Production de substances organiques chez les plantes domestiquées (sujet de métropole, juin 2025, ex. 1)
Énoncé
Exercice sur 7 points
La production agricole représente un enjeu majeur pour nos sociétés contemporaines. Elle s'appuie sur l'exploitation d'espèces domestiquées présentant des caractéristiques différentes de celles des espèces sauvages, notamment une accumulation plus importante de substances de réserve pouvant être destinées à l'alimentation humaine.
La production agricole représente un enjeu majeur pour nos sociétés contemporaines. Elle s'appuie sur l'exploitation d'espèces domestiquées présentant des caractéristiques différentes de celles des espèces sauvages, notamment une accumulation plus importante de substances de réserve pouvant être destinées à l'alimentation humaine.
QUESTION :
Expliquer comment une plante cultivée produit des molécules de réserve et par quels processus la domestication peut créer des variétés avec des organes de stockage plus développés que chez les plantes sauvages.
Vous rédigerez un texte argumenté. On attend des expériences, des observations, des exemples pour appuyer votre exposé et argumenter votre propos.Le document est conçu comme une aide : il peut vous permettre d'illustrer votre exposé mais son analyse n'est pas attendue.
Document : betterave sauvage et betterave domestiquée
![]() Photographie d'une plante de l'espèce Beta vulgaris maritima, l'ancêtre supposé de la betterave cultivée |
Photographie montrant une variété de betterave cultivée, la betterave sucrière
![]() Source : d'après florsurbanes.net et france3-regions.francetvinfo.fr |
Corrigé
Il s'agit d'un sujet qui fait appel à deux chapitres différents : celui sur la plante productrice de matière organique et celui sur les plantes cultivées. Le plan est exposé dans l'énoncé. Il s'agit dans une première partie de présenter la production de matière organique lors de la photosynthèse et le devenir de cette matière organique à l'origine des molécules de réserve dans les organes de stockage de la plante. Puis, dans la seconde partie, sont attendus les processus de domestication des plantes cultivées qui ont permis le développement des organes de réserve. L'essentiel est de fournir une réponse structurée mettant en relation les connaissances du cours avec des arguments (observations, expériences ou exemples). Les arguments peuvent provenir des connaissances personnelles du candidat ou du document fourni par l'énoncé.
Conseils
1. Identifier le problème scientifique posé par l'énoncé ainsi que la structure générale de la réponse.
2. Élaborer au brouillon un plan détaillé qui présente les connaissances issues du cours, associées à des arguments.
3. Vérifier que le plan ainsi construit permet de répondre au problème posé. Vérifier qu'il n'y a pas de hors sujet ni qu'une partie de la réponse n'a pas été oubliée.
4. Prévoir la présence et la position dans la réponse d'au moins un argument. Ne pas hésiter à utiliser les informations contenues dans le document sur les betteraves fourni par l'énoncé.
5. Rédiger directement sur la copie, en présentant la réponse sous forme d'une introduction (exposant le sujet, la problématique et le plan de la réponse), d'un développement structuré en différents paragraphes et d'une conclusion (présentant la réponse au problème et une ouverture).
6. Ajouter si besoin des schémas suffisamment grands, en couleurs et accompagnés d'un titre. La présence d'un schéma n'est pas indispensable mais il peut remplacer avantageusement une partie du texte. Il est conseillé que le texte reprenne l'idée essentielle illustrée par le schéma.
