Au ive millénaire avant notre ère (vers 3 300 av. J.-C.), en Mésopotamie, les hommes inventent l'écriture. Pourquoi les hommes ont-ils eu besoin de l'écriture ? Comment faire pour traduire la parole par écrit ?
1. Pourquoi écrire ?
• Les premières formes d'écriture sont des tablettes de compte en argile, trouvées dans les villes de Mésopotamie vers 3 300 av. J.-C. et destinées à dénombrer des biens ou comptabiliser des ventes. Plus les villes grandissent, plus le besoin d'écriture se fait sentir, pour conserver une trace de certains accords : contrats de mariage, contrats de sociétés, contrats de location de terres, ventes de biens, testaments, courriers, etc.
• À côté de ces usages privés, l'écriture a surtout une fonction publique. Elle sert d'abord au roi et à l'administration. L'écriture sert à inventorier les biens royaux ou à tenir le registre des impôts, à édicter des codes de lois, tel le code d'Hammurabi, roi de Babylone, dont le texte est gravé sur un bloc de basalte vers 1750 av. J.-C. Dans les temples d'Égypte, l'écriture – les hiéroglyphes – est aussi une écriture sacrée et fait partie intégrante de la religion : on y trouve des listes d'offrandes, des prières aux dieux ou des formules magiques pour faciliter le passage dans l'au-delà.
• Enfin, l'écriture sert déjà à raconter, c'est-à-dire à conserver la mémoire des événements. Le Code d'Hammurabi comporte ainsi le récit des hauts faits du roi, afin qu'ils passent à la postérité. On écrit aussi des récits, telle la légende de Gilgamesh, le premier roman de l'Humanité, composé vers 2 300 av. J.-C. et qui raconte l'histoire héroïque du cinquième roi de la cité d'Uruk. Avant l'écriture, on ne pouvait connaître le passé que par des sources indirectes (archéologie, par exemple). L'écriture, qui permet de conserver la trace des événements de la vie des hommes, marque le début de l'Histoire.
2. Comment écrire ?
Au commencement, écrire revient à dessiner. Pour représenter un objet (un bœuf, un oiseau, une maison), on le dessine grossièrement : ce sont des pictogrammes. Pour représenter une idée (grand, petit ; mâle, femelle), on la symbolise : ce sont des idéogrammes. Progressivement, l'écriture se simplifie, devient moins graphique et représente des sons : ce sont des phonogrammes, qui permettent de traduire par écrit le langage oral.
• À partir de 3 000 av. J.-C., à Sumer, en Mésopotamie, les pictogrammes laissent placent à une écriture simplifiée, en forme de coins, le cunéiforme (du latin « cuneus », le coin). Le cunéiforme est tracé, à l'aide d'un roseau taillée en pointe, le calame, sur des tablettes d'argile, qui sont ensuite séchées au soleil ou cuites. Adapté ensuite à d'autres langues, le cunéiforme se répand dans tout le Moyen-Orient. Vers 3 200 av. J.-C. en Égypte sont créés les premiers hiéroglyphes (« écriture sacrée » en grec) : ce sont des pictogrammes, mais ils peuvent également être lus comme des sons (phonogrammes). Une écriture simplifiée, le hiératique, est utilisée pour la vie quotidienne. Les hiéroglyphes sont surtout gravés et/ou peints sur les murs des temples, le hiératique est plutôt utilisé sur du papyrus, une fibre végétale écrasée en feuille (qui donné en français le mot « papier »).
• Même simplifiées, les premières écritures ne sont pas à la portée de tous : 1 500 signes cunéiformes, 5 000 signes hiéroglyphiques, cela exige des compétences longues à acquérir. Les scribes, écrivains professionnels, sont donc peu nombreux et haut placés dans la société. L'invention des premiers alphabets, vers 1200 av. J.-C., en Phénicie, est une vraie révolution : avec moins de trente signes, on peut désormais tout écrire !
Exercice n°1
À quoi sert l'écriture ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
Elle permet de faire l'inventaire de ses biens.
Elle fixe un contrat de mariage.
Elle transmet des messages complexes à distance.
Elle célèbre la gloire des rois de l'époque.
Les usages de l'écriture sont tellement variés que toutes les réponses sont justes et que bien d'autres sont possibles. Tu peux toi-même le vérifier à travers ce que tu écris, mais aussi à travers ce que tu lis, comme cette page.
Exercice n°2
Complète le texte suivant à l'aide des éléments fournis.
Faites glisser les étiquettes dans les zones prévues à cet effet.
formules magiques
Code d'Hammurabi
mémoire
1750
hiéroglyphes
légende de Gilgamesh
lois
2 300
Babylone
L'écriture permet d'édicter des
imcAnswer5?
, dont le premier exemple est le
imcAnswer6?
, roi de
imcAnswer7?
, vers
imcAnswer8?
 av. J.-C. Dans les temples égyptiens, on trouve des
imcAnswer9?
qui sont des
imcAnswer10?
destinées à aider le mort à accéder à l'au-delà. Mais l'écriture peut aussi garder la
imcAnswer11?
de l'histoire des hommes, comme la
imcAnswer12?
, premier roman de l'Humanité, vers
imcAnswer13?
 av. J.-C.
Trois exemples d'utilisation de l'écriture : faire connaître les lois, communiquer avec les dieux, transmettre la mémoire des événements.
Exercice n°3
Associe chaque mot à la définition qui convient.
Faites glisser les étiquettes dans les zones prévues à cet effet.
phonogramme
idéogramme
pictogramme
Signe destiné à représenter une idée : un
imcAnswer14?

Signe destiné à représenter un objet : un
imcAnswer15?

Signe destiné à représenter un son : un
imcAnswer16?

Chaque type de signe correspond à une évolution de l'écriture et de la pensée : on représente d'abord des objets matériels (pictogrammes), puis des idées (idéogrammes). Enfin, on représente des sons (phonogrammes), dont l'assemblage reproduira le langage oral. Plus tard, l'alphabet permettra de former tous les sons d'une langue en utilisant un nombre de signes très limité.
Exercice n°4
Complète le texte suivant.
Écrivez les réponses dans les zones colorées.
L'écriture à base de coins est l'écriture . On trace les signes, à l'aide d'un , sur des tablettes d', qui seront cuites pour être plus résistantes. En Égypte, les sont gravés et peints sur les murs des temples, alors que le est plutôt utilisé sur du .
Les deux grands types d'écritures anciennes sont l'écriture cunéiforme et l'écriture hiéroglyphique/hiératique. Alors que le cunéiforme a évolué progressivement vers des formes abstraites, loin des images, l'écriture égyptienne s'est séparée en deux : les hiéroglyphes demeurent plus imagés et constituent la langue sacrée ; le hiératique est un hiéroglyphe simplifié. Mais les deux écritures cohabitent.