
Enfin, le rhéteur Quintilien (35-96), par sa synthèse des grands principes rhétoriques, continue de faire autorité. Dans son Institution oratoire, il a constitué une somme de toutes les règles générales d'un discours efficace. Il revient sur les différents types de prise de parole dans une multitude de contextes pour prodiguer des conseils adaptés à chaque situation. Son œuvre est abondamment nourrie de références aux grands rhétoriciens qui l'ont précédé et il n'hésite pas à montrer que tous ne sont pas nécessairement d'accord avec lui. Aujourd'hui encore, les parties du discours retenues sont celles que Quintilien a théorisées.
L'histoire de la rhétorique ne s'est pas arrêtée là, puisque de grands penseurs au Moyen Âge, à la Renaissance et plus récemment, ont raffiné, ajouté, retranché certaines règles. Mais les grandes lignes ont véritablement été résumées par Quintilien.
La naissance de la rhétorique
La rhétorique serait née en Sicile, et plus particulièrement à Syracuse, au ve siècle avant notre ère, alors sous domination grecque. De nombreuses injustices ont conduit les habitants à se soulever démocratiquement et à intenter des procès de propriété envers les gouverneurs. Plusieurs intellectuels ont alors dispensé des conseils au peuple pour bien se défendre lors de procès, qui, à l'époque, ne comportaient pas d'avocats. L'un d'eux, Corax, aurait alors écrit le premier manuel de rhétorique. Il serait même le premier à avoir divisé le discours en plusieurs parties.
L'exposé
Comment tirer profit des principes rhétoriques issus de l'Antiquité dans un exposé de cinq minutes ? Il ne sera pas question de les appliquer rigoureusement, mais de s'inspirer de leur esprit. C'est le type d'organisation du discours qui a prouvé son efficacité et non une application à la lettre des préceptes de Quintilien. Or, pour ce dernier, la préparation d'un discours passe par cinq phases :
L'invention (inventio en latin) : trouver quoi dire ; et à ce stade, vous avez déjà sûrement trouvé vos deux questions.
• La disposition (dispositio) : la bonne organisation de votre discours.
• Le style (elocutio) : la rédaction de votre discours, le niveau de langue et les figures de rhétorique employées.
L'action (actio) : la gestuelle et la prononciation du discours.
• La mémoire (memoria) : l'apprentissage du discours.
Un discours ne peut remporter de succès qu'en fonction du contexte de la prise de parole et de l'auditoire. Par exemple, un bon exposé du grand oral devant des examinateurs n'aura pas du tout la même teneur ni le même ton qu'un bon discours d'un dirigeant de parti politique devant ses partisans. Ainsi, le registre sera essentiellement didactique – ou explicatif – et il s'agira de convaincre son jury par des arguments tangibles et non miser sur les émotions, même si vous devez exprimer votre appropriation personnelle du sujet. Il s'agira surtout de respecter les quatre moments du discours.
Deux registres du discours
Registre polémique (du grec polemos : « guerre, combat ») : défense d'un point de vue avec détermination, vivacité et parfois agressivité. Quand un adversaire est ciblé, l'orateur cherche à l'attaquer, le discréditer, le dévaloriser. L'apologie d'un principe ou d'une cause passe par des hyperboles, un appel aux sentiments, des anaphores, des questions rhétoriques.
Les parties du discours - illustration 1
Le Greco, Le Christ chassant les marchands du Temple, 1600.
Registre didactique (du grec didaktikos : « qui sert à l'enseignement ») : explication claire, logique et structurée d'une idée. Ce registre, très répandu, est propre à la transmission d'un savoir. Tout professeur ou conférencier l'utilise couramment. Les connecteurs logiques, le présent de vérité générale et les arguments factuels en sont les principales caractéristiques.
Les parties du discours - illustration 2
Rembrandt, La Leçon d'anatomie du docteur Tulp, 1632
Les quatre moments du discours
L'organisation du discours (la dispositio) comporte quatre étapes : l'exorde (exordium), la narration (narratio), l'argumentation (confirmatio) et la péroraison (peroratio). Lors d'une joute verbale, d'un débat ou d'un procès, on a coutume d'inclure dans l'argumentation la réfutation des arguments adverses.
Mais lors du grand oral, il n'en sera pas question. Il faudra surtout prendre soin, lors de l'élaboration de l'exposé de cinq minutes, de distinguer ces parties, même si elles seront nécessairement réduites. Chaque moment du discours importe.
→ Reportez-vous à l'étape no 11 du carnet de bord.
Le vocabulaire des métiers de la rhétorique
Rhétoricien : théoricien spécialiste de la rhétorique, qui établit les règles générales d'un discours efficace.
Rhéteur : maître de rhétorique, qui enseigne l'art de bien parler.
Logographe : auteur de discours pour des procès ou toute prise de parole publique.
Orateur : homme qui prononce le discours.
Qualité et construction de l'argumentation
Les parties du discours - illustration 3