La Révolution, l'Empire et la guerre


Fiche

La période 1792-1815 (la Révolution française et le premier Empire) est une période de guerres presque incessantes. Pourquoi ces guerres ? Qu'ont-elles de nouveau par rapport à celles de l'Ancien Régime ?
I. Les guerres de la Révolution : les guerres de l'Ouest
Les guerres de la Révolution commencent en 1792 et durent sans interruption jusqu'au traité d'Amiens de 1802. Ce sont avant tout des guerres étrangères, contre plusieurs pays européens coalisés, parmi lesquels l'Autriche, la Prusse, la Russie et surtout le Royaume-Uni. Mais il s'agit également d'une période de véritables guerres civiles contre les Chouans, dans l'ouest français, en Vendée et en Bretagne.
Ces guerres civiles opposent partisans et adversaires de la République, de part et d'autre de la Loire : Chouannerie en Bretagne, sur la rive droite ; guerre de Vendée sur la rive gauche. Les éléments déclencheurs de ces guerres civiles sont la suppression des privilèges bretons, mais surtout la Constitution civile du clergé, qui est très bien implanté dans ces terres catholiques, et la levée en masse décrétée par la Convention en 1793.
• Dès lors, Chouans et Vendéens passent massivement à la contre-révolution, sous la direction de nobles (La Rochejaquelein, d'Elbée) ou de simples roturiers (Cathelineau, Stofflet). Le Comité de Salut public lutte sans merci contre ces révoltes et les écrase impitoyablement : après la défaite de « l'armée catholique et royale » fin 1793, les douze « colonnes infernales » du général républicain Turreau mettent la Vendée à feu et à sang. Les troubles se poursuivent jusque vers 1796 en Vendée et 1800 en Bretagne.
Le bilan de ces « guerres de l'Ouest » est encore mal connu aujourd'hui et oscille entre quelques dizaines de milliers et plusieurs centaines de milliers de morts. Le bilan le plus probable tourne autour de 200 000 morts. Aujourd'hui encore, la question n'est pas tranchée, signe d'un passé encore sensible. Les débats sont encore vifs autour de la question d'un prétendu « génocide vendéen », qui paraît pourtant très contestable.
II. Les guerres étrangères
• Les autres guerres de la Révolution sont des guerres étrangères. Ce sont d'abord des guerres de défense contre l'invasion étrangère, notamment avec « la Patrie en danger » des soldats de l'An II.
• Les soldats de la Révolution ne sont pas des mercenaires. Il n'y pas de régiments privés, d'officiers nobles, d'arrangements entre adversaires ou de « guerre en dentelles ». Les armées de la Révolution sont d'abord des armées de citoyens-soldats, souvent fanatisés, qui se battent pour la Patrie, pour la Nation (à Valmy, les colonnes françaises s'élancent à l'assaut au cri de « Vive la Nation ! »). Les chefs, parfois d'anciens officiers du roi, sont aussi des hommes sortis du rang, comme Moreau ou Hoche.
• Après la levée de 300 000 hommes décrétée par la Convention en février 1793, puis la levée en masse d'août, où tous les hommes de 25 à 30 ans sont mobilisés, la République compte plus de 800 000 soldats répartis en quinze armées : un chiffre sans équivalent en Europe. L'armée de la Révolution, qui charge à la baïonnette en colonnes profondes, est aussi l'armée du pays le plus peuplé d'Europe. En 1798, la loi Jourdan institue le service militaire obligatoire de 5 ans (en temps de paix), afin d'avoir en permanence « un million d'hommes » sous les drapeaux !
• Puis viennent les guerres de conquête, destinées à libérer les peuples du joug des monarques européens : la France annexe la Belgique, la Rhénanie, la Savoie, puis fonde des « Républiques-sœurs » en Italie, en Suisse, en Hollande. Avec les campagnes de Bonaparte en Italie, notamment en 1796-1797, les guerres sont aussi destinées à remplir les caisses de l'État.
III. Les guerres de l'Empire
• Les autres pays européens n'admettent pas la dynastie napoléonienne et n'acceptent ni l'impérialisme français, ni sa domination sur l'Europe. C'est pourquoi les guerres n'ont pratiquement pas cessé pendant toute la période napoléonienne. Mais l'empereur est resté longtemps victorieux grâce à son génie militaire et à l'outil remarquable qu'a été la Grande Armée.
• Des armées de la Révolution, Napoléon conserve la conscription de masse. Il modernise l'armée, développe l'usage de l'artillerie (Bonaparte est un artilleur de formation). À partir de 1804, il met au point sa Grande Armée, divisée en corps indépendants, capables de manœuvrer séparément les uns des autres, puis de se concentrer pour écraser l'adversaire. Sa mobilité stratégique lui assure un atout décisif sur des adversaires dépassés.
• Les troupes de Napoléon lui vouent un culte inconditionnel : il est « le Petit Caporal », proche de ses hommes, capable de battre n'importe quelle armée, n'importe où, n'importe quand. La fidélité à l'empereur remplace le fanatisme républicain. La Grande Armée est le meilleur instrument militaire de l'époque. Il faudra attendre la retraite de Russie en 1814 et Waterloo en 1815 pour que ses adversaires, appliquant enfin des méthodes apprises de Napoléon lui-même, mettent un terme à l'épopée napoléonienne, mais pas à la légende.
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