Le monde de 1945 à nos jours


Fiche

La fin de la Seconde Guerre mondiale marque le début d'un nouvel ordre international. Celui-ci est caractérisé par l'opposition violente et radicale entre deux visions économiques et politiques : celle d'un Occident libéral mené par les États-Unis et celle d'une mosaïque de pays aux conceptions communistes et soviétiques menés par l'URSS. Dans ce contexte de guerre froide, les anciennes colonies accèdent à l'indépendance, non sans difficultés. C'est aussi au lendemain du second conflit mondial et dans un désir de paix que naît l'Union européenne.
Un monde bipolaire : la guerre froide
Les tensions entre deux superpuissances
À partir de 1947, le monde connaît une division en deux blocs antagonistes, dominés par les États-Unis d'une part et l'URSS d'autre part. Les premiers soutiennent leurs alliés européens militairement, avec la création en 1950 de l'OTAN, et financièrement, avec le plan Marshall. Le bloc soviétique s'organise lui aussi. L'URSS favorise, par la contrainte, l'arrivée au pouvoir des partis communistes. Le pacte de Varsovie unit militairement l'URSS et les démocraties populaires.
Sur le plan économique, le bloc de l'Ouest est marqué par l'économie de marché. Dans le cadre du bloc de l'Est, le Comecon (ou Conseil d'aide économique mutuelle) est mis en place dès 1949. Il organise les échanges entre les pays du bloc de l'Est, au profit de l'URSS.
Guerre froide et bipolarisation du monde
Le 12 mars 1947, le président américain Truman énonce la doctrine de « l'endiguement » du communisme, à laquelle répond le secrétaire général du Kominform, Andreï Jdanov, par une doctrine de lutte contre l'impérialisme américain. C'est le début de la guerre froide. En Europe, le « rideau de fer » marque matériellement cette rupture entre deux mondes.
Les deux blocs s'engagent dans une course aux armements, dont la bombe atomique. Les « supergrands » s'affrontent de manière indirecte dans des conflits dits périphériques comme en Corée, de 1950 à 1953, ou au Vietnam, de 1963 à 1975. Le 12 août 1961, à la suite de nouvelles tensions au sujet de Berlin, les Soviétiques y font construire un mur de démarcation. En 1962, la crise des missiles de Cuba place le monde au bord de la guerre atomique.
Cependant, des remises en cause existent au sein de chacun des blocs. En 1956 à Budapest et en 1968 à Prague, les chars du pacte de Varsovie écrasent des révolutions libérales. En Occident, des mouvements contestataires émergent dans la jeunesse étudiante, comme Mai 68 en France ou le mouvement contre la guerre du Vietnam aux États-Unis.
Du retour de la guerre froide à l'effondrement du bloc soviétique
Après huit années de détente entre les deux Grands, le président américain Ronald Reagan relance la course aux armements dans les années 1970. Les Soviétiques renouent des alliances en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. L'invasion soviétique de l'Afghanistan et la crise des missiles basés en Europe relancent les hostilités. En 1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir en URSS et lance le mouvement de réforme appelé « Perestroïka ». Peu à peu, les pays d'Europe de l'Est accèdent à leur émancipation et la fin de l'empire soviétique est symbolisée le 9 novembre 1989 par la chute du mur de Berlin. Le 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev annonce la dissolution de l'URSS, qui fait place à vingt-deux États indépendants abandonnant le communisme. C'est la fin de la guerre froide et le triomphe du système libéral.
Exercice n°1Exercice n°2Exercice n°3
Indépendances et décolonisation
Le processus de décolonisation
L'obtention de l'indépendance par les pays anciennement dominés par les puissances européennes, de 1947 à 1975, bouleverse l'ordre international.
Le 15 août 1947, l'Inde, colonie britannique, accède à l'indépendance. Elle est partagée entre l'Union indienne (État laïc à majorité hindoue, dirigé par Nehru) et le Pakistan (à majorité musulmane). Au Moyen-Orient, la Grande-Bretagne se retire de Palestine. Les colonies britanniques d'Afrique ainsi que le Congo belge accèdent à l'indépendance de 1957 à 1963. L'indépendance de certaines colonies françaises fait aussi l'objet de négociations : le Maroc et la Tunisie en 1956, puis les colonies d'Afrique subsaharienne de 1958 à 1960.
L'indépendance d'autres territoires s'accompagne de lourds conflits de décolonisation. De 1946 à 1954, la guerre d'Indochine oppose la France aux indépendantistes communistes au Vietnam. Puis la guerre d'Algérie oppose, de 1954 à 1962, la France aux nationalistes algériens.
L'émergence du tiers-monde
Les nouveaux pays indépendants s'organisent pour trouver leur place dans l'ordre international. En 1952, le Français Alfred Sauvy invente le terme de « tiers-monde » pour les qualifier. De nouvelles figures de dirigeants apparaissent, engagés dans la lutte contre le colonialisme et l'impérialisme comme le président Nasser en Égypte qui nationalise en 1956 le canal de Suez et favorise l'idée du panarabisme. Nehru (en Inde) et Soekarno (en Indonésie) souhaitent un développement autocentré différent des modèles capitalistes et communistes. En Chine, Mao Zedong propose une voie communiste originale et adaptée au tiers-monde, fondée sur la création de communes populaires et l'embrigadement de la population. En avril 1955, ces dirigeants et les chefs d'État de vingt-neuf pays se réunissent à la conférence de Bandung, où ils plaident en faveur d'un nouvel ordre international.
