Khrouchtchev et la coexistence pacifique

Il y a peu de temps encore le feu des passions suscitées par la « guerre froide » était si grand qu'une simple étincelle aurait pu provoquer une conflagration mondiale. La politique étrangère de certaines puissances occidentales était basée sur des calculs nettement agressifs, sur une politique des « positions de force » [...].
Actuellement, une évaluation plus sobre de la situation, une compréhension plus raisonnable de l'équilibre des forces sur la scène internationale se manifestent de plus en plus en Occident. Et une telle compréhension des choses conduit inévitablement à la conclusion que les plans prévoyant l'emploi de la force contre le monde socialiste devraient être relégués dans les archives. La vie elle-même exige que les pays ayant des systèmes sociaux différents doivent apprendre à vivre ensemble sur notre planète, à coexister pacifiquement [...].
La reconnaissance de l'existence de deux systèmes différents, la reconnaissance à chaque peuple du droit de régler lui-même tous les problèmes politiques et sociaux de son pays, le respect de la souveraineté et l'application du principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures, le règlement de tous les problèmes internationaux au moyen de pourparlers, voilà ce qu'implique la coexistence pacifique sur une base raisonnable [...].
Nikita Khrouchtchev, Discours au Soviet Suprême, 1959

L'arrivée à la tête de l'URSS de Nikita Khrouchtchev, successeur de Staline, marque le début d'une nouvelle ère dans la guerre froide. Au retour d'un voyage officiel aux États-Unis en octobre 1959, il définit sa vision nouvelle des relations internationales. Selon lui, la menace nucléaire justifie un rapprochement entre les blocs ou tout du moins une «  coexistence pacifique ». Bien que cette « entente » soit menacée lors de la construction du mur de Berlin (1961) ou la crise de Cuba (1962), elle contribue à détendre les relations internationales.