Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

En 1791, lorsqu'Olympe de Gouges publie la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, après plusieurs textes engagés, elle souhaite faire résonner ses revendications féministes autour de trois axes :
  • donner la parole aux femmes,
  • rendre leur place aux femmes,
  • et changer les femmes.
Olympe de Gouges cherche à donner la parole aux femmes. Le titre de son ouvrage fait écho à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 ; pourtant, le texte est dédié à la reine Marie-Antoinette. Cela manifeste moins un souci de réconciliation nationale qu'une stratégie politique, visant à solliciter le soutien d'une femme puissante pour aider l'ensemble des femmes. Il s'agit de prendre la parole pour la redistribuer aux « femmes, mères, filles, sœurs et citoyennes » afin que chacune s'engage, selon ses termes, « sous les étendards de la philosophie ».
L'appel à la sororité vise à rendre collectivement leur place aux femmes car « la femme naît libre et de-meure égale à l'homme en droits ». Il lui faut donc franchir « les bornes que la tyrannie perpétuelle de l'homme lui oppose, par les lois de la nature et de la raison ». À l'égalité entre citoyens, revendiquée en 1789, Olympe de Gouges veut ajouter l'égalité entre citoyennes et citoyens. À la révolution contre la monarchie doit répondre la révolte contre le patriarcat. Ce serait naturel et raisonnable : les femmes étant soumises aux mêmes lois que les hommes, ne doivent-elles pas disposer des mêmes libertés ?
À cette fin, Olympe de Gouges veut changer les femmes. Elle a conscience que l'égalité entre les genres ne peut se conquérir qu'à une double condition. D'une part, il convient de modifier l'image que la société a des femmes et que les femmes ont d'elles-mêmes à force de stéréotypes et de chosification. D'autre part, la place des femmes ne pourra évoluer fondamentalement que grâce à l'éducation, seule arme susceptible de faire d'elles des êtres libres en pensées et dans les actes.
En conclusion, Olympe de Gouges appelle à une triple révolution féministe. Les femmes doivent :
  • prendre conscience que leur statut d'infériorité n'est nullement naturel ;
  • s'imposer dans le débat public ;
  • et assurer leur liberté en s'instruisant et en philosophant.
Plus de deux siècles plus tard, la révolte, les convictions et le projet d'Olympe de Gouges n'ont rien perdu de leur acuité.