1848-1852 : la Seconde République


Fiche

Née d'une insurrection, en 1830, la monarchie de Juillet disparaît dix-huit ans plus tard dans une autre révolte populaire. Pour la première fois depuis 1792, un régime républicain est instauré. Quelles sont les réalisations de la IIe République ? Pourquoi a-t-elle duré si peu de temps ?
I. La révolution de février 1848
• Depuis la mauvaise récolte de 1846, la France et l'Europe connaissent une crise de subsistance semblable à celles de l'Ancien Régime. La hausse spectaculaire du prix du pain, qui reste l'aliment de base de la majorité de la population, provoque une baisse du pouvoir d'achat qui se répercute, en 1847, sur l'artisanat et l'industrie. L'activité diminue, le chômage augmente fortement.
La révolution de 1848 à Paris
La révolution de 1848 à Paris
• Dans ce contexte de crise économique et sociale généralisée, le pouvoir de Louis-Philippe est de plus en plus contesté. La bourgeoisie exige une réforme de la vie politique, contrôlée jusqu'alors par une minorité de notables. Elle n'est pas totalement hostile à la République et se trouve soutenue par le petit peuple parisien et, notamment, par l'élite ouvrière (souvent proche des idées socialistes).
• Des banquets sont organisés à travers toute la France pour permettre d'échanger ces idées libérales. L'interdiction de l'une de ces réunions provoque des manifestations à Paris. Le 23 février 1848, la troupe tire sur la foule et fait seize victimes. C'est l'émeute. Louis-Philippe refuse de poursuivre la répression, il abdique le 24 février.
II. La mise en place de la République
• Le jour même, un gouvernement provisoire est mis en place. Il compte onze membres d'opinions politiques différentes : le poète Lamartine et des républicains modérés y côtoient quelques socialistes. Le nouveau gouvernement proclame la République. Il rétablit le suffrage universel masculin pour les citoyens de plus de 21 ans et la liberté de réunion et de presse. Des ateliers nationaux sont créés pour employer les chômeurs. L'esclavage est aboli dans les colonies.
• Dans un premier temps, la France connaît un véritable élan d'optimisme. L'armée se rallie au nouveau régime, des arbres de la liberté sont plantés et parfois même bénis par le clergé.
III. Les journées de juin
• Cette unanimité ne dure pas. En avril 1848, lors de l'élection de l'Assemblée nationale constituante, le suffrage universel permet aux libéraux d'obtenir la majorité, dans une France encore rurale qui craint les grands changements. Ces députés s'inquiètent du regroupement, à Paris, de 150 000 ouvriers dans les ateliers nationaux, qui pourraient constituer des foyers de propagation d'idées subversives. Ils en décident la fermeture le 22 juin 1848.
• À cette nouvelle, Paris se couvre de barricades. Les insurgés contrôlent le sud-est de la capitale. Les combats sont extrêmement violents, le faubourg Saint-Antoine est bombardé. Un millier de soldats périssent et, du côté des émeutiers, les pertes oscillent entre cinq et quinze mille morts. En trois jours, l'insurrection est matée. La répression est particulièrement dure : 1 500 fusillés et 15 000 prisonniers, jugés par des conseils de guerre (5 000 seront déportés en Algérie).
IV. La victoire de Louis-Napoléon Bonaparte
L'élection au suffrage universel du président de la République favorise les candidats populaires. Louis-Napoléon Bonaparte, qui jouit de la notoriété de son oncle, Napoléon Ier, prétend rendre à la France son prestige international. Il est élu président en décembre 1848.
• Par ailleurs, l'insurrection ouvrière de juin 1848 a inquiété les campagnes où l'on craint les « partageux », c'est-à-dire les communistes. Aux élections législatives de mai 1849, un « parti de l'Ordre », dominé par des conservateurs, obtient la majorité. Il adopte des lois réactionnaires, restreignant la liberté de la presse et le droit de vote. Il faut désormais pour voter pouvoir justifier de trois années de résidence au même endroit : cela exclut une bonne partie des ouvriers, souvent contraints de changer d'emploi et de domicile régulièrement.
• La majorité conservatrice pense détenir le pouvoir et refuse à Louis-Napoléon Bonaparte toute modification de la Constitution (qui lui permettrait de briguer un second mandat). Avec la complicité de chefs militaires, Louis-Napoléon Bonaparte prend le pouvoir : c'est le coup d'État du 2 décembre 1851. Il fait arrêter les opposants monarchistes et républicains, puis dissout l'Assemblée. La IIe République cesse d'exister. Le peuple parisien ne cherche pas à défendre un régime qui a si durement réprimé les journées de juin 1848. En province, l'armée étouffe rapidement les tentatives de résistance au coup d'État.
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