Réponse à une question problématisée : comment l'Union européenne fait-elle face au défi des inégalités territoriales ?

Énoncé

Réponse à une question problématisée : comment l'Union européenne fait-elle face au défi des inégalités territoriales ?
La bonne méthode
\bullet Commencer chaque partie par une phrase énonçant l'idée générale qui y est développée. Aller à la ligne et marquer un alinéa à chaque changement d'idée. En effet, une sous-partie doit comporter un argument clé expliqué et justifié par au moins un exemple précis.
\bullet En fin de partie, ne pas oublier de proposer une phrase de transition qui permette d'introduire le thème de la partie suivante, et ainsi de donner une cohérence d'ensemble à votre argumentation. Les parties doivent être d'une longueur similaire : pour cela, veiller à ce que le plan soit équilibré.

Corrigé

L'analyse du sujet
Ce sujet invite à mobiliser la notion de cohésion territoriale, centrale dans le programme de géographie de terminale : la politique de cohésion est au cœur du projet européen et vise à réduire les écarts de développement entre les États membres et les régions de l'Union. L'objectif de votre travail de réflexion au brouillon est non seulement de remobiliser cette notion, mais également de dégager un ensemble de questions qui guidera votre argumentation. Quelles sont les inégalités territoriales entre pays membres de l'UE et comment cette dernière cherche-t-elle à les atténuer ? Quels sont les instruments et les moyens de la politique de cohésion européenne ? Quelles sont les limites de la cohésion territoriale européenne et quels sont les défis restants à relever ?
Ces questionnements vous permettent de dégager un plan : ici, il est possible de commencer par présenter la politique de cohésion européenne avant de réfléchir à ses limites et aux défis qui restent à relever. Vous pouvez également faire l'inverse, c'est-à-dire commencer par présenter les inégalités territoriales à l'intérieur de l'Union européenne avant de détailler les politiques mises en œuvre pour y faire face.
Les grandes lignes de l'introduction
• Définir la notion de cohésion territoriale et rappeler en quoi elle constitue un enjeu central pour l'Union européenne. En effet, l'objectif de cohésion économique et sociale est mis en avant dès le traité de Rome en 1957 et se voit confirmé à la faveur des élargissements successifs de l'Union européenne ;
• À ce titre, rappeler brièvement le contexte géopolitique de consolidation du projet européen et l'intégration des États d'Europe de l'Est anciennement « communistes », qui accusent un retard économique important par rapport à l'Europe de l'Ouest.
• Cela permet de présenter le sujet en le contextualisant, avant de poser une problématique et d'annoncer le plan.
La première partie rédigée
Pour atténuer les inégalités territoriales entre régions et États membres, la politique de cohésion, au cœur du projet européen, se décline en différents instruments et moyens d'action qui ont fait leurs preuves.
En effet, le projet d'une organisation supranationale se heurte dès ses balbutiements au défi de la diversité des territoires en Europe, à toutes les échelles. En 1957, le traité de Rome crée la Communauté économique européenne avec six États fondateurs. Si les régions qui font partie intégrante de la mégalopole européenne sont très dynamiques économiquement, d'autres, comme l'Italie du Sud, accusent un important retard de développement. C'est pourquoi la politique de cohésion territoriale est au fondement du projet européen dès 1957. Elle est consacrée par l'Acte unique européen de 1986 et se trouve institutionnalisée par le traité de Maastricht (1992). Elle devient de plus en plus déterminante au fur et à mesure des élargissements successifs de l'Union européenne, qui intègrent les pays d'Europe de l'Est anciennement communistes au début des années 2000.
Dans le but d'atténuer les inégalités économiques et sociales, l'Union européenne consacre un tiers de son budget à la distribution d'aides aux régions en retard ou en difficulté : anciens pays communistes, régions ultrapériphériques, espaces ruraux et zones de haute montagne notamment. Cette politique de redistribution, fondée sur la solidarité entre les territoires, est assurée par des fonds structurels. Le fonds de cohésion (FC) aide les États les plus pauvres (notamment en Europe de l'Est et du Sud) tandis que le Fonds européen de développement régional (FEDER) agit pour le développement des régions en difficulté, en lien avec le Fonds social européen (FSE). Cette politique, qui repose sur un partenariat entre acteurs (Commission européenne, autorités nationales et régionales) permet ainsi de réduire les déséquilibres mais aussi d'accroître l'attractivité des territoires à travers la subvention de projets qui répondent à des objectifs de compétitivité.
Cette politique a montré son efficacité en permettant une réduction des inégalités internes. Les fonds structurels ont permis à plusieurs États de réaliser d'importants progrès économiques, aux régions industrielles en crise de se reconvertir ou encore aux régions ultrapériphériques de surmonter en partie leurs difficultés. Les inégalités territoriales sont moins importantes dans l'Union européenne qu'au sein d'autres grands ensembles comme l'Amérique du Nord, et cette politique solidaire a permis une hausse globale du niveau de développement. C'est pourquoi on peut dire que l'Union européenne est aujourd'hui l'organisation régionale la mieux intégrée au monde.
