De plus en plus de citadins


Fiche

En 1900, un homme sur dix vivait en ville. En 2010, la proportion s'élève à un homme sur deux (50,5 %), soit presque 3,45 milliards d'habitants. En un siècle, la population mondiale a été multipliée par 4 ; la population urbaine, par 25. Les situations sont cependant très différentes selon les pays : les territoires les plus urbanisés sont généralement aussi les plus riches. Comment expliquer ces phénomènes ?
De plus en plus de citadins - illustration 1
I. Qu'est-ce qu'une ville ?
1. Ville ou campagne
On peut définir la ville par opposition avec la campagne.
•  Une ville concentre une population relativement importante sur un espace limité.
•  Les activités urbaines (commerces, services, industries) se distinguent du travail de la terre, prédominant dans les zones rurales.
•  De plus, les constructions y forment un tissu continu, et non pas dispersé dans la nature.
•  La différence entre un village et une ville se traduit enfin par le nombre d'habitants : en France, une ville compte au moins 2 000 habitants ; aux États-Unis, plus de 2 500 ; et en Asie, plus de 5 000.
Il est donc difficile de comparer les taux d'urbanisation dans le monde, puisque le dénombrement des citadins n'a pas le même sens partout !
2. Différents types de villes
•  En Amérique du Nord, les gratte-ciel constituent le centre des villes. Ils abritent des bureaux et logent les habitants les plus riches. Certains quartiers regroupent les populations plus pauvres (Noirs, Portoricains, Haïtiens, etc.). Plus ou moins excentrées, ces zones défavorisées se voient souvent négligées, et parfois laissées à l'abandon. Autour des villes s'étendent de vastes banlieues résidentielles, où dominent les maisons individuelles. Un réseau de voies rapides les relie à la ville. La classe moyenne y bénéficie ainsi d'un cadre de vie agréable, calme et spacieux.
•  En Europe, la plupart des villes sont beaucoup plus anciennes. Leur centre conserve davantage les marques du passé : monuments, rues étroites… Les quartiers nouveaux ou rénovés des villes européennes ressemblent davantage aux villes américaines : des gratte-ciel y ont même fait leur apparition récemment (comme dans le quartier de La Défense à Paris). Au cours des XIXe et XXe siècles, ces villes ont dû s'agrandir. Les banlieues, composées de pavillons individuels ou de grands ensembles d'immeubles, se sont développées en couronnes, à la périphérie.
•  Dans les pays pauvres, les contrastes sont importants entre les différentes zones urbaines : des centres modernes aux tours d'acier et de verre avoisinent des quartiers résidentiels aisés, des secteurs pauvres à l'habitat dégradé et des bidonvilles (Mexico). Des milliers de personnes, seules ou en famille, dorment dans la rue, voire dans les décharges, ou occupent les cimetières (c'est le cas au Caire).
II. La croissance des villes
1. Une urbanisation récente
•  Les premières villes sont nées en Asie Mineure et au Moyen-Orient vers le VIIIe millénaire av. J.-C. Jusqu'au XVIIIe siècle, les villes ne concentraient qu'une population réduite : la part des citadins dans la population totale d'un pays restait inférieure à 10 %.
•  L'urbanisation s'est ensuite accélérée en Europe et aux États-Unis, du fait de la révolution industrielle. Au XIXe siècle, la construction des usines et des logements pour les ouvriers a donné naissance aux banlieues. Les villes se sont alors étalées le long des routes et des premières voies de chemin de fer.
•  Aujourd'hui, c'est dans les pays pauvres que la croissance des villes est la plus spectaculaire. Là, l'explosion urbaine n'est pas liée à l'industrialisation. La pauvreté des campagnes, les famines, les guerres poussent les paysans à s'installer en ville : ils espèrent y trouver plus de confort et de sécurité, du travail et de quoi manger. Un exode rural massif gonfle la population urbaine, auquel s'ajoute une forte croissance démographique.
•  Si le taux d'urbanisation des pays les moins développés ne dépasse guère les 40 %, il ne reflète ni les écarts qui existent entre la région la moins urbanisée (10 % au Burundi, 13 % au Sri Lanka, 16 % au Niger) et la plus urbanisée, (l'Amérique latine ou l'Europe avec des taux supérieurs à 70 % : 86 % au Brésil, 90 % au Royaume-Uni, 92 % en Uruguay, 97 % en Belgique), ni l'ampleur de la croissance de cette urbanisation.
2. Des villes toujours plus grandes
•  Les villes s'agrandissent généralement horizontalement : les banlieues s'étendent de plus en plus loin. Elles poussent également verticalement : les immeubles de bureaux et d'habitations sont de plus en plus hauts, surtout dans les centres-villes.
•  Dans les pays développés, il arrive que plusieurs agglomérations se développent tellement qu'elles finissent par se rejoindre : elles forment alors, sur des centaines de kilomètres, des agglomérations géantes, appelées mégalopoles.
•  Les trois grandes mégalopoles sont :
  •  au Japon, celle qui s'étire de Tokyo à Nagasaki (105 millions d'habitants) ;
  •  aux États-Unis, celle qui relie Boston à Washington (60 millions d'habitants) ;
  •  en Europe, une zone plus ou moins continue, de Londres à Milan, qui regroupe 90 millions d'habitants.
Aujourd'hui, le nombre de citadins dans les pays les plus développés n'augmente que très lentement. Avec plus de 75 % de la population vivant en ville, il semble que l'urbanisation ait atteint un plafond.
3. La répartition des grandes agglomérations
•  Les sept plus grandes agglomérations du monde (en millions d'habitants) :
En 1950
En 2010
Londres (Angleterre) : 6,4
Tokyo (Japon) : 37,7
New York (É.-U.) : 4,2
New York (É.-U.) : 25,9
Paris (France) : 3,9
Mexico (Mexique) : 23,2
Berlin (Allemagne) : 2,4
Séoul (Corée du sud) : 22,7
Chicago (É.-U.) : 1,7
Mumbai (Bombay, Inde) : 21,3
Vienne (Autriche) : 1,6
Sao Paolo (Brésil) : 20,8
Tokyo (Japon) : 1,4
Manille (Philippines) : 19,9

