La nature

Le terme de nature est polysémique en philosophie et souvent équivoque dans la vie quotidienne. La nature désigne l'environnement biophysique et les êtres qui le composent en opposition au culturel, c'est-à-dire ce qui a été modifié par l'homme dans cette nature pour la connaître, l'exploiter, la dominer. La nature existe spontanément, de manière autonome ou sauvage.
Dans l'Antiquité, les premiers philosophes atomistes théorisent l'existence de petites particules insécables, les atomes, dont les interactions produiraient tous les phénomènes naturels. À l'origine des lois physiques, Platon suppose quant à lui l'existence d'un Dieu, d'un démiurge artisan du monde. La nature serait organisée intentionnellement, et chacun des êtres qui la composent tiendrait sa place selon un but prédéterminé.
Plus de 2000 ans plus tard, Spinoza souligne que l'homme n'est pas « comme un empire dans un empire » mais qu'il fait partie intégrante de la nature. Selon lui, son action est nécessairement déterminée par les lois qui la régissent et il n'y a aucune place pour la contingence. Le baron d'Holbach reprendra cette pensée sur le plan scientifique pour théoriser un déterminisme universel d'après lequel tous les phénomènes de la nature seraient prévisibles selon l'enchaînement des causes et des effets. Mais qu'en est-il de la nature humaine ?
Il n'y a jamais eu consensus sur ce qu'est la nature humaine dans l'histoire de la philosophie. Comme pour lutter contre la « mauvaise foi » de l'innéisme, Jean-Paul Sartre défend un existentialisme selon lequel l'homme est individuellement responsable de ce qu'il fait mais aussi de ce qu'il est. Pour Émile Durkheim, l'homme est d'abord le produit de la culture et plus particulièrement de son éducation. Le fait social désigne toute manière d'agir, de penser et de vivre. Cette façon d'agir est imposée de l'extérieur à l'individu, qui les intègre progressivement par un processus que l'on appelle « acculturation ».
À la fin du vingtième siècle, la notion de nature humaine se voit adjoindre une éthique écologiste. La nature peut sembler menacée dans son équilibre par les excès du progrès technique. Pour Bergson, la technique s'inscrit dans le développement naturel de l'homme, mais il souhaite qu'une réflexion éthique puisse lui servir de cadre en amont. Son contemporain Hans Jonas défend un principe de responsabilité à l'égard des générations futures et appelle à ralentir le progrès technique. Plus pessimiste, la collapsologie étudie l'aspect inévitable d'un effondrement de la civilisation. La nature, quant à elle, reste teintée d'optimisme car elle survivrait à un tel effondrement !
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