Les facteurs travail et capital sont-ils les seules sources de la croissance économique ? (EC3)

Énoncé

Partie 3 d'épreuve composée.
Les facteurs travail et capital sont-ils les seules sources de la croissance économique ?
(France métropolitaine, 2014).

Document 1

Croissance annuelle moyenne en volume, 1985-2008

Croissance annuelle moyenne en volume, 1985-2008
en %	Main-d'œuvre	Capital en TIC	Capital hors TIC	PGF	Croissance du PIB
Allemagne	–0,17	0,29	0,31	1,07	1,50
États-Unis	0,94	0,54	0,32	1,09	2,89
Japon	-0,35	0,40	0,45	1,60	2,10
France	0,04	0,24	0,31	1,16	1,75
Canada	1,18	0,44	0,66	0,37	2,65

Source : OCDE.
TIC : technologies de l'information et de la communication.
PGF : productivité globale des facteurs de production.

Document 2

Dépenses intérieures de recherche-développement en % du PIB

Dépenses intérieures de recherche-développement en % du PIB
	2008	2009
Corée du Sud	3,36	3,56
Japon	3,47	3,36
États-Unis	2,84	2,90
Allemagne	2,69	2,82
France	2,12	2,21
Royaume-Uni	1,79	1,86
Finlande	3,70	3,93
Suède	3,70	3,60
UE (27)	1,84	1,92
Total OCDE	2,35	2,40

Source : D'après note d'information, enseignement supérieur et recherche, 2012.

Document 3

Évolution de la productivité globale des facteurs en France de 1978 à 2010 (indice base 100 en 1978)
Source : Comptes nationaux, enquêtes Emploi, INSEE, 2013.

Document 4

Article L611-1
Toute invention peut faire l'objet d'un titre de propriété industrielle délivré par le directeur de l'Institut national de la propriété industrielle qui confère à son titulaire ou à ses ayants cause un droit exclusif d'exploitation. […]
Article L611-2
Les titres de propriété industrielle protégeant les inventions sont : les brevets d'invention, délivrés pour une durée de vingt ans à compter du jour du dépôt de la demande ; les certificats d'utilité, délivrés pour une durée de six ans à compter du jour du dépôt de la demande ; les certificats complémentaires de protection rattachés à un brevet […] prenant effet au terme légal du brevet auquel ils se rattachent pour une durée ne pouvant excéder sept ans à compter de ce terme et dix-sept ans à compter de la délivrance de l'autorisation de mise sur le marché mentionnée à ce même article. […]
Article L615-14
Sont punies de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende les atteintes portées sciemment⁽¹⁾ aux droits du propriétaire d'un brevet […]. Lorsque le délit a été commis en bande organisée ou sur un réseau de communication au public en ligne ou lorsque les faits portent sur des marchandises dangereuses pour la santé, la sécurité de l'homme ou l'animal, les peines sont portées à cinq ans d'emprisonnement et à 500 000 euros d'amende.
Source : Code de la propriété industrielle, Légifrance, 2013.

La bonne méthode

$\bullet$ Commencer par bien définir le concept de croissance économique et les notions de facteur capital et de facteur travail.
$\bullet$ Reprendre les termes exacts du sujet dans vos titres de parties pour éviter d'être hors sujet.

Ce qu'il ne faut pas faire

$\bullet$ Confondre PIB et croissance économique.
$\bullet$ Oublier que la croissance économique a aussi des causes extraéconomiques.
$\bullet$ Penser qu'il faut utiliser tous les chiffres de tous les documents.

(1)Sciemment : délibérément.

Corrigé

L'analyse du sujet

Le sujet invite à se demander si les facteurs de production (le travail et le capital) expliquent l'intégralité de la croissance économique. En première approche, il est logique de penser que si un pays emploie davantage de travailleurs (facteur travail) et dispose de davantage de machines (facteur capital), il produira probablement davantage et donc augmentera son PIB. Pourtant, les économistes ont démontré que, si l'accumulation des facteurs de production explique bien une partie de la croissance économique, d'autres critères entrent également en ligne de compte. Afin de bâtir votre plan, il peut être intéressant de rédiger au brouillon un schéma présentant les diverses causes possibles de la croissance économique.

L'analyse du dossier documentaire

Document 1. Il permet de montrer que le facteur travail contribue à la croissance du PIB : par exemple, aux États-Unis, entre 1985 et 2008, la main-d'œuvre contribue pour 0,94 % à la croissance annuelle moyenne du PIB. Il révèle que c'est également le cas du facteur capital. Il est également utilisable dans la deuxième partie : au Japon, entre 1985 et 2008, la PGF contribue pour 1,60 % à la croissance du PIB, tandis que les facteurs travail et capital n'y contribuent que pour 0,5 %.
Document 2. Ce tableau présentant l'évolution des dépenses en « recherche et développement » dans plusieurs pays entre 2008 et 2009 servira pour alimenter le point sur la PGF.
Document 3. Ce graphique exprimé en indices simples montrant la hausse de la productivité des facteurs en France entre 1978 et 2010 servira également dans le point sur la PGF.
Document 4. Ce texte extrait du code de la propriété industrielle permet d'illustrer le fait que la croissance économique s'explique aussi par l'existence d'institutions marchandes comme, ici, une légalisation sur les brevets.

Le plan détaillé du développement

I. L'accumulation du facteur travail et du facteur capital est source de croissance économique

1. L'accumulation du facteur travail permet de produire davantage et est donc source de croissance économique. (document 1)

2. L'accumulation du facteur capital permet de produire davantage et est donc source de croissance économique. (document 1)

II. Mais l'accumulation du facteur travail et du facteur capital n'est pas la seule source de la croissance économique

1. L'accroissement de la productivité globale des facteurs (expliquée par le progrès technique et la « recherche-développement ») est une autre source de la croissance économique. (documents 1, 2 et 3)

2. Les institutions (comme les droits de propriété) sont d'autres sources de la croissance économique. (document 4)

Zoom sur…

L'innovation : une notion très large

Il convient d'abord de distinguer une invention d'une innovation. Une invention est une découverte, généralement le fruit de la « recherche-développement ». Le terme « innovation » est utilisé lorsqu'une invention est mise sur le marché.
L'économiste autrichien Joseph Aloïs Schumpeter propose une vision très large de la notion d'innovation. Selon lui, les innovations regroupent :

• la fabrication de produits nouveaux (par exemple, l'invention du téléphone portable en 1973 puis sa production) ;

• la mise en place de nouvelles méthodes de production, de transport ou de commercialisation (par exemple, la création de la machine à coudre électrique en remplacement du métier à tisser) ;

• la pénétration par des entreprises d'un marché sur lequel elles n'étaient pas présentes auparavant (par exemple, la pénétration par l'entreprise de BTP Bouygues du marché de la téléphonie mobile) ;

• les découvertes de nouvelles matières premières (par exemple, l'alimentation électrique d'une machine peut désormais provenir de l'énergie solaire) ;

• la création de nouvelles organisations du travail ou les modifications de la structure de marché (par exemple, la création de « l'organisation scientifique du travail » par F. W. Taylor est assimilée à une innovation).

Selon J. A. Schumpeter, les innovations provoquent un processus de « destruction créatrice » : par exemple, la création du téléphone portable a fait disparaître la plupart des cabines téléphoniques publiques.