1852-1870, le Second Empire : la vie politique


Fiche

Le Second Empire constitue une période contrastée : la France connaît un régime d'abord autoritaire puis plus libéral, mais qui s'achève par une sévère défaite militaire. Quelles sont les principales caractéristiques de la vie politique sous le Second Empire ?
1. La Constitution de 1852
• Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la République en décembre 1848, en grande partie grâce à la popularité de son oncle, l'empereur Napoléon Ier. La Constitution de la IIe République ne lui permettant pas de briguer un second mandat, il prend le pouvoir lors du coup d'État du 2 décembre 1851.
• Comme l'avait fait son oncle, il recourt aussitôt au plébiscite pour légitimer son acte. Le 21 décembre 1851, les électeurs entérinent le coup de force (90 % des suffrages). Le 14 janvier 1852, une nouvelle Constitution est promulguée.
L'essentiel des pouvoirs est entre les mains du président, élu au suffrage universel pour un mandat de dix ans. Il exerce l'ensemble du pouvoir exécutif et dispose seul de l'initiative des lois.
• Si Louis-Napoléon Bonaparte respecte le peuple, il déteste les corps intermédiaires que sont les assemblées. C'est pourquoi les trois chambres disposent de peu de prérogatives. Le Conseil d'État regroupe des juristes nommés et révocables par le président. Ce dernier nomme également les membres du Sénat. Enfin, si les députés du Corps législatif sont élus par le peuple, les candidats officiels sont favorisés et remportent généralement les élections.
II. L'Empire autoritaire
La République n'est plus qu'une fiction : Louis-Napoléon Bonaparte contrôle l'électorat. Après un voyage à travers le pays pour rassurer la population, l'empire héréditaire est rétabli et largement approuvé par plébiscite. Napoléon III proclame le Second Empire le 2 décembre 1852, triple date anniversaire du sacre de Napoléon Ier (2 décembre 1804), de l'éclatante victoire d'Austerlitz (2 décembre 1805) et de son propre coup d'État (en 1851).
• Dans un premier temps, Napoléon III réduit l'opposition politique à l'impuissance. Les partisans de la monarchie se rallient à l'Empire ou quittent la politique. La presse républicaine est étroitement surveillée, les chefs républicains sont emprisonnés ou contraints à l'exil. Victor Hugo, réfugié dans les îles Anglo-Normandes, publie les Châtiments (1853), un recueil de poésies dans lequel il dénonce « Napoléon le Petit ».
• Napoléon III gouverne seul. Il bénéficie de l'appui de la majorité de la population. La bourgeoisie se réjouit du retour à l'ordre. Le clergé est comblé par ce nouveau régime qui lui permet de renforcer considérablement son influence, notamment dans l'enseignement. L'armée conforte son pouvoir. Les paysans bénéficient de l'amélioration de leurs revenus et les ouvriers eux-mêmes reconnaissent que l'Empereur semble plus préoccupé par leur situation que le gouvernement de la IIe République.
III. L'évolution libérale de l'Empire
• À partir de 1860, les choix de l'Empereur en matière de politique extérieure le privent d'une partie de ses soutiens. Napoléon III soutient le combat des Italiens pour l'unité de leur pays et se coupe ainsi de son électorat catholique (qui refuse de voir diminuer le pouvoir temporel du pape). En 1860, il conclut un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni contre l'avis des grands industriels français. Sur le plan militaire, l'expédition mexicaine lancée en 1861 est un échec. Enfin, la France est affaiblie par la montée en puissance de la Prusse qui triomphe des Autrichiens à Sadowa (1866) et s'impose comme la grande puissance d'une Allemagne en chemin vers son unité.
• Ces choix et ces revers l'obligent à faire quelques concessions politiques. Le Corps législatif obtient l'initiative des lois et peut interpeller le gouvernement. Le contrôle de la presse est assoupli. L'opposition peut alors s'organiser et un « Tiers parti » se constitue, parti intermédiaire entre les républicains et les députés soutenant le régime : il est favorable aux réformes et à la mise en place d'un « empire parlementaire ». Leur combat commun aboutit lors des élections de 1869.
• L'expérience est cependant de courte durée. Pour achever l'unité de l'Allemagne, le chancelier prussien Bismarck parvient habilement à faire en sorte que la France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. La France fait figure d'agresseur, ce qui pousse les États du Sud de l'Allemagne à s'allier à ceux de la Confédération de l'Allemagne du Nord contrôlée par la Prusse. Après une série de défaites militaires, Napoléon III capitule à Sedan le 2 septembre 1870. Deux jours plus tard, à Paris, les républicains proclament la République.
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