Cela dit, la politique de cohésion européenne présente des résultats contrastés. Elle fait aujourd'hui débat et doit être adaptée face aux nombreux défis qui restent à relever.
Le plan détaillé de la deuxième partie
II. Des résultats contrastés et de nombreux défis à relever
1. Des résultats contrastés
Ici, vous pouvez évoquer les tensions internes entre acteurs concernant l'usage des fonds. Par exemple, certains États souhaitent soutenir davantage la compétitivité (pays scandinaves).
Cette politique de cohésion entraîne aussi une certaine dépendance de la part des régions aidées.
Enfin, la politique de cohésion développe surtout une approche économique de la solidarité, au détriment d'une approche sociale qui apparaît fragile et peu visible. Les inégalités territoriales restent fortes, et ce d'autant plus que les périphéries méridionales, déjà fragilisées, sont confrontées à la question migratoire sans qu'une politique commune parvienne à émerger.
2. De nouveaux défis
Le défi des inégalités économiques et sociales s'accentue avec l'élargissement de l'UE à 27 États membres, et ce d'autant plus que la mondialisation accroît la hiérarchisation des territoires.
À ce défi s'ajoutent de nouveaux enjeux territoriaux : le défi d'une politique commune d'accueil, de répartition et d'intégration des migrants, ou encore le défi environnemental.
3. L'Union européenne, entre fragilisation et adaptation
L'Union européenne connaît aujourd'hui une crise d'efficacité et de légitimité : montée des partis eurosceptiques, impact possible du Brexit (perte de 10 % du budget). Face aux nouveaux défis qui se posent, l'Union européenne adapte sa politique : par exemple, des critères supplémentaires sont pris en compte dans l'attribution des aides financières, comme l'accueil des migrants ou la question climatique.
Ne pas confondre…
Cohésion et intégration
Ces notions, toutes deux centrales dans le programme de géographie de terminale, ne doivent pas être confondues.
La cohésion désigne le caractère d'un ensemble dont les parties sont associées et solidaires entre elles. Ainsi, la cohésion économique, sociale et territoriale d'une communauté désigne l'ensemble des actions entreprises pour maintenir un équilibre et une harmonie entre ses membres dans les secteurs de la croissance, de l'emploi et de l'aménagement du territoire. Dans le cas de l'UE, c'est la politique de cohésion qui, en réduisant les disparités, permet l'intégration des territoires périphériques et en difficulté au centre dynamique formé par la mégalopole européenne.
L'intégration territoriale est un processus d'incorporation de territoires au sein d'un ensemble dans une dynamique qui tend vers l'unité : de ce point de vue, l'Union européenne est à ce jour l'exemple d'intégration territoriale le plus abouti.
Pour résumer, les notions de cohésion et d'intégration ne sont pas synonymes mais se font écho, du fait de leur relation de cause à effet.
Zoom sur…
Le fonctionnement de la politique de cohésion européenne
La politique de cohésion pose un cadre de solidarité entre régions au niveau européen, qui se traduit par des centaines de milliers de projets financés en tout ou partie par les fonds structurels. Elle a un triple objectif de convergence (c'est-à-dire de rattrapage des régions en retard de développement), de compétitivité et de coopération, selon une double échelle nationale et régionale. L'Union européenne a adopté une catégorie administrative pour délimiter les régions, qui sont appelées les NUTS (nomenclatures d'unités territoriales statistiques). En 2020, 168,7 milliards d'euros de budget de l'Union européenne sont consacrés à la politique de cohésion, soit + 1,5 % par rapport à 2019. Plus de la moitié de ce budget est consacré aux régions les moins développées, c'est-à-dire celles dont le PIB est inférieur à 75 % de la moyenne des 27 États membres. Il est décliné en cinq fonds structurels et assimilés :
• Le Fonds social européen (FSE) : créé en 1958, c'est le volet social de l'aide régionale, prévu pour financer les plans de lutte contre le chômage et la pauvreté.
• Le Fonds européen de développement régional (FEDER) : créé en 1975 à destination des régions de l'UE, il est destiné à financer des projets de développement et ainsi corriger les déséquilibres régionaux.
• Le Fonds de cohésion (FC) : créé en 1994 à destination des États de l'UE les plus pauvres, il finance de grands projets (transports, environnement). Ce fonds est réservé aux États membres de l'UE dont le PIB est inférieur à 90 % de la moyenne des 27 États membres, c'est-à-dire essentiellement les anciens pays communistes, mais aussi des États d'Europe méridionale comme Chypre, la Grèce, Malte et le Portugal.
• Le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) et le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) : ce sont des fonds sectoriels assimilés aux fonds structurels.