La tragédie


Fiche

La tragédie naît et se développe à Athènes, en lien avec le culte voué au dieu Dionysos, avec le culte des héros et les lamentations funéraires. Le philosophe grec Aristote la définit comme une action noble, menée à son terme ; la représentation est mise en œuvre par les personnages du drame et, en mettant en scène la terreur et la pitié, elle contribue à purger l'homme de ses émotions et passions (catharsis).
I. La tragédie antique
• La tragédie trouverait son origine dans le dithyrambe, chant religieux, avec un chœur de chanteurs danseurs évoluant autour de l'autel de Dionysos ; au cours du vi e siècle av. J.-C., elle se développe en ajoutant au chœur un acteur (le protagoniste), puis deux, puis trois. Par la suite, des décors, une machinerie, la musique, une mise en scène plus complexe renforcent sa dimension spectaculaire.
• L'âge d'or de la tragédie grecque se situe au v e siècle av. J.-C. avec Eschyle, Sophocle et Euripide. Des concours sont organisés pour les Dionysies dans les théâtres (comme celui d'Orange, en France) : trois auteurs présentent leurs œuvres ; les citoyens les plus fortunés financent les spectacles en exerçant la chorégie (le chorège doit assumer toutes les dépenses).
• Dans ces tragédies, le héros est généralement en conflit avec les lois de la cité, la morale ou la religion.
• Dans ces tragédies, le héros est généralement en conflit avec les lois de la cité, la morale ou la religion.
• La tragédie à Rome, dont la plupart des œuvres ont été perdues, consiste d'abord à imiter ou traduire les modèles grecs, en privilégiant toutefois des sujets romains.
La tragédie en France au xviie siècle
• Les auteurs français s'inspirent des principes de la tragédie antique mais les font évoluer en proposant de nouvelles caractéristiques ; ils approfondissent souvent cette réflexion théorique dans la préface de leurs œuvres (Andromaque, Phèdre de Racine ; Nicomède de Corneille).
• Les sujets sont empruntés à la mythologie (Phèdre de Racine), à l'histoire (Horace, Cinna de Corneille). Les héros, personnages illustres, nobles ou historiques, sont en conