Les chats calico, exercice 2

Énoncé

Le sujet (d'après bac S, 2016, Pondichéry)
Certains chats possèdent un pelage composé d'une mosaïque de taches blanches, rousses et noires. On les appelle des « calico ». Chacune de ces mosaïques forme un motif unique qui permet de reconnaître un individu calico aussi sûrement qu'avec des empreintes digitales. On a découvert que tous les chats calico sont des femelles.
• Montrez que la méiose et la fécondation permettent d'expliquer les résultats du croisement présenté dans le document 2 ;
• expliquez comment des chattes calico possédant un même génotype peuvent avoir des pelages différents.
Vous organiserez la réponse selon la démarche de votre choix à condition qu'elle intègre des données des documents et les connaissances utiles.
Le candidat ne cherchera pas à expliquer la présence de poils blancs : ce travail ne porte que sur le déterminisme des taches rousses et noires.
1. Relation entre les allèles O+ et O− portés par les chromosomes sexuels et la couleur du pelage chez le chat.
Les chats calico, exercice 2 - illustration 1
La paire de chromosomes sexuels subit la même méiose que les autres chromosomes.
Document 2. Résultat d'un croisement.
On croise un chat roux avec une chatte calico. Le tableau suivant présente le résultat de ce croisement :
PROPORTIONS
25 % des descendants
25 % des descendants
25 % des descendants
25 % des descendants
PHÉNOTYPE
calico
poils roux
poils roux
poils noirs
SEXE
femelles
femelles
mâles
mâles

Aspects du pelage de trois des chatons femelles calico :
Les chats calico, exercice 2 - illustration 2
Document 3. La coloration d'un poil.
Les mélanocytes sont des cellules qui fabriquent les pigments responsables de la coloration d'un poil. Les mélanocytes de chat produisent tous un pigment roux appelé trichochrome. Mais les mélanocytes peuvent aussi former un autre pigment, l'eumélanine, qui masque le trichochrome et rend le poil noir.
On a découvert que l'expression de l'allèle O+ empêche la biosynthèse d'eumélanine.
Document 4. Le corpuscule de Barr.
Document 4.a. L'hypothèse de Mary Lyon.
En 1949, le docteur Murray Barr découvre que le noyau de certaines cellules contient un amas d'ADN qu'il baptise « corpuscule de Barr ». Douze ans plus tard, la généticienne Mary Lyon propose que le corpuscule de Barr corresponde à un chromosome X inactivé. Les gènes de ce chromosome ne pourraient plus s'exprimer, et seuls les gènes portés par l'autre chromosome X seraient utilisés par la cellule.
Selon cette hypothèse, dans une cellule embryonnaire possédant deux chromosomes X, c'est le hasard qui déterminerait lequel des deux se transforme en corpuscule de Barr. Toutes les cellules-filles de la cellule embryonnaire conserveraient ensuite le même chromosome X inactivé.
4.b. Aspect du noyau d'un mélanocyte de chat mâle (A) et du noyau d'un mélanocyte de chatte calico (B).
Sur ce type d'images, un corpuscule de Barr apparaît sous la forme d'une tache blanche.
Les chats calico, exercice 2 - illustration 3
Les chats calico, exercice 2 - illustration 4
On retrouve les mêmes résultats dans tous les mélanocytes responsables des poils roux ou noirs des femelles.
Ce qu'il ne faut pas faire
Ne pas identifier qu'il s'agit d'une hérédité liée au sexe.

Corrigé

Le corrigé
Les chats présentent des pelages de couleurs variables, qui constituent un phénotype dont le déterminisme peut être étudié. Certaines chattes dites calico présentent un pelage particulier : il est composé d'un mélange de taches de différentes couleurs (blanches, rousses ou noires). Chaque femelle calico présente un pelage unique. Comment expliquer que seules les chattes aient un pelage calico ? Quelle est l'origine de ce pelage unique ? Nous analyserons d'abord les résultats d'un croisement effectué entre un chat roux et une chatte calico, pour expliquer que seules les femelles ont un pelage calico. Puis, à partir de l'étude des cellules fabriquant les pigments responsables de la coloration des poils, nous expliquerons comment des chattes calico possédant un même génotype peuvent avoir des pelages différents.
I. Étude du croisement entre un chat roux et une chatte calico
Le document 2 présente le croisement entre un chat roux et une chatte calico. La descendance résultant de ce croisement est composée de 4 types d'individus : femelles calico (25 %), femelles à poils roux (25 %), mâles à poils roux (25 %), mâles à poils noirs (25 %). Or, la couleur des poils des chats est déterminée par un gène porté par le chromosome sexuel X (document 1). Ce gène présente 2 allèles, notés O+ et O−. Comme le chromosome sexuel Y ne porte pas ce gène, les mâles (XY) n'ont qu'un seul allèle de ce gène, alors que les femelles (XX) en ont deux. Lors de la méiose, la moitié des gamètes formés porte l'un des chromosomes sexuels, et l'autre moitié des gamètes porte l'autre chromosome sexuel. En précisant les allèles O+ et O− portés par le chromosome X, l'échiquier de croisement suivant présente le résultat de la fécondation des gamètes d'un mâle à poils roux et d'une chatte calico. Lors de la fécondation, la rencontre des gamètes se fait au hasard. Le document 2, en présentant les relations entre les allèles O+ et O− et la couleur du pelage chez le chat, permet de déterminer le phénotype de chaque descendant du croisement, à partir du génotype.
Mâle poils roux
Femelle calico
XO+ 50 %
Y 50 %
XO+ 50 %
(XO+//XO+) 25 %
[femelle à poils roux]
(XO+//Y) 25 %
[mâle à poils roux]
XO− 50 %
(XO+//XO−) 25 %
[femelle calico]
(XO−//Y) 25 %
[mâle à poils noirs]