En 1950, les sept plus grandes agglomérations appartenaient toutes aux pays les plus développés. Aujourd'hui, cinq des sept (et sept des dix) plus grandes agglomérations se trouvent dans des pays en développement.
En 1900, on dénombrait 16 agglomérations de plus d'un million d'habitants dans le monde. La majorité d'entre elles se trouvaient dans des pays industrialisés. En 2010, on en compte au moins 480, dont 60 % dans des pays en développement.
Cependant les trois grandes mégalopoles sont situées dans les principaux foyers de peuplement de l'hémisphère Nord. Bien souvent, l'urbanisation d'un pays va en effet de pair avec sa richesse.
•  Dans les pays du tiers monde, où la croissance urbaine est devenue très forte, la situation apparaît plutôt contrastée.
L'Asie compte des villes importantes, aussi bien à l'intérieur des terres (12,2 millions d'habitants à Pékin, en Chine) que sur les côtes (presque 18 millions à Shanghai, en Chine). Mais les taux d'urbanisation restent assez faibles (43 % en Chine, 29 % en Inde) car les campagnes sont surpeuplées.
Également peu urbanisée (48 % au Nigéria, 43 % en Égypte), l'Afrique possède peu de grandes agglomérations : la plupart sont situées sur les côtes ou en sont peu éloignées (12,5 millions d'habitants à Lagos, au Nigeria ; 16,2 millions au Caire, en Égypte).
L'Amérique latine, quant à elle, possède un taux d'urbanisation très élevé. À l'exception de Mexico (23,3 millions) et de Brasilia (3,5 millions), il s'agit surtout de villes littorales, comme Buenos Aires, en Argentine (14,2 millions d'habitants), ou São Paulo, au Brésil (20,8 millions).
III. En conclusion
•  Aujourd'hui, des régions entières, voire des pays, s'organisent autour des villes. Celles-ci sont au cœur des réseaux de transports, des zones industrielles, ou touristiques. Elles occupent parfois des superficies immenses. La concentration des populations urbaines pose des problèmes d'équipements (besoin de routes, de chemins de fer, de logements, etc.), d'encombrements, de pollution et de violence. Faute de moyens, les pays pauvres ne parviennent pas toujours à faire face à ces difficultés.
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