Les échanges entre les empires chrétiens et le monde musulman (vie-xiiie siècles)

Au Moyen Âge, la Méditerranée est au centre des échanges et des relations entre les empires chrétiens (byzantins, carolingiens…) et le monde musulman. Frontaliers et rivaux, ces États entretiennent des relations diverses et variées. Bien que les conflits existent entre ces deux mondes, les échanges culturels, commerciaux… sont nombreux, récurrents et permanents entre les vie et xiiie siècles.
Quelles relations entretiennent les États chrétiens et le monde musulman ?
I. Guerres et rivalités
• Les viie et viiie siècles sont marqués par l'avancée des musulmans sur les territoires chrétiens qu'ils soient byzantins ou sous l'influence de royaume chrétiens (Espagne, royaume des Francs…). Dès sa naissance, l’islam progresse avec la guerre sainte (ou djihad). La conquête de Damas, ville chrétienne et byzantine en 635, démontre pourtant une certaine tolérance des musulmans vainqueurs envers les chrétiens vaincus. Ces derniers, du moment qu'ils se soumettent à la loi du calife et paient l'impôt, sont tolérés dans le califat. Les batailles ne sont pas considérées, avant l'époque des croisades, comme des affrontements décisifs entre les deux religions (ex : la défaite des musulmans à Poitiers en 732). Charlemagne noue même des relations diplomatiques avec le calife de Bagdad Harun al-Rachid.
• À partir du xie siècle, les papes prêchent la croisade : les chrétiens sont appelés à mener une guerre afin de reconquérir les terres chrétiennes dont Jérusalem. En 1099, les croisés reprennent la ville de Jérusalem. En Espagne, les chrétiens du nord de la péninsule, accompagnés des chevaliers du sud de la France, entreprennent la reconquête (Reconquista) des terres chrétiennes (exemple : victoire chrétienne de Las Navas de Tolosa en 1212). Mais en Orient, l'avancée chrétienne est vite balayée par les musulmans qui reprennent Jérusalem définitivement au xiiie siècle.
• Ces croisades ne se résument pas à des affrontements militaires car elles permettent le renforcement des relations diplomatiques entre l'empereur byzantin (Alexis ier Comnène) et les principaux chefs francs lors de la première croisade ou entre Saladin et le roi anglais Richard Cœur de Lion (fin du xiie siècle).
II. Des échanges culturels et commerciaux
• Dans l'Espagne musulmane, les traducteurs arabes de Tolède sauvegardent l'héritage antique et en particulier les écrits des philosophes et savants de la Grèce classique et hellénistique. Le monde musulman, héritant des savoirs et connaissances venues d'Asie, les transmet à son tour à l'Occident chrétien. Les chiffres qualifiés d'arabes sont nés en Inde. Les musulmans reprennent ces chiffres et les transmettent aux chrétiens qui les adoptent et avec eux le zéro (chiffre absent de la notation romaine).
• Si le commerce dans le monde méditerranéen est dominé par l'empire byzantin puis par les cités italiennes, les échanges mettent en jeu toutes les régions du nord de l'Europe au nord de l'Afrique jusqu'en Orient. La Méditerranée est le point d'arrivée de produits recherchés tant en Europe qu'en Afrique ou en Asie.
• Les arts byzantins, musulmans, s’entremêlent et s’influencent les uns, les autres, dans les régions où sont présentes les différentes cultures. Ainsi les monuments de Sicile ou d'Andalousie mêlent-ils les influences byzantines (mosaïques) à l'art de la calligraphie et des motifs géométriques arabes.
• L'héritage arabo-musulman transparaît à travers certains termes réutilisés dans la langue française. Les mots « chèque », « amiral », « zénith », « matelas »… d'origine arabe, démontrent les legs musulmans en matière de commerce, de navigation, d'astronomie ou d'artisanat.