Échiquier de croisement entre un mâle à poils roux et une femelle calico.
Ainsi, le résultat présenté dans l'échiquier de croisement correspond au résultat obtenu, montrant bien que la méiose et la fécondation permettent d'expliquer les phénotypes et les proportions des individus résultant de ce croisement.
II. Origine de la diversité du pelage des chattes calico
Les femelles calico issues du croisement étudié présentent des pelages différents avec une répartition variable des poils de différentes couleurs, alors qu'elles possèdent le même génotype (XO+//XO−). En 1949, Mary Lyon émet l'hypothèse suivante : dans une cellule avec 2 chromosomes X, l'un des chromosomes X est inactivé, formant alors le corpuscule de Barr. Les gènes du chromosome X inactivé ne s'expriment pas, et seuls les gènes portés par l'autre chromosome X s'expriment (document 4.a). Le document 4.b présente l'aspect du noyau des mélanocytes, cellules productrices des pigments responsables de la coloration du poil des chats.
Dans le noyau de mélanocyte de chat mâle, aucune tache blanche n'est visible, ce qui traduit l'absence de corpuscule de Barr : en effet, cette cellule ne contient qu'un seul chromosome X qui est donc actif. Mais dans le noyau de mélanocyte de chatte calico, la présence d'une tache blanche traduit l'existence d'un corpuscule de Barr qui correspond à un chromosome X inactivé dont les gènes ne s'expriment pas. L'autre chromosome X est, lui, activé et ses gènes s'expriment. Or, chez un embryon femelle de génotype (XO+//XO−), le choix du chromosome X inactivé s'effectue au hasard pour chaque cellule embryonnaire. Les cellules issues d'une cellule embryonnaire donnée conservent ensuite le même chromosome X inactivé que cette cellule : c'est donc soit l'allèle O+ soit l'allèle O−, porté par le chromosome X non inactivé, qui s'exprime. De plus, la coloration des poils dépend de 2 pigments : un pigment roux, le trichochrome produit par tous les mélanocytes, et l'eumélanine, qui n'est produit que par certains mélanocytes (document 3). L'expression de l'allèle O+ empêche la synthèse d'eumélanine, tandis que la présence de l'eumélanine cache le trichochrome et rend le poil noir. Ainsi, dans un mélanocyte où seul le chromosome XO+ est activé, l'absence de synthèse d'eumélanine entraîne la seule présence du pigment roux trichochrome, d'où des poils roux. Dans un mélanocyte où un chromosome XO− est activé, l'eumélanine et le trichochrome sont synthétisés, mais l'eumélanine cache le trichochrome, d'où la couleur noire du poil.
Ainsi, la méiose et la fécondation permettent d'expliquer les résultats obtenus lors du croisement entre un chat roux et une chatte calico. Seules les chattes hétérozygotes (XO+//XO−) possèdent un pelage calico. Les mâles ne possédant qu'un chromosome X ne peuvent pas avoir un pelage calico. Chez les femelles calico, l'inactivation au hasard de l'un des deux chromosomes X en fonction des lignées de mélanocytes détermine le chromosome X actif et donc l'expression soit de l'allèle O+ (responsable d'un poil roux), soit de l'allèle O− (responsable d'un poil noir). Cette inactivation aléatoire varie selon les lignées de mélanocytes et explique la diversité des pelages des chattes calico. Quels sont alors, chez les femelles, les autres gènes portés par le chromosome X dont l'activation s'effectue au hasard lors de la formation du corpuscule de Barr et quelles en sont les conséquences phénotypiques ?