La France se classe au 20e rang mondial pour la population (1 % de la population de la planète) et au 47e rang pour la superficie (0,4 % des terres émergées). Sa place dans le monde est pourtant bien meilleure que ne le laisse penser la lecture de ces chiffres. Comment se caractérise cette puissance ? Quels sont les outils de la politique internationale française ?
I. L'outre-mer et la puissance de la France
• Après la décolonisation, la France ne possède plus que des « confettis d'empire » : les possessions d'outre-mer. On distingue, de façon parfois un peu complexe :
  • des départements et régions d'outre-mer (DROM), à savoir Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Mayotte) ;
  • des collectivités d'outre-mer (COM), tels Saint-Pierre-et-Miquelon (qui garde dans l'usage courant l'appellation de « collectivité territoriale de la République française »), Saint-Barthélemy (COM depuis le 15 juillet 2007), de même que Saint-Martin, Wallis-et-Futuna (qui garde dans l'usage courant l'appellation de « territoire d'outre-mer ») ;
  • des pays d'outre-mer (POM), comme la Polynésie française ;
  • enfin, certains territoires sont sous statut spécifique. C'est le cas de la Nouvelle-Calédonie, territoire à souveraineté partagée ; des terres Australes et Antarctiques françaises (TAAF), territoires d'outre-mer à statut particulier ; de Clipperton, îlot au large du Mexique, qui appartient au domaine privé de l'État.
• Les possessions d'outre-mer subissent de fortes contraintes naturelles (climat, cyclones, volcanisme, voire tremblements de terre). Leur démographie est sensiblement différente de celle de la métropole, avec une fécondité plus élevée ; la population y est plus jeune, moins qualifiée. Les taux de chômage sont donc souvent très forts, nettement plus qu'en métropole.
• Leurs économies souffrent de leur éloignement de la métropole et de leur isolement régional. L'industrie s'est peu développée, pénalisée par l'étroitesse des marchés locaux et la fréquente absence de ressources naturelles, à quelques exceptions près, comme le nickel en Nouvelle-Calédonie. Son agriculture spécialisée (bananes, vanille) est en position de faiblesse face à la concurrence mondiale en raison de ses coûts de main-d'œuvre trop élevés. Seuls les services ou les administrations, subventionnés par la métropole, et le tourisme constituent des activités génératrices d'emploi. La fonction publique y est donc surreprésentée.
• Son outre-mer offre cependant à la France une zone économique exclusive de près de 11 millions de km2, la 2e au monde (pêche, forages offshore). L'outre-mer lui permet également d'être présente sur tous les continents et sur tous les océans et offre un cadre idéal pour les essais nucléaires (à Mururoa, aujourd'hui stoppés) et les activités spatiales (base de Kourou en Guyane, proche de l'équateur).
II. Un hard power sur la sellette
• La France joue un rôle politique encore important, quoique en déclin, sur la scène internationale. Elle dispose d'un siège permanent avec droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU. Les réfugiés politiques font de la France une destination préférentielle, en raison de ses valeurs (droits de l'homme). Toutefois, les privilèges des membres permanents du Conseil de sécurité, hérités de la Seconde Guerre mondiale, sont de plus en plus remis en cause par les puissances vaincues en 1945 (Allemagne, Japon) et surtout par les pays émergents encore non représentés (Brésil, Inde, Afrique du Sud). Il ne fait donc guère de doute que le système international post-1945 devra tôt ou tard être réformé, dissolvant de ce fait l'influence française.
• Sa puissance militaire lui permet encore de conserver cette influence sur les affaires mondiales. Forte de l'arme nucléaire et de nombreuses bases militaires, en outre-mer ou dans des pays amis (Abu Dhabi), l'armée française est présente sur l'ensemble des continents et des océans. Après avoir quitté le commandement militaire intégré de l'OTAN en 1966, la France y est revenue en 2007. Son armement est à la pointe de la technologie (missiles intelligents, satellites, avions de combat multirôle Rafale, etc.). Mais son budget militaire en chute libre, alors que toutes les grandes puissances mondiales augmentent le leur, ne lui permet plus d'intervenir simultanément sur différents théâtres d'opérations et la rend dépendante de l'allié américain pour sa logistique, comme l'a montré l'intervention en Libye en 2011. Et la France accumule du retard dans certains secteurs pourtant vitaux (drones de combat, par exemple).
III. Un soft power encore mondial
• La langue française est parlée par 220 millions de personnes, 9e langue au monde, servie par le réseau de l'Alliance française. Les pays francophones sont regroupés dans l'Organisation internationale de la francophonie. Certains médias français ont une audience mondiale : Radio France Internationale ou France 24.
• Les transnationales françaises sont présentes à travers le monde et la France compte 2 millions d'expatriés. Elle demeure une référence mondiale dans le luxe, la mode, la gastronomie, voire le cinéma. Cette richesse culturelle se traduit par une activité touristique de 1er rang mondial, avec 77 millions de visiteurs par an.
• Le fait que Paris, ville mondiale, soit un pôle culturel actif (musées, spectacles, expositions) contribue au rayonnement du pays, tout comme les manifestations ou les festivals (festival du cinéma de Cannes, festival d'Avignon pour le théâtre, etc.).
Exercice n°1
Quelles sont les institutions internationales dont la France fait partie ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
le Conseil de sécurité de l'ONU
le G7 (devenu G8 avec la Russie)
l'Alliance atlantique
l'OTAN
La présence de la France dans ces institutions témoigne d'une certaine permanence de son influence mondiale. Il s'agit cependant d'institutions nées du monde de l'après 1945, pour l'essentiel, qui sont de moins en moins en adéquation avec le monde du xxie siècle.
Exercice n°2
Quels sont les éléments du rayonnement international de la France ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
la puissance militaire
la langue française
la culture française
l'empire colonial
Tant le soft que le hard power français sont encore à l'œuvre au niveau mondial. Les deux sont toutefois en déclin.
Exercice n°3
Qu'apporte à la France son outre-mer ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
une présence sur tous les océans
des ressources très importantes en matières premières
la 2e ZEE mondiale
des lieux stratégiques d'importance mondiale
Les territoires d'outre-mer français sont généralement pauvres en matières premières (sauf la Nouvelle-Calédonie, qui possède du nickel). En revanche, la France bénéficie ainsi de points d'appui sur tous les océans du globe. La ZEE (zone économique exclusive) française est la 2e du monde, derrière celle des États-Unis ! Enfin, l'outre-mer permet à la France de jouir de lieux stratégiques d'importance mondiale : par exemple, l'atoll de Mururoa, en Polynésie, où la France réalisa longtemps ses essais nucléaires souterrains ; aujourd'hui, le centre spatial de Kourou en Guyane, dont la situation quasi équatoriale est un avantage majeur pour le tir de fusées et la mise sur orbite de satellites.