Le bilan de la Première Guerre mondiale

À la fin de 1918, l'Entente sort vainqueur d'un long conflit. Mais peut-on vraiment parler de victoire ? L'Europe tout entière est affaiblie. La guerre a coûté très cher, le traumatisme causé par cette première guerre « industrielle » est sans précédent. L'Europe est en crise.
I. La guerre a ruiné l'Europe
1. Les pertes humaines
• La guerre a fait, en Europe, plus de 8,5 millions de morts et 6 millions d'invalides ; 8 millions d'enfants sont orphelins. En France, 10 % de la population active masculine ont été tués ou sont portés disparus ; 3,6 millions de soldats français ont été blessés : un million d'entre eux restent invalides. La population, affaiblie par les privations, subit de surcroît les assauts d'une épidémie de grippe espagnole (ainsi appelée en France, parce que la censure militaire ne parlait que de l'épidémie qui sévissait en Espagne…), en 1918. La grippe espagnole, véritable pandémie, probablement originaire de Chine, fait le tour du monde en deux années, touche un milliard de personnes et fait de 20 à 50 millions de morts dans le monde, selon les estimations les plus raisonnables. La guerre, enfin, a entraîné un déficit de naissances, les hommes étant au front.
• Certaines populations doivent abandonner, non sans mal, leur région d'origine : 1 million d'Allemands quittent la Pologne, les pays Baltes et l'Alsace-Lorraine pour se réfugier sur le territoire réduit de l'Allemagne.
Le bilan désastreux de la Première Guerre mondiale
Le bilan désastreux de la Première Guerre mondiale
2. Les conséquences économiques
• Dans certaines régions, qui ont servi de champs de bataille, comme la Picardie ou la Champagne, tout est à reconstruire : les maisons, les ponts, les routes et les usines sont en ruine. Or l'Europe s'est terriblement appauvrie pendant la guerre : pour acheter du matériel de guerre et se ravitailler, les États se sont endettés. Ils doivent maintenant rembourser leurs emprunts et verser des pensions aux mutilés, aux veuves et aux orphelins.
• La reconstruction de l'Europe dépend en partie des États-Unis, qui sont les grands bénéficiaires de la guerre. Les Américains prêtent de l'argent au monde entier, le dollar devient la monnaie la plus utilisée dans le commerce international.
II. Des sociétés profondément bouleversées
1. La crise politique
• La Première Guerre mondiale a vu la disparition de quatre empires et la naissance de dix nouveaux États. La démocratie semble triompher en Allemagne, en Pologne ou encore en Yougoslavie. Elle reste pourtant très fragile, étant menacée à gauche par les plus extrémistes, qui suivent l'exemple de la Russie révolutionnaire, et à droite par des ligues nationalistes qui réclament un régime autoritaire (à l'instar de l'Italie).
• Par ailleurs, des revendications émergent au sein des colonies : elles ont fourni leur quota de soldats et attendent des métropoles une certaine reconnaissance. C'est le cas en Inde, par exemple.
2. La crise sociale
• Certains banquiers et surtout de gros industriels ont profité de la guerre pour s'enrichir. À l'inverse, la hausse des prix pénalise salariés et retraités. On dénonce les « profiteurs de guerre ». Les femmes qui, pendant la guerre, ont travaillé dans les usines et élevé seules leurs enfants demandent plus de liberté et le respect de leurs droits. Tous ces éléments modifient les mentalités européennes.
III. Le choc de la guerre
1. Les combattants marqués à vie
• L'horreur des combats, la peur du soldat dans les tranchées sont décrites dans des livres publiés pendant ou après la guerre, comme Le Feu d'Henri Barbusse, qui obtient le prix Goncourt en 1916. En 1918, Barbusse fonde le mouvement pacifiste Clarté pour que les peuples fraternisent et que cette guerre barbare soit la dernière.
• La plupart des anciens soldats essaient cependant d'oublier, de profiter de la vie dans les tout nouveaux cinémas ou les boîtes de nuit des Années folles.
2. Le renouveau artistique
• Le mouvement dada rejette toute autorité et dénonce l'absurdité d'une société qui a permis la guerre. Tristan Tzara, chef de file du mouvement, écrit en 1918 dans son manifeste : « Je détruis les tiroirs du cerveau et ceux de l'organisation sociale, démoraliser partout et jeter la main du ciel en enfer, les yeux de l'enfer au ciel…  ». Ce mouvement donne naissance au surréalisme, qui critique les valeurs établies et refuse les contraintes du monde réel. Ce qui compte, c'est la liberté.
• Le bilan de la Première Guerre mondiale montre ainsi une Europe affaiblie, où les anciens repères ont disparu. Dans certains pays, cette perte de repères favorisera la naissance de régimes autoritaires qui veulent retrouver, coûte que coûte, leur puissance perdue.
Exercice n°1
La Première Guerre mondiale a permis à un État de s'affirmer comme première puissance mondiale. Lequel ?
Cochez la bonne réponse.
l'Angleterre
les États-Unis
la France
la Russie
Les États-Unis deviennent, avec la Première Guerre mondiale la première puissance économique mondiale. Avec la Seconde Guerre mondiale, son rôle international s'affirme encore davantage.
Exercice n°2
Complète les phrases suivantes.
Écrivez les réponses dans les zones colorées.
La guerre a eu de nombreuses conséquences.
Le chiffre astronomique de plus de 8 millions de morts et de 6 millions de a frappé tous les esprits.
Les , qui ont joué un rôle important, n'entendent pas laisser échapper la liberté qu'elles ont acquise durant la guerre.
Le bilan humain de la guerre est catastrophique et tranche avec les bilans des guerres précédentes, en raison de la durée du conflit et des armements utilisés.
Exercice n°3
Qu'est-ce que la grippe espagnole ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
une grippe venue d'Espagne
une grippe pandémique
une épidémie de grippe qui a causé au moins 1 million de morts
une épidémie de grippe qui a causé au moins 20 millions de morts
La grippe espagnole est une pandémie, sans doute venue de Chine, et non d'Espagne, mais la censure française n'a permis de parler que de la grippe en Espagne et non de celle en France, d'où son nom. Elle cause entre 20 et 50 millions de morts dans le monde, touchant peut-être 1 milliard de personnes entre 1918 et 1920.