7. Relire la réponse pour corriger la rédaction et l'orthographe.
Exemple de plan détaillé à construire au brouillon
Titre des grandes parties | Connaissances | Arguments |
Production de matière organique par photosynthèse dans les feuilles et accumulation de molécules de réserve dans les organes de stockage de la plante | Déroulement de la photosynthèse dans le chloroplaste des cellules chlorophylliennes des feuilles. Circulation des molécules organiques dans la plante. Devenir des molécules organiques mises en réserve dans les organes de stockage. | Mise en évidence de réserves d'amidon dans un tubercule de pomme de terre. |
La domestication crée des nouvelles plantes cultivées présentant des caractéristiques intéressantes pour l'espèce humaine | Différents processus de domestication des plantes. Formation par la domestication de nouvelles plantes cultivées avec des organes de stockage plus développés. | Comparaison des organes de stockage de la betterave sauvage et celle cultivée actuelle (document). |
Depuis le Néolithique, qui a débuté il y a environ 11 000 ans au Proche-Orient, les populations humaines ont domestiqué des espèces végétales sauvages en les cultivant. Les récoltes issues de ces cultures contribuent, depuis, majoritairement à l'alimentation humaine. De nos jours, les molécules de réserves végétales contenues dans les fruits, les graines et d'autres organes de stockage comme les tubercules constituent une part très importante de l'alimentation humaine. Comment une plante cultivée produit-elle des molécules de réserve ? Par quels processus la domestication peut-elle créer des variétés avec des organes de stockage plus développés que chez les plantes sauvages ? Nous présenterons les mécanismes permettant aux plantes cultivées de produire des molécules de réserve, puis nous exposerons comment les processus de la domestication permettent de créer des variétés végétales avec des organes de stockage plus développés que ceux des plantes sauvages.
1. Production de matière organique par photosynthèse dans les feuilles et accumulation de molécules de réserve dans les organes de stockage de la plante
L'appareil racinaire des plantes permet l'absorption de l'eau et des ions minéraux du sol, qui sont transportés jusqu'aux parties aériennes chlorophylliennes de la plante, dont les feuilles. Les feuilles sont les organes privilégiés de la photosynthèse qui correspond à la synthèse de matière organique à partir de matière minérale, en présence d'énergie solaire. La photosynthèse a lieu dans les cellules chlorophylliennes des feuilles. Elle se déroule dans un organite intracellulaire spécialisé : le chloroplaste. Lors de la photosynthèse, l'énergie lumineuse y est convertie en énergie chimique. En effet, les pigments chlorophylliens des chaînes photosynthétiques de la membrane des thylakoïdes des chloroplastes absorbent l'énergie lumineuse, ce qui entraîne des transferts d'électrons le long de cette chaîne photosynthétique. Ces réactions s'accompagnent de l'oxydation de l'eau, ou photolyse de l'eau, qui libère de l'O2. Le transfert d'électrons au niveau de la chaîne photosynthétique permet la production de différentes molécules dans le stroma du chloroplaste. Ces molécules sont utilisées pour réduire le CO2 d'origine atmosphérique (absorbé par les feuilles) en molécules organiques. L'ensemble des réactions de réduction du CO2, appelé cycle de Calvin, a lieu dans le stroma du chloroplaste et aboutit à la formation d'un premier glucide à 3 atomes de carbone, un triose-phosphate. Ensuite, l'association de deux trioses-phosphate permet la synthèse d'un glucide à six atomes de carbone, le glucose (C6H12O6).Après leur production lors de la photosynthèse, les glucides formés peuvent être stockés temporairement dans le chloroplaste ou rejoindre le cytoplasme de la cellule chlorophyllienne. Une partie des glucides sort de la cellule chlorophyllienne et rejoint la sève élaborée. Cette sève élaborée circule dans les vaisseaux conducteurs du phloème, permettant l'alimentation en matière organique de l'ensemble de la plante.
Les produits de la photosynthèse présents dans la sève élaborée parviennent ainsi dans les différents organes du végétal, où ils sont transformés, sous l'action d'enzymes, en molécules assurant différentes fonctions biologiques. En particulier, les glucides issus de la photosynthèse sont transformés en molécules de réserve dans des structures de la plante comme les graines ou d'autres organes de stockage, tels que les rhizomes ou les tubercules. Différentes formes de réserve de matières organiques existent : les glucides (comme l'amidon), les lipides ou encore les protéines. Par exemple, sur un fragment de tubercule de pomme de terre, la coloration à l'eau iodée permet de mettre en évidence la présence d'un glucide de réserve, l'amidon. L'observation au microscope d'un échantillon de tubercule coloré à l'eau iodée montre que l'amidon est stocké dans de nombreux organites spécifiques des cellules du tubercule : les amyloplastes.
