Une société agraire


Fiche

Les paysans forment l'immense majorité de la population égyptienne.
Quelle place occupent à leurs côtés les artisans et les scribes ?
I. Des paysans pour nourrir le pays
•  Les paysans égyptiens ne sont pas propriétaires de leurs champs. Ils cultivent les terres qui appartiennent au domaine royal, aux temples et à quelques hauts dignitaires. Ils paient des impôts très élevés aux institutions qui les emploient.
•  Les paysans cultivent des céréales, la principale richesse du pays et sa nourriture de base.
À la fin du mois d'octobre, dès que les eaux de la crue se sont retirées, ils labourent les champs avec un araire (une charrue très simple) tiré par des bœufs. Ils brisent les mottes de terre avec une houe. Ils répandent ensuite les semences de blé ou d'orge sur les champs puis y font passer des troupeaux de moutons ou de chèvres pour enfoncer les graines dans le sol.
Quand les céréales ont mûri, les arpenteurs et les scribes viennent mesurer les champs pour calculer le montant des taxes sur la récolte. Les paysans procèdent ensuite à la moisson. Avec une faucille, ils coupent les épis qui sont transportés sur l'aire de battage. Là, les céréales sont piétinées par des bœufs ou des ânes qui séparent ainsi le grain de son enveloppe, la balle. Après le vannage (qui consiste à jeter le grain en l'air pour que la balle s'envole), le blé est acheminé vers les greniers. Les scribes enregistrent alors les quantités de grains récoltés.
•  Les conditions de vie des paysans sont très dures. Outre leur travail, ils sont soumis à la corvée. Ils paient des impôts très lourds qui leur laissent à peine de quoi vivre. Pour compléter leur alimentation, ils chassent et ils pêchent. Ils habitent de petites maisons en briques de terre crues, rassemblées en village.
•  Chaque famille possède à peine quelques meubles rudimentaires, comme de petits tabourets bas en pierre, et quelques poteries pour la cuisine et l'eau.
II. Des artisans très actifs
•  Comme les paysans, la plupart des artisans sont au service du roi, des temples et de hauts personnages. Ceux qui œuvrent pour le roi sont les mieux traités et les mieux considérés. Ces artisans ne sont pas propriétaires de leurs outils, qui leur sont prêtés par leur employeur. Ce dernier fournit aussi les matières premières. Les artisans, qui se transmettent leur savoir-faire de père et fils, travaillent par équipes, dans des ateliers. Leurs salaires sont versés en nature : céréales, pains, jarres de bière, poissons séchés…
•  Les métiers de l'artisanat regroupent les potiers qui façonnent la vaisselle et les jarres pour conserver les céréales, la bière ou le vin ; les menuisiers et ébénistes qui fabriquent de beaux meubles (des sièges avec des pieds en forme de patte de lion, par exemple) pour le roi et les nobles, et des coffres et tables basses plus simples pour les scribes et les commerçants ; les métallurgistes qui confectionnent la vaisselle en métal ou les outils ; les vanniers qui tressent les nattes recouvrant le sol et les paniers ; les bijoutiers qui font les parures en or et pierres semi-précieuses dans les ateliers royaux ; ainsi que les tailleurs de pierre, les peintres et les sculpteurs qui construisent, creusent et décorent les tombes royales ou privées.
•  Dans les villages et les villes, il existe aussi des artisans indépendants qui produisent les modestes objets dont chacun a besoin comme les poteries ou les sandales. Ils troquent alors leurs produits sur le marché.
III. Partout, des scribes
•  Les scribes exercent la profession la plus noble qui existe en Égypte. Contrairement aux paysans et aux artisans, pour la plupart analphabètes, ils savent lire et écrire et en sont très fiers. Employés par le roi, les grandes administrations, les temples et les hauts dignitaires, ils sont présents dans tous les secteurs de la société : l'agriculture, l'exploitation des mines et des carrières, le commerce ou encore l'armée (où ils tiennent par exemple les listes des recrues ou le compte du butin). À tous les échelons de la hiérarchie administrative, ils assurent le bon fonctionnement du pays et de son économie.
•  Les lettrés, qui composent les romans, les contes ou les poèmes, ainsi que les savants, qui rédigent les traités de mathématiques, de médecine ou d'astrologie, émanent tous du milieu des scribes. Certains, attachés aux temples, se consacrent à l'élaboration et à la copie des traités religieux comme le Livre des morts, sorte de guide pour l'au-delà datant du Nouvel Empire (1550-1070 av. J.-C.).
•  Les écoles du palais royal et des administrations ainsi que les maisons de vie des temples (à la fois des écoles pour les futurs prêtres et des ateliers de copistes où l'on rédige et où l'on reproduit les textes sacrés et les recueils religieux) assurent la formation de leurs futurs employés, de sexe masculin uniquement. Les garçons entrent à l'école à l'âge de cinq ou six ans. Leur apprentissage dure environ une dizaine d'années. Seuls les élèves des temples apprennent les hiéroglyphes, l'écriture sacrée. Les autres s'initient seulement à l'écriture courante : le hiératique. Les scribes ont pour patron le dieu Thot à tête d'ibis et la déesse Séchat.
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