Les politiques de soutien de la demande globale sont-elles suffisantes pour lutter contre le chômage ? (dissertation)

Énoncé

Les politiques de soutien de la demande globale sont-elles suffisantes pour lutter contre le chômage ?
Document 1
Taux de chômage en % en 2017
Taux de chômage en % en 2017
Canada
6,5
Danemark
5,7
France
9,5
Allemagne
3,8
Grèce
21,6
Italie
11,2
Pays-Bas
5,0
Espagne
17,3
Suède
6,7
Royaume-Uni
4,4
États-Unis
4,4
Zone euro (19 pays)
9,2

Source : D'après l'OCDE, 2017.
Document 2
Examiné à l'Assemblée nationale début janvier 2009, le plan de relance français prévoit un montant global qui s'élève à 26 milliards d'euros, soit 3 % du PIB. Il se décline en quatre volets :
• Investissements publics (10,5 milliards d'euros) : construction de nouvelles lignes TGV, investissements dans les entreprises publiques et semi-publiques, rénovation des bâtiments publics, avance d'un soutien à l'investissement des collectivités locales, etc. 
• Aides aux entreprises (11,4 milliards d'euros) pour renflouer leur trésorerie.
• Mesures de soutien à deux secteurs clés, le logement (1,4 milliard d'euros) et l'automobile (520 millions d'euros) : relance de la construction de logements sociaux, doublement du prêt à taux zéro, prime à la casse.
• Mesures pour lutter contre le chômage et la précarité (2 milliards d'euros) : une prime de solidarité de 200 € sera notamment versée par anticipation aux familles qui bénéficieront du RSA(1).
Source : Nicolas COUDERC, Olivia MONTEL-DUMONT, Des subprimes à la récession. Comprendre la crise, 2009.
Document 3
Taux de chômage selon le niveau de formation et la durée depuis la sortie de formation initiale (en %)
Taux de chômage selon le niveau de formation et la durée depuis la sortie de formation initiale (en %)
Source : Gabriel A. GIMÉNEZ ROCHE, « L'avenir du travail se joue aujourd'hui », Cahiers français, n° 398, 2017.
1. CEP : Certificat d'études primaires. 2. CAP : Certificat d'aptitude professionnelle. 3. BEP : Brevet d'études professionnelles.
Document 4
Coût du travail et temps de travail dans quelques pays de l'Union européenne
Coût du travail et temps de travail dans quelques pays de l'Union européenne

Coût horaire de la main-d'œuvreen 2016(en €)
Moyenne d'heures travailléespar salarié en 2012
Hongrie
8,3
1 789
Pologne
8,4
1 756
République tchèque
10,3
1 751
Portugal
13,1
1 715
Grèce
13,9
1 855
Espagne
20,9
1 759
Royaume-Uni
26,1
1 939
Italie
27,0
1 652
Autriche
33,1
1 753
Allemagne
33,4
1 640
Pays-Bas
33,4
1 794
France
36,3
1 583
Suède
40,9
1 692
Danemark
43,4
1 613
Zone euro
29,8
1 666

Source : D'après INSEE, 2017.
La bonne méthode
Rédiger des phrases montrant que vous savez « lire » les chiffres des documents statistiques (par exemple : « dans le document 1, selon les chiffres publiés par l'INSEE, nous pouvons voir qu'en 2017, en France, sur 100 actifs, 9,5 sont au chômage »).
Ce qu'il ne faut pas faire 
\bullet Se précipiter sur les documents sans prendre le temps de réfléchir à la question posée ou réciter son cours sur le chômage en oubliant qu'une question précise est posée.
\bullet Argumenter ou répondre au sujet dès l'introduction.
\bullet Rédiger une introduction sans paragraphes.
(1) RSA : Revenu de solidarité active.

