L'expansion économique de l'Occident

Du xie au xiiie siècle, l'Occident chrétien connaît une période d'expansion sans précédent. Comment se manifeste-t-elle ?
I. Le renouveau démographique et économique
• Du xie au xiiie siècle, l'Occident chrétien jouit d'une période de paix. Probablement en liaison avec un optimum climatique (une période où le climat connaît un certain réchauffement propice aux cultures), la production agricole s'accroît, permettant à son tour la croissance démographique. Ainsi, la population de la France passe de 6 millions d'habitants en l'an 1000 à 15 millions en 1300 ; l'Italie passe de 4 à 11 millions ; l'Empire, au centre de l'Europe, de 4 à 13 !
• Après les siècles difficiles du Haut Moyen Âge, le grand commerce renaît, profitant de routes commerciales, terrestres comme maritimes, que la paix rend plus sûres. Les marchands s'organisent progressivement pour partager les risques et les frais, en de grandes associations, les guildes ou les hanses. La plus importante d'entre elles est la Ligue hanséatique, association des villes marchandes d'Europe du nord, entre mer du Nord et mer Baltique.
• Le grand commerce se développe et, au nord comme au sud de l'Europe, se constituent de grandes régions économiques : la Flandre, qui draine les produits du nord de l'Europe (blés, bois, fourrure, laine, poissons, draps), l'Italie du nord, qui draine les produits d'Europe méridionale et du Levant (soie, épices, or). Entre les deux se développent à leur tour les foires de Champagne (Lagny, Provins, Troyes, Bar-sur-Aube), lieu d'échange des produits venus de tout l'Occident et au-delà.
II. L'essor urbain
• Cet essor commercial permet également le développement des activités artisanales, situées pour l'essentiel dans les villes. Les artisans, qui travaillent dans des ateliers ouverts sur la rue, se regroupent généralement par quartiers ou par rues. Les artisans s'organisent en corporations, qui règlementent et codifient les métiers.
• La croissance des productions agricoles permet également de mieux nourrir les villes, qui se développent alors. Les villes se densifient, puis elles débordent leurs murailles, qui en marquent les limites. Au-delà se créent des faubourgs. Rendues plus riches par l'accroissement de l'artisanat et du commerce, les villes s'embellissent : elles font construire de nouvelles halles, pour les marchés ; les riches marchands ou les autorités municipales se font bâtir des maisons de caractère. Parfois sont érigées des cathédrales, dont la construction exige des dizaines d'années, parfois plus : Notre-Dame de Paris vit la première pierre posée en 1163 et est considérée comme terminée vers 1250, même si une deuxième campagne de travaux ne s'acheva qu'en 1363, deux siècles après le commencement !
• Les villes obtiennent progressivement une certaine autonomie de la part des seigneurs, à qui elles rachètent souvent leur indépendance : une charte est accordée par le seigneur, qui fait de la ville une ville libre. Marchands, banquiers, artisans administrent eux-mêmes leur cité : ce sont les échevins. Parfois, les villes font construire des beffrois (sorte de clocher laïc, souvent pourvu d'une horloge), qui affirment leur autonomie dans le paysage.
Exercice n°1
Comment s'explique la croissance démographique aux xie-xiiie siècles ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
par la croissance des productions agricoles
par la croissance du commerce
par un optimum climatique
par une période de paix
La croissance démographique – l'augmentation de la population – s'étale sur plus de deux siècles. Certains États voient leur population multipliée par trois ! La croissance des productions agricoles, qu'un optimum climatique a certainement favorisée, conjuguée à une longue période de paix explique l'augmentation du nombre des hommes.
Exercice n°2
Quelles sont les trois grandes régions économiques des xie-xiiie siècles ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
l'Italie du nord
l'Italie du sud
la Champagne
la Bourgogne
la Flandre
l'Angleterre
L'Italie du nord et la Flandre sont les deux grandes régions économiques de l'époque. Idéalement placées à mi-chemin, sur les grandes routes commerciales de l'isthme français, les villes de Champagne tenaient foire à tour de rôle toute l'année.
Exercice n°3
Quels sont les bâtiments qui apparaissent dans les villes des xie-xiiie siècles ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
les cathédrales
les monastères
les beffrois
les halles
les murailles
Les monastères étaient le plus souvent – mais pas toujours – situés hors des villes. Quant aux murailles, elles sont apparues évidemment dans des périodes très antérieures, même si la richesse de l'époque a souvent permis des agrandissements. Si vous avez tout coché… vous n'avez pas complètement tort !
Exercice n°4
Complète le texte suivant sur l'autonomie des villes.
Faites glisser les étiquettes dans les zones prévues à cet effet.
ville libre
seigneurs
beffrois
charte
échevins
autonomie
Les villes obtiennent leur
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de la part des
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, à qui elles rachètent souvent leur indépendance : une
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est accordée par le seigneur, qui fait de la ville une
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. Marchands, banquiers, artisans administrent eux-mêmes leur cité : ce sont les
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. Parfois, elles font construire des
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, qui affirment leur autonomie dans le paysage.
Souvent pourvus d'une horloge, les beffrois sonnaient les heures de la journée et non celles de la prière ou de la messe. Avec l'affirmation des heures de la journée, c'est la bourgeoisie urbaine qui affirme sa prédominance sur l'Église.