Les transformations des campagnes


Fiche

Bien que le xixe siècle soit celui de l'industrie, la grande majorité de la population européenne vit encore des revenus de la terre. Les campagnes connaissent cependant d'importantes mutations. Quelles sont-elles ? En quoi ces transformations favorisent-elles la révolution industrielle ?
I. Une agriculture plus moderne
• Dès le xviiie siècle, les paysans anglais utilisent empiriquement le cycle naturel de l'azote. Les terres ne sont plus laissées en jachère ; à la place, on y cultive régulièrement des plantes fourragères (luzerne, trèfle) qui bonifient la terre tout en nourrissant le bétail. Cette méthode se diffuse bientôt en Europe. Les productions augmentent et permettent de nourrir une population européenne en pleine croissance.
• L'utilisation des engrais minéraux, à partir de 1830, et des engrais chimiques, dès 1850, permet à l'agriculture de s'orienter vers une exploitation encore plus intensive des sols.
• L'outillage agricole s'améliore. Il bénéficie largement de l'exceptionnel développement de la métallurgie. On utilise déjà parfois la machine à vapeur pour certains travaux agricoles ; c'est surtout le moteur à explosion qui va révolutionner le travail dans les campagnes, au début du xxe siècle.
II. Une société inégalitaire
• Avec la fin du système féodal en Europe occidentale, les campagnes européennes se transforment. Le travail communautaire tend à disparaître. L'apparition de clôtures symbolise toutefois une nouvelle forme d'occupation des sols, toujours aussi inégalitaire.
• Si les grandes propriétés agricoles sont rares en France, elles sont omniprésentes en Europe méditerranéenne et centrale (Prusse, Autriche, etc.) ainsi que dans les îles Britanniques. Lorsque le sol n'appartient plus à l'aristocratie, il est généralement devenu propriété de la bourgeoisie.
• Les petits propriétaires possèdent souvent des parcelles si exiguës qu'ils sont contraints de louer des terres supplémentaires ; ils deviennent métayers ou fermiers pour le compte de grands propriétaires. Le sort des paysans sans terre reste de loin le plus difficile : ne possédant que leur force de travail, ils sont employés comme ouvriers agricoles à la saison, voire même à la journée. Ils forment un véritable prolétariat rural.
III. L'exode rural
• Les débuts de la mécanisation et l'augmentation des rendements agricoles réduisent les besoins de main-d'œuvre. La forte croissance démographique en Europe renforce la surpopulation des campagnes. De nombreux paysans partent vers les villes : ils y trouvent du travail dans l'industrie en plein essor.
• S'il est général, le dépeuplement des campagnes varie selon les pays. C'est en Angleterre qu'il est le plus fort : à la veille de la Première Guerre mondiale, l'agriculture ne représente plus que 10 % des actifs. À l'opposé, en Russie, le gouvernement freine autoritairement l'exode rural (sans procéder pour autant à une redistribution des terres) : cela appauvrit les paysans et engendre un fort mécontentement.
• Enfin, les paysans de certains pays d'Europe partent tenter leur chance en Amérique. Plusieurs centaines de milliers d'émigrants (et notamment la moitié de la population irlandaise, après les terribles famines de 1845-1846) rejoignent ainsi les États-Unis avec la promesse alléchante de terres abondantes et gratuites.
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