Le Moyen-Orient : conflits régionaux et tentatives de paix impliquant des acteurs internationaux (étatiques et non étatiques)

Le Moyen-Orient constitue, par sa position géographique, une interface entre les continents européen, africain et asiatique, qui inclut les pays situés entre l'Égypte à l'ouest, l'Iran à l'est, la Turquie au nord et la péninsule arabique au sud. La région a été soumise à l'influence ottomane, puis européenne, avant que le processus de la décolonisation et la guerre froide ne permettent aux Américains et Soviétiques d'y étendre leur influence, et aux acteurs régionaux de s'émanciper en faisant usage de la rente pétrolière et de l'arme énergétique pour peser dans les décisions internationales. La question de l'eau est un élément aggravant des conflits dans la région : les fleuves comme le Nil, le Tigre, l'Euphrate ou le Jourdain sont partagés entre plusieurs pays et l'accès à l'eau est nécessaire pour l'agriculture dans les zones arides. Comment expliquer la persistance des conflits dans la région malgré les tentatives de paix ?
I. Le conflit israélo-arabe : des tentatives de paix de l'ONU aux guerres interétatiques
Le départ des Britanniques de la Palestine, administrée sous mandat de la Société des nations depuis 1923, a initié une situation de crise, qui n'est toujours pas résolue aujourd'hui. Confrontés aux actions menées par la Haganah ou l'Irgoun, deux organisations paramilitaires juives, les Britanniques remettent leur mandat à l'ONU en février 1947. En dépit de la proposition par l'ONU d'un plan de partage de la Palestine, les affrontements armés se multiplient. Le 14 mai 1948, sans attendre le partage de l'ONU, David Ben Gourion proclame la création de l'État d'Israël.
Les guerres israélo-arabes opposent Israël aux pays arabes voisins entre 1948 et 1973. Dès l'indépendance d'Israël, les armées de l'Égypte, de l'Irak, de la Jordanie et de la Syrie attaquent le pays en 1948. Une rapide victoire israélienne s'accompagne du départ de 700 000 Arabes palestiniens qui fuient les combats. Les premiers camps de réfugiés palestiniens sont installés en Cisjordanie, conquise par la Jordanie, ainsi que dans la bande de Gaza, occupée par l'Égypte. Cette première guerre sera suivie de deux autres : la guerre des Six Jours en 1967 et la guerre de Yom Kippour en 1973, conflits également remportés par Israël. Des accords de paix sont signés entre Israël et l'Égypte à la suite des accords de Camp David de 1978, puis avec la Jordanie en 1994. Pourtant, les tensions restent vives avec la Syrie, le Liban et les autres États arabes de la région, et les conflits avec la population palestinienne s'accroissent.
II. Les acteurs du conflit israélo-palestinien : organisations armées et médiation internationale
Le conflit israélo-palestinien est le conflit opposant Israël aux populations palestiniennes. Il prend surtout corps à partir des années 1960. En 1964 est créée l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). En 1969, Yasser Arafat en prend le contrôle et la transforme en groupe armé. L'OLP participe au déclenchement en 1987 de la première Intifada, qui mobilise une génération de jeunes Palestiniens contre l'occupation israélienne. La même année est créé le Hamas, mouvement islamiste prônant à la fois la libération de la Palestine et la destruction d'Israël. Les accords d'Oslo, signés, grâce à la médiation des États-Unis en 1993, par Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, conduisent à la création de l'Autorité palestinienne. Mais le processus de paix amorcé ne dure pas. L'assassinat de Rabin par un nationaliste israélien en 1995, la multiplication des attentats sur le sol israélien et les ripostes militaires engagées par Israël contre les territoires palestiniens le mettent à mal. Face à la recrudescence des attentats, les autorités israéliennes entament la construction d'un mur séparant Israël et la Cisjordanie. Le plan de partage, très favorable à Israël, proposé par les États-Unis en janvier 2020 a été immédiatement rejeté par les autorités palestiniennes et la paix semble encore une perspective très lointaine.
