La réforme protestante


Fiche

 Protester, c'est critiquer ; réformer, c'est changer. Dans l'Europe du XVIe siècle, des hommes critiquent l'Église catholique – on les appelle les protestants ; ils créent une Église différente, dite « réformée ». D'où l'expression « Réforme protestante ». Comment ce mouvement est-il apparu ?
I. La critique de l'Église par Luther
•  Martin Luther (1483-1546) est un moine allemand, professeur de théologie à l'université de Wittenberg, en Saxe. Il reproche à l'Église catholique des abus, tels que la simonie (l'achat de biens spirituels ou de charges ecclésiastiques). Il s'oppose surtout à la vente des indulgences (qui dispensent le pécheur des peines dues pour ses péchés), dont le produit sert à terminer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome.
•  Le 31 octobre 1517, Luther affiche sur la porte de l'église du château de Wittenberg ses 95 thèses. Il y dénonce le système des indulgences. Luther estime que l'achat d'une indulgence ne permet en rien d'obtenir le salut. Plus que les bonnes actions (a fortiori quand on les « achète »), la foi seule assure le salut aux yeux de Dieu.
•  Ses théories dans le domaine spirituel font scandale et se répandent partout en Europe. Si bien qu'en 1520, le pape Léon X publie une bulle lui demandant de cesser ses critiques et de reconnaître ses erreurs. Luther refuse et brûle publiquement la bulle. Il est alors excommunié, c'est-à-dire expulsé de la communauté des croyants.
II. La fondation d'une autre Église
•  La rupture est consommée. Luther va s'efforcer de créer une nouvelle Église. Il ne conserve que deux des sept sacrements, le baptême et la communion ; il accepte le mariage des prêtres (lui-même se marie en 1525), rejette le culte des saints, et donne beaucoup d'importance à la connaissance de la Bible.
•  Enfin, à la différence de l'Église catholique qui est centralisée (son chef, le pape, vit au Vatican) et hiérarchisée, l'Église luthérienne est décentralisée et non hiérarchisée (elle se trouve cependant en partie sous la dépendance des princes allemands).
•  Vers 1550, le luthéranisme est implanté dans presque tout le Saint Empire romain germanique et dans une grande partie des pays scandinaves. Mais, en France, la Réforme luthérienne ne parvient pas à s'installer.
III. Les autres réformateurs
Du vivant de Luther, d'autres réformateurs sont actifs. S'ils ont la même hostilité à l'égard de l'Église catholique, ils soutiennent parfois des idées et des doctrines différentes.
•  Le Suisse Ulrich Zwingli (1484-1531) est le premier à écrire un ouvrage pour exposer de manière systématique la théologie protestante.
•  Le Français Jean Calvin (1509-1564) se convertit au luthéranisme en 1533 ; il séjourne à Strasbourg où il crée le calvinisme. Puis, en 1541, il s'installe à Genève. À la différence de Luther, il estime que le salut de l'homme ne provient pas de sa foi, mais de la grâce que Dieu choisit d'accorder à l'avance à un petit nombre d'élus : c'est ce qu'on appelle la prédestination. Calvin impose une religion austère. Son influence est importante en Suisse et en France, mais aussi aux Pays-Bas et en Hongrie. Après 1550, les calvinistes français sont pourchassés par le pouvoir royal. Éclatent alors les guerres de Religion.
Jean Calvin
Gravure du XVIIe siècle. © J.-L. Charmet
La réforme protestante - illustration 1
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