L'invention de la vie politique

La Révolution est l'occasion d'un renouvellement complet de la vie politique française. Mais, plus en profondeur, cette période voit l'émergence d'une vie politique plus largement partagée par des citoyens plus engagés. Comment naît cette vie politique plus ouverte aux citoyens ?
I. Un régime d'assemblées
• Même si la Révolution (pendant la Terreur, le Consulat et l'Empire) a eu son lot de régimes autoritaires, voire dictatoriaux, il n'en demeure pas moins vrai que l'ensemble de la période ouverte en 1789 voit une mutation profonde du régime politique. Jusque-là réservé à de petits cénacles de ministres et de conseillers, à peine élargis par les parlements d'Ancien Régime, au rôle consultatif ou d'enregistrement, l'exercice du pouvoir devient le fait d'assemblées : Assemblée constituante en 1789, Assemblée nationale législative en 1791, Convention nationale en 1792, Conseil des Cinq-Cents en 1795.
• Dans ces assemblées, élues au suffrage censitaire (ou universel masculin en 1792), les députés débattent des mesures à prendre, des lois à voter ou de la situation politique générale. Peu à peu, ils prennent l'habitude de se grouper dans la salle selon leurs opinions. Pendant l'Assemblée législative et la Convention, les députés pro-républicains se regroupent ainsi sur la gauche et sur les sièges du haut de l'hémicycle : ils prennent le nom de « Montagnards » (une autre explication veut que leur nom dérive de la montagne Sainte-Geneviève, à Paris, quartier populaire dont étaient issus de nombreux députés et où ils se réunissaient).
Les discussions politiques sont animées, parfois orageuses. Le public, présent dans les tribunes qui surplombent l'hémicycle, ne se gêne pas pour huer ou acclamer les orateurs. Parfois, le peuple parisien (les sans-culottes) envahit l'assemblée, afin de peser sur les décisions.
II. L'irruption du peuple dans la vie politique
Le peuple fait ainsi irruption dans la vie politique nationale, au sens propre parfois.
• Ces citoyens éclairés, instruits, sont le plus souvent issus de la bourgeoisie. Ils se réunissent dans des clubs. Le premier, créé à la Révolution, est le club breton. Il rassemble les députés bretons des états généraux, rapidement rejoints par d'autres, avant de prendre le nom de Société des amis de la Constitution. De nombreux autres clubs, appelés Sociétés populaires après 1792, naissent alors : Jacobins, Cordeliers, Feuillants, etc. En 1793, à Paris comme en province, on en compte plusieurs milliers.
Lieux de débats, mais aussi d'information et de formation politique, les clubs les plus importants peuvent être considérés comme les ancêtres des partis politiques. Certains clubs parisiens ont même des clubs affiliés en province (800 pour les Jacobins). Ils éditent également des journaux, qui profitent de la toute nouvelle liberté de la presse. On en dénombre près d'une centaine, parmi lesquels L'Ami du Peuple, dirigé par Marat, Le Père Duchesne d'Hébert ou Le Vieux Cordelier de Camille Desmoulins.
• À partir de 1793, pendant la Terreur, les clubs et les sociétés populaires épurés deviennent plus révolutionnaires, marqués par la présence populaire des sans-culottes. Certains d'entre eux émettent les premières pétitions, des requêtes adressées à la Convention, afin de faire pression sur les débats publics et de favoriser le vote de certaines lois. Ils réclament ainsi l'arrestation des Girondins, ou encore la fixation d'un prix maximum pour les denrées de premières nécessités.
• Les sans-culottes, révolutionnaires issus du petit peuple parisien et notamment des faubourgs ouvriers, jouent un rôle majeur lors de certaines journées, telle celle du 10 août 1792, quand ils prennent d'assaut le palais des Tuileries et provoquent la chute de la monarchie ; ou bien pendant la Terreur, en dénonçant les « ennemis du peuple ».
• La Révolution est ainsi la première occasion dans l'histoire de France où le peuple exerce une telle influence sur la vie politique, parfois même de manière excessive. Malgré les régimes autoritaires qui ont succédé à la Révolution, ce rôle du peuple dans la vie politique française s'est encore affirmé jusqu'à aujourd'hui.
Exercice n°1
Pendant la Révolution, le pouvoir a été exercé par des assemblées.
Cochez la bonne réponse.
vrai
faux
Même si pendant la Terreur, le Consulat et l'Empire, la Révolution a eu son lot de régimes autoritaires, voire dictatoriaux, il n'en demeure pas moins vrai qu'elle correspond à une profonde mutation du régime politique. L'exercice du pouvoir n'appartient plus à de petits cénacles de ministres et de conseillers, à peine élargis par les parlements d'Ancien Régime, au rôle consultatif ou d'enregistrement. Il devient le fait d'assemblées : Assemblée constituante en 1789, Assemblée nationale législative en 1791, Convention nationale en 1792, Conseil des Cinq-Cents en 1795.
Exercice n°2
Pourquoi les Montagnards sont-ils appelés ainsi ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
Parce que beaucoup d'entre eux étaient originaires des Alpes.
Parce qu'ils se groupaient en haut de l'hémicycle, à l'Assemblée.
Parce que beaucoup d'entre eux étaient issus du quartier de la montagne Sainte-Geneviève.
Parce qu'ils se regroupaient dans les Pyrénées une fois par an.
Pendant l'Assemblée législative et la Convention, les députés pro-républicains se regroupent sur la gauche et sur les sièges du haut de l'hémicycle : ils prennent alors le nom de « Montagnards ». Une autre explication veut que leur nom dérive de la montagne Sainte-Geneviève, à Paris, quartier populaire dont étaient issus de nombreux députés et où ils se réunissaient.
Exercice n°3
Comment le peuple intervient-il dans la vie politique pendant la Révolution ?
Cochez la (ou les) bonne(s) réponse(s).
en participant à des clubs politiques
au moyen de pétitions
le peuple n'intervient pas
par l'action violente
Le peuple, souvent méprisé jusqu'à la Révolution et au-delà, fait irruption dans la vie politique nationale, parfois au sens propre. Ce sont d'abord des citoyens éclairés, instruits, le plus souvent issus de la bourgeoisie qui se réunissent dans des clubs. ensuite nommés Sociétés populaires (après 1792). Certains de ces citoyens émettent les premières pétitions, des requêtes adressées à la Convention. De plus, les sans-culottes jouent un rôle majeur au cours de certaines journées, telle celle du 10 août 1792, quand ils prennent d'assaut le palais des Tuileries et provoquent la chute de la monarchie ou encore pendant la Terreur, en dénonçant les « ennemis du peuple ».