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« Israël-Palestine : quelle solution ? Frédéric Encel », Le dessous des cartes, Arte, 19 mai 2021
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Le plan Trump en carte, Le Monde diplomatique
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III. De nouvelles conflictualités depuis les années 1980 : le rôle de l'OPEP et l'islamisme politique
À partir des années 1980, le pétrole se trouve au cœur de conflits d'un nouveau type. Le Moyen-Orient concentre aujourd'hui près de 50 % des ressources pétrolières mondiales. La fondation en 1960 de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) par l'Arabie Saoudite, l'Irak, l'Iran, le Koweït et le Venezuela donne aux pays du Moyen-Orient le moyen de faire usage de l'arme pétrolière pour affirmer leur poids sur la scène internationale. C'est ce qu'a montré la décision de l'OPEP d'augmenter le prix du baril en 1973, en réaction au soutien des États-Unis à Israël pendant la guerre du Kippour. Cette décision a ébranlé l'économie mondiale et révélé la puissance de l'arme énergétique (premier choc pétrolier, 1973).
L'islamisme politique se trouve également au centre des enjeux dans la région depuis les années 1980. La révolution islamique de 1979 a en effet contribué au prestige et à l'essor de l'islamisme au Moyen-Orient. Cette révolution menée par les Gardiens de la révolution, étudiants en religion iraniens, et leur guide spirituel, l'ayatollah Khomeiny, aboutit à la fuite du shah d'Iran et à l'établissement d'une théocratie hostile aux États-Unis, qui perdent un allié précieux dans la région. La victoire de l'intégrisme iranien a donné une impulsion nouvelle aux mouvements politico-religieux dans la région.
IV. L'implication des États-Unis au Moyen-Orient
En 1990, Saddam Hussein décide d'envahir un pays voisin, le Koweït, qui dispose d'importantes réserves de pétrole. Les États-Unis obtiennent un mandat de l'Onu et interviennent à la tête d'une large coalition de pays (États-Unis, France, Royaume-Uni, Égypte, Arabie Saoudite, Syrie, etc.). Ils libèrent le Koweït et pénètrent en Irak. La guerre s'arrête très rapidement devant la supériorité militaire de la coalition. Cette guerre marque en quelque sorte la fin de la guerre froide dans la région, car les États-Unis interviennent avec l'accord de l'ONU, victorieusement, montrant ainsi leur prise de contrôle de la zone et l'impuissance de l'URSS.
Mais l'influence des Etats-Unis dans la région est ébranlée à partir des années 2000. En effet, les attentats du 11 septembre 2001 et la guerre en Irak en 2003 constituent un tournant majeur pour l'implication des États-Unis au Moyen-Orient. Après les attentats organisés par Al-Qaïda le 11 septembre 2001, qui tuent 3 000 personnes environ à New York, les États-Unis se considèrent comme engagés dans une guerre contre le terrorisme. Ils envahissent l'Afghanistan en 2001 pour détruire Al-Qaïda. L'Irak est aussi accusé de mener secrètement un programme nucléaire et de soutenir le terrorisme international. Les États-Unis souhaitent également destituer Saddam Hussein, resté en place après l'intervention de 1991, et sécuriser les réserves de pétrole irakiennes. Ces raisons mènent à l'invasion de l'Irak en mars 2003 sans mandat de l'ONU par une coalition menée par les États-Unis. On compte plus de 500 000 morts, le pays s'enlise dans la guerre civile et une nouvelle organisation terroriste, l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), naît dans les ruines du pays.
V. Les acteurs de la guerre civile en Syrie : alliances et coalition internationale
À partir de 2011, une révolution éclate en Syrie. Le régime de Bachar al-Assad réplique par la force, et les révolutionnaires prennent les armes. C'est le début d'une très longue guerre civile, opposant le régime aux rebelles. Bachar al-Assad parvient à se maintenir au pouvoir grâce à l'aide apportée par son allié russe, mais le conflit cause la mort de 400 000 personnes et 5,5 millions de Syriens fuient le pays d'après l'ONU.