Corrigé

L'analyse du sujet
Ce sujet invite à se demander si une politique keynésienne de relance de la demande globale (c'est-à-dire de la consommation et de l'investissement) suffit à créer des emplois. Elle ne permet d'agir que contre le chômage conjoncturel, or la composante structurelle du chômage ne doit pas être négligée. La politique de soutien de la demande doit donc être complétée par d'autres politiques pour l'emploi, comme une politique d'allégement du coût du travail, des politiques de formation et des politiques de flexibilisation du marché du travail.
 - illustration 2
L'analyse du dossier documentaire
Document 1. Tableau statistique présentant le taux de chômage dans plusieurs pays européens en 2017.
Document 2. Extrait d'un livre présentant les principales mesures du plan de relance français de 2009. Cette politique de soutien de la demande globale avait pour objectif de juguler la hausse du chômage conjoncturel consécutive à la crise des subprimes de 2008.
Document 3. Graphique montrant le lien entre le taux de chômage, le niveau et la durée du diplôme. Ce document permet de montrer que l'État doit mener des politiques de formation pour réduire le taux de chômage des non-diplômés.
Document 4. Tableau statistique présentant le coût du travail horaire dans plusieurs pays européens. Ce document doit être cité dans la deuxième partie et pourra alimenter une sous-partie sur les politiques d'allégement du coût du travail.
Introduction
Avant la crise liée à la Covid-19, au quatrième trimestre de 2019, le chômage en France atteignait son plus bas niveau depuis dix ans avec un taux de chômage de 8,1 % de la population active.
Le chômage désigne le fait pour un individu de ne pas avoir d'emploi, d'en chercher un et d'être disponible pour l'occuper. Les chômeurs font donc partie de la population active. Pour lutter contre le chômage, l'État peut mener une politique de soutien de la demande globale qui vise à « relancer » la consommation des ménages et l'investissement des entreprises par différentes mesures comme la hausse des prestations sociales, la baisse des impôts, etc.
Or, aujourd'hui, en France, pour lutter contre le chômage, une politique de soutien de la demande globale est-elle suffisante ?
Dans un premier temps, nous verrons que les politiques de soutien de la demande globale peuvent permettre de lutter contre le chômage conjoncturel. Puis, dans un second temps, nous verrons que ces politiques de soutien de la demande globale ne sont pas suffisantes et qu'elles doivent être complétées par d'autres politiques pour lutter contre le chômage structurel.
Plan détaillé du développement
I. Les politiques de soutien de la demande globale peuvent permettre de lutter contre le chômage conjoncturel
1. Les politiques macroéconomiques de soutien de la demande globale pour lutter contre le chômage conjoncturel, des politiques d'inspiration keynésienne. (document 1)
2. La politique de relance française en 2009 pour lutter contre la montée du chômage conjoncturel liée à la crise financière de 2008. (document 2)
II. Mais les politiques de soutien de la demande globale doivent être complétées par d'autres politiques pour lutter contre le chômage structurel (les politiques de soutien de la demande globale sont donc insuffisantes pour lutter contre toutes les formes de chômage)
1. Des politiques d'allégement du coût du travail pour lutter contre le chômage structurel. (document 4)
2. Des politiques de formation pour lutter contre le chômage structurel. (document 3)
3. Des politiques de flexibilisation pour lutter contre les rigidités du marché du travail et ainsi lutter contre le chômage structurel.
Conclusion
Ainsi, les politiques de soutien de la demande globale ne sont pas suffisantes pour lutter contre toutes les formes de chômage. En effet, si les politiques d'inspiration keynésienne sont efficaces pour lutter contre le chômage conjoncturel, elles doivent néanmoins être complétées par des politiques d'allégement du coût du travail, de formation et de flexibilisation du marché du travail pour lutter efficacement contre la composante structurelle du chômage.
Le ralentissement de l'activité économique liée au Covid-19 a provoqué une hausse sensible du chômage à court terme. Cette progression du chômage enregistrée par Pôle Emploi en juin 2020 serait-elle durable ?
Zoom sur…
Le lien entre asymétrie d'information, salaire d'efficience et chômage structurel
La relation salariale est soumise à une asymétrie d'information : lors de l'embauche, l'employeur ignore en partie les compétences réelles et la capacité de travail du salarié qu'il recrute. Pour lutter contre cette incertitude, l'employeur peut avoir intérêt à proposer un salaire d'efficience, c'est-à-dire un salaire plus élevé que le salaire d'équilibre.
L'employeur peut ainsi inciter à l'effort le salarié, qui ne voudra pas perdre un emploi mieux payé qu'ailleurs ou qui sera tout simplement « loyal » envers son « généreux » employeur. Le salaire d'efficience peut donc permettre d'augmenter la productivité du salarié, compensant ainsi l'augmentation des coûts salariaux pour l'entreprise. Au-delà de la hausse de la productivité du travail, une telle pratique permet de réduire le coût de turn-over (coût de rotation des effectifs) pour l'entreprise : les salariés bien payés sont incités à rester dans l'entreprise. En 1914, Henry Ford a mis en pratique cette idée en proposant le Five dollars a day (salaire journalier à cinq dollars), soit le double du salaire moyen journalier de l'époque.
Néanmoins, si toutes les entreprises font le même raisonnement et proposent des salaires plus élevés que le salaire d'équilibre, un chômage structurel apparaît.