Certains États vont plus loin. Avec la Yougoslavie, l'Égypte et l'Inde lancent, en 1962, le mouvement des non-alignés, afin de contrer la logique des blocs. Mais le bilan de ces actions reste limité. La plupart des pays du tiers-monde ont été marqués par les logiques de guerre froide. Pour autant, l'émergence du tiers-monde s'accompagne de conflits dont les enjeux dépassent parfois le strict cadre de la guerre froide. Les crises et conflits que traverse le Moyen-Orient sont de ce type.
Exercice n°4
La construction européenne
Les principes fondateurs de la construction européenne
Dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des hommes politiques européens cherchent un moyen de rendre la guerre impossible entre les pays d'Europe. Jean Monnet et Maurice Schumann en France, Alcide de Gasperi en Italie ou encore Conrad Adenauer en Allemagne contribuent à la fondation du Conseil de l'Europe en 1949, puis de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) en 1951. Le 25 mars 1957, le traité de Rome institue la Communauté économique européenne (CEE).
Les institutions européennes
Plusieurs institutions sont créées afin de garantir le fonctionnement de l'Union indépendamment de celles des États membres, comme Le Conseil européen (1974), qui donne les grandes orientations des politiques menées par l'Union, la Commission européenne (1957) qui propose le budget et les lois votées par le Parlement européen et le Conseil de l'Union européenne (composé de ministres des États membres).
L'élargissement de l'Union européenne
Le but de l'Union européenne est de favoriser la libre circulation des hommes et des biens dans l'espace européen (création de l'espace Schengen en 1985, entré en vigueur en 1995) et de développer une citoyenneté européenne. Tout au long de leur histoire, et en particulier avec la chute des dictatures et du bloc soviétique, la CEE puis l'UE (1993) ont accueilli de nouveaux États membres, passant de 6 à 28, sous certaines conditions politiques (être une démocratie) et économiques (satisfaire à certaines normes monétaires et de rigueur budgétaire).
Europe des États, Europe des citoyens : une gouvernance à construire
Le projet européen fait néanmoins l'objet de contestations récurrentes. C'est ainsi que le Brexit, entré en vigueur le 1er février 2020, a permis au Royaume-Uni de quitter l'UE. Les référendums ayant suivi les projets d'élaboration d'une constitution européenne ont permis de constater un divorce entre l'Union et certains citoyens. L'UE est accusée d'être une machine technocratique imposant des normes et de souffrir d'un déficit de représentativité. La question de la gouvernance économique de l'Union se pose également avec une nouvelle acuité face aux crises économiques (crise de 2008, épidémie de COVID-19). Les divergences entre les États et le poids de l'Allemagne au sein de l'Union constituent des défis importants.
Exercice n°5Exercice n°6
Le monde après 1991
L'hyperpuissance américaine des années 1990
En 1990, les États-Unis apparaissent comme la seule superpuissance, agissant avant tout dans son propre intérêt. Ainsi interviennent-ils en Irak (guerres du Golfe de 1991 et 2003), dans le conflit israélo-palestinien (accords d'Oslo de 1993), en Afghanistan (1997). En réponse notamment à cet interventionnisme, les États-Unis sont touchés par le terrorisme islamiste. Le 11 septembre 2001, Al-Qaïda lance des attaques sur leur territoire. Toutefois, en 2008, l'élection de Barack Obama conduit à une inflexion de la politique américaine pour changer l'image des États-Unis au sein du monde arabe.
Depuis les années 2000, l'ordre géopolitique international est aussi marqué par l'affirmation de nouvelles puissances comme la Russie de Poutine ou encore la Chine qui s'engage dans une compétition économique, technologique et militaire avec les États-Unis.
Crimes de masse et génocides
Depuis les années 1990, les crimes de masse et les génocides se multiplient dans le monde. Les crimes contre l'humanité sont liés aux déstabilisations régionales et à la multiplication des tensions politiques, ethniques et religieuses, comme lors de la guerre en Yougoslavie en 1991, qui fait près de 100 000 victimes. Au Rwanda, en 1994, la guerre civile donne lieu à un génocide du peuple tutsi causant plus de 800 000 morts. La défaillance étatique, le fanatisme religieux ou politique, la présence de réseaux criminels tendent à dessiner des « zones grises » où le droit international peine à s'appliquer. Ainsi des bandes armées perpètrent des enlèvements en Amérique latine, comme les FARC en Colombie. Les mouvements djihadistes mènent des opérations contre les civils, comme Boko Haram au nord du Nigéria, ou Daech, de 2014 à 2018 dans le nord de la Syrie et de l'Irak.
L'effort pour la mise en place d'une gouvernance mondiale
Diverses organisations tentent de mettre en place une gouvernance mondiale. Dans le domaine politique, l'ONU dispose d'une influence réelle mais limitée. Certaines organisations liées à l'ONU, comme l'UNESCO et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sont par ailleurs dépendantes du financement par les États. Dans le domaine économique, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est créée en 1995 et les sommets comme le G7, le G20 ou encore le forum économique mondial de Davos organisent les orientations économiques mondiales. Des rivalités demeurent dans le cadre de cette gouvernance économique, comme avec la Chine ou les pays de l'OPEP.
Exercice n°7Exercice n°8
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