La puissance américaine : le soft power


Fiche

Concepts utilisés depuis plusieurs années dans le domaine des relations internationales, le soft power, et le hard power, son alter ego, permettent d'analyser les composantes de la puissance d'un État.
Le soft power (« puissance douce ») désigne la puissance d'influence, de persuasion. Il s'agit de la capacité pour un acteur (un État, par exemple) d'influencer le comportement d'autres acteurs par des moyens non coercitifs et intangibles. Les éléments du soft power regroupent essentiellement les moyens idéologiques et culturels.
I. Un modèle mondial
• La culture et le mode de vie américains, « American way of life », largement diffusés par le cinéma (Hollywood) et la télévision (séries) sont devenus une référence pour l'essentiel de la population mondiale. Les industries culturelles américaines sont fortement exportatrices et dominent l'essentiel des marchés mondiaux avec leurs « blockbusters » à forte rentabilité. Sur la plupart des marchés mondiaux développés, le cinéma américain oscille entre 50 et 80 % de parts de marché.
• Cette puissance de l'image est relayée par la publicité des firmes américaines et l'emploi de l'anglais comme langue véhiculaire. Les États-Unis exercent ainsi une influence prédominante sur l'imaginaire mondial. Le modèle américain est largement diffusé dans le monde et les valeurs américaines — ou du moins impulsées par les États-Unis, comme la liberté de pensée ou d'expression, la propriété privée, la libre entreprise, la recherche du bonheur — sont communément partagées. On mesure d'ailleurs l'efficacité de ce modèle américain à l'obsession avec laquelle des régimes dictatoriaux comme la Chine exercent une censure absolue sur toute contagion possible, via le cinéma ou l'internet.
L'aide américaine, le plus souvent bilatérale (c'est-à-dire directe, sans passer par les institutions internationales), aux pays les plus pauvres est aussi un élément d'influence. Cette aide est parfois publique, d'origine gouvernementale, mais aussi souvent privée. Bon nombre de milliardaires américains mettent en œuvre des fondations philanthropiques, organisations non gouvernementales à but caritatif. La fondation Bill et Melinda Gates, par exemple, fondée en 1994 par le créateur et l'ancien patron de Microsoft — qui a été l'homme le plus riche du monde — se consacre à l'aide humanitaire dans le domaine de la santé et de l'éducation. Bill Gates a fait don de 95 % de sa fortune à sa fondation et Warren Buffet, autre célèbre multimilliardaire américain, lui a donné 37 milliards de dollars en 2006. Cette fondation est ainsi devenue la fondation la plus richement dotée de la planète. Ses dépenses d'intervention annuelles sont supérieures à celles de l'Organisation Mondiale de la santé, l'agence spécialisée de l'ONU !
II. Une attraction planétaire
• Les États-Unis sont le premier pôle d'immigration au monde, avec plus d'un million d'entrées annuelles. Le pays attire des migrants et des étudiants du monde entier, qui viennent y chercher du travail, de meilleures conditions de vie ou d'étude : 22 % des migrants internationaux dans le monde se rendent aux États-Unis.
• Les universités américaines trustent d'ailleurs 17 des 20 premières places du classement mondial des universités (classement de l'université Jiao Tong de Shanghai) : le monde entier rêve d'aller faire ses études supérieures à Harvard, Stanford ou au MIT. L'immigration qualifiée est une forte composante de l'immigration totale vers les États-Unis : le brain drain (« drainage des cerveaux ») assure un flot constant de jeunes cerveaux formés ou à former dans un pays où « l'économie de la connaissance » prend tout son sens.
III. Un soft power en déclin ?
Ce soft power américain semble cependant marquer le pas. Il existe des contre-modèles, pas tous universels, mais qui remettent en question l'hégémonie culturelle américaine : le Cool Japan, l'exception culturelle française ou, sur un plan plus politique, l'islamisme ou le « socialisme de marché » chinois. Il existe donc, dans le monde, de la place pour des modèles qui ne sont pas américains. La mondialisation n'est en aucun cas une américanisation sans limite.
L'élection du président Obama aurait pu marquer le retour du soft power, après le hard power dont avait fait preuve l'administration précédente (mandats Bush). Mais l'image des États-Unis dans le monde a souffert de la brutalité et de l'immoralité de certains gestes, de certaines décisions : la prison de Guantanamo et sa législation spéciale, les traitements dégradants infligés à des détenus dans la prison irakienne d'Abou Ghraib, etc.
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