L'inégal accès à l'eau


Fiche

La Terre est surnommée la « planète bleue », parce que, vue de l'espace, sa couleur dominante est le bleu, celui des océans qui représentent 72 % de sa surface. Pourtant, l'eau salée des océans n'est d'aucun secours à l'Humanité, qui a besoin d'eau douce.
I. L'inégale répartition spatiale
• En fait, l'eau douce ne représente que moins de 1 % de l'eau sur Terre, et 3 % si l'on compte l'eau stockée dans les glaciers. Ce montant, apparemment modeste, permet pourtant une dotation théorique de 6 500 m3 par habitant et par an. Mais, au xxe siècle, la consommation d'eau a augmenté deux fois plus rapidement que la population. Par ailleurs, l'eau douce n'est pas également répartie à la surface de la Terre.
• Cette inégale répartition permet de satisfaire les besoins – parfois largement, en tout cas au-dessus de 4 000 m3 par habitant et par an – sur le continent américain, les régions équatoriales et la Russie. Des problèmes sont possibles dans une large partie de l'Europe occidentale et de l'Asie du sud et de l'est. Mais les régions méditerranéennes et tropicales sont largement en situation de stress hydrique (moins de 1 700 m3 par habitant et par an), parfois même déjà en situation de pénurie (moins de 1 000 m3 par habitant et par an), comme dans la Corne de l'Afrique, en Afrique du nord et en Asie de l'ouest.
II. L'inégale répartition saisonnière
• Cette inégale répartition spatiale se double d'une répartition saisonnière pareillement inégale. Or, la disponibilité de l'eau est essentielle à certains moments, quels qu'en soient les usages, industriels, agricoles ou urbains. De nombreux pays bénéficient de totaux pluviométriques conséquents mais souffrent d'une répartition saisonnière problématique. Tout le domaine méditerranéen est affecté par cette sècheresse estivale prolongée, de 3 à 6 mois, parfois plus. Pendant cette période, les précipitations peuvent tomber à quelques millimètres, voire zéro, parfois même pendant plusieurs mois d'affilée.
• Malheureusement, les régions les moins bien favorisées sur le plan hydrique sont aussi celles où la variabilité saisonnière de la ressource est la plus grande. Le Sahel, par exemple, où les ressources sont globalement modestes, connaît une période de sécheresse prolongée depuis 1968 : lors de la « grande sécheresse » entre 1968 et 1973, 16 pays ont été touchés, du Sénégal à l'Éthiopie. Depuis 40 ans, le Sahel n'a connu que 3 années de précipitations supérieures à la moyenne des années 1950-1979 ! L'insécurité hydrique est donc maximale, causant l'avancée du désert et le retrait des cours d'eau et des lacs, comme le lac Tchad, qui ne couvre plus aujourd'hui que 10 % de la superficie qu'il occupait vers 1960…
III. L'inégale capacité sociale
• Quelles que soient les ressources naturelles, leur mise à disposition des populations varie selon la capacité des pays ou des sociétés : capacité technologique et/ou financière. Ainsi, certains des plus riches États au monde – les États pétroliers du Golfe Persique – se trouvent en zone aride, comme le désert d'Arabie. Pour faire face à leurs besoins, ces pays ont assez largement développé l'utilisation du dessalement de l'eau de mer. C'est le cas en Arabie Saoudite ou aux Émirats Arabes Unis. La technologie est fiable et son coût diminue, au point de se répandre jusque dans des pays qui ne sont pas en situation de stress hydrique, par exemple dans des îles touristiques.
• Mais la plupart des États du Sud ne disposent pas des moyens des États pétroliers ou de ceux du Nord. Ainsi, 1,1 milliard de personnes dans le monde n'ont pas d'accès à l'eau potable et 2,6 milliards ne disposent pas de système d'assainissement de l'eau qu'ils consomment. Parmi les Objectifs du Millénaire pour le Développement figure la réduction de moitié, d'ici à 2015, du pourcentage de la population qui n'a pas d'accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d'assainissement de base. Si cet objectif peut raisonnablement être atteint dans la plupart des pays du Sud, c'est encore loin d'être le cas pour les PMA.
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