Ainsi, la photosynthèse est ainsi un métabolisme autotrophe qui permet, à partir de matière minérale prélevée dans le milieu, de convertir l'énergie lumineuse en énergie chimique contenue dans la matière organique ainsi produite. L'équation-bilan de la photosynthèse est donc la suivante : 6 CO2 + 6 H2O → C6H12O6 + 6 O2. Ces glucides synthétisés circulent ensuite dans les vaisseaux conducteurs du phloème où ils sont distribués à l'ensemble des organes de la plante. Au niveau des organes de stockage, ces glucides sont métabolisés en molécules de réserve de nature chimique variée. Comment les plantes cultivées ont-elles évolué sous l'effet de l'action humaine pour posséder des organes de réserve de plus en plus développés au cours du temps ?
2. La domestication crée des nouvelles plantes cultivées présentant des caractéristiques intéressantes pour l'espèce humaine
Les espèces végétales actuellement cultivées sont issues d'une domestication initiale d'espèces végétales précédemment sauvages. À partir du Néolithique, la domestication initiale a consisté en une sélection artificielle : l'espèce humaine a choisi des espèces sauvages intéressantes à cultiver. Cette sélection s'est poursuivie selon différentes modalités. Dans le passé, les paysans sélectionnaient certaines semences parce qu'elles produisaient des plantes avec des caractères intéressants, comme des organes de stockage plus développés ou des rendements plus élevés. Cette sélection empirique repose sur le contrôle génétique de caractères visibles des plantes et transmissibles à leur descendance, sans que ce déterminisme génétique ne soit connu à l'époque. Depuis les années 1900 environ, la sélection artificielle s'est poursuivie par une sélection moderne et programmée comme les hybridations provoquées. L'objectif est alors de réunir de manière permanente, dans une même variété, des caractères intéressants présents initialement dans deux variétés différentes. Plus récemment, depuis les années 1990, l'essor des biotechnologies permet la production de nouvelles variétés par génie génétique, c'est-à-dire par modification du génome (par transgénèse conduisant à la formation d'OGM ou Organismes Génétiquement Modifiés, ou encore par les techniques d'édition du génome avec l'outil CRISPR-Cas9).Dans tous les cas, lors de cette sélection, ce sont des caractères gouvernés génétiquement et donc transmissibles à la descendance qui sont sélectionnés sous l'effet de l'action humaine. Ainsi ont été sélectionnées des variétés avec l'information génétique modifiée. L'expression de cette information génétique modifiée permet la réalisation de caractères intéressants pour la culture ou pour l'utilisation des plantes cultivées par l'espèce humaine. Par exemple, la betterave sucrière actuellement cultivée présente des organes de stockage plus développés que son ancêtre sauvage supposé, la betterave Beta vulgaris maritima. En effet, le tubercule de la betterave cultivée, formé par sa racine principale, est beaucoup plus volumineux (15 cm de diamètre) et beaucoup plus riche en sucres (20 % de sucre) que celui de Beta vulgaris maritima (diamètre de la racine de 3 à 4 cm et teneur en sucre de 4,5 %). Ainsi, à partir de la betterave ancestrale, la domestication humaine a conduit à l'obtention de la betterave sucrière actuelle. La taille importante et la forte teneur en sucre du tubercule de la betterave sucrière permettent l'obtention d'une quantité importante de saccharose, glucide couramment utilisé en alimentation humaine.
En conclusion, chez les plantes cultivées, la photosynthèse permet la production de glucides au niveau des feuilles. Ces glucides circulent ensuite dans les vaisseaux conducteurs et alimentent l'ensemble de la plante. Au niveau des organes de stockage, ces glucides sont métabolisés en molécules de réserve de différentes natures chimiques. Depuis la domestication initiale des plantes, l'espèce humaine a sélectionné par plusieurs processus des variétés végétales présentant de caractères intéressants pour la culture ou pour l'utilisation de ces plantes, comme des organes de réserve plus développés. Par ses actions de sélection, l'espèce humaine modifie donc les plantes cultivées. Cette sélection a des conséquences dans l'histoire des populations humaines, en contribuant à la sélection de certains caractères humains, comme la capacité à digérer efficacement l'amidon, glucide de réserve fréquent des plantes cultivées.