Par ailleurs, l'organisation État islamique (EI) profite de la guerre civile pour s'implanter en Syrie à partir de 2013. L'EI, s'étendant à la fois en Irak et en Syrie, est proclamé en 2014 par son chef, Abu Bakr al-Baghdadi. Une coalition internationale est montée pour l'affronter, formée des pays arabes, des forces kurdes, de la Turquie, des États-Unis, de la France et de la Russie. Cette coalition parvient à vaincre l'EI en Syrie et Abu Bakr al-Baghdadi est tué le 27 octobre 2019, mais la région reste durablement déstabilisée par les guerres en Irak et en Syrie, et par les tensions persistantes entre les États-Unis et l'Iran.
Le Proche et le Moyen-Orient.
Le Proche et le Moyen-Orient.
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Chiites et sunnites
Issus d'un schisme lié à des questions de succession au prophète Mahomet, mort en 632, ces deux courants de l'islam s'opposent parfois au Moyen-Orient, particulièrement à travers l'Iran et l'Arabie Saoudite. Les chiites, minoritaires, sont surtout présents en Iran, en Irak, en Syrie et au Yémen. L'Iran est un État religieux chiite qui affirme sa puissance dans la région en apportant un soutien à ses alliés, le Hezbollah au Liban et le régime de Bachar al-Assad en Syrie notamment. Il s'oppose à l'Arabie Saoudite, puissance sunnite qui renforce son influence en s'appuyant sur son alliance avec les États-Unis et en finançant la diffusion de l'idéologie islamiste wahhabite. Les guerres en Syrie et en Irak sont compliquées par l'intervention de ces deux pays. Ainsi, en Syrie, les gardiens de la révolution iraniens ont combattu pour aider le chef d'État chiite Bachar al-Assad contre ses adversaires de l'Armée syrienne libre (ASL) majoritairement sunnites. À l'inverse, l'Arabie Saoudite apporte un appui militaire à la répression de l'insurrection houthiste au Yémen, car il s'agit d'une rébellion de populations chiites.
La guerre civile en Syrie
En 2011, dans la lignée des printemps arabes en Tunisie et en Égypte, éclate une révolution en Syrie. La riposte violente du régime de Bachar al-Assad conduit les rebelles à se constituer en armée, l'Armée syrienne libre (ASL) en 2011, qui reçoit le soutien des Occidentaux. La guerre implique rapidement de nombreuses autres composantes : la Russie apporte un soutien militaire au régime, de même que les Gardiens de la révolution iraniens. Les Kurdes essayent de constituer un État autonome et la Turquie intervient pour tenter de les en empêcher. L'organisation terroriste État islamique, fondée en Irak, profite du chaos pour s'implanter dans l'est de la Syrie, et une coalition internationale est fondée pour tenter de l'anéantir. Ce conflit durable est extrêmement destructeur, puisqu'on compte environ 400 000 morts et 5,5 millions de réfugiés.
Exercice n°1
Le Hamas est :
Cochez la bonne réponse.
A. une organisation terroriste fondée au Soudan.
B. une organisation fondamentaliste sunnite palestinienne.
C. un parti politique égyptien.
Fondé en 1987, le Hamas est une organisation islamiste palestinienne prônant la destruction de l'État d'Israël et l'instauration d'un État islamique palestinien.
Exercice n°2
L'intervention contre l'Irak en 1991 :
Cochez la bonne réponse.
A. a entraîné la chute et l'arrestation de Saddam Hussein.
B. a contraint l'armée irakienne à évacuer le Koweït.
C. a amené l'Irak à développer un programme nucléaire militaire.
L'intervention de la coalition internationale en 1991 force l'Irak à évacuer le Koweït. C'est l'intervention américaine en 2003 qui amène l'arrestation, le procès puis la pendaison de Saddam Hussein.
Exercice n°3
L'État Islamique est :
Cochez la bonne réponse.
A. une ancienne branche d'Al-Qaïda.
B. une organisation religieuse chiite.
C. un État apparu au Yémen.
L'État islamique est en 2006 une cellule irakienne d'Al-Qaïda. C'est en 2014, qu'Abou Bakr al-Baghdadi proclame la fondation de l'État islamique.
Exercice n°4
Le mouvement des Printemps arabes a commencé :
Cochez la bonne réponse.
A. en Tunisie.
B. en Syrie.
C. en Égypte.
Les printemps arabes commencent avec la révolution du Jasmin, en Tunisie, suite à l'immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010. Il meurt de ses blessures le 4 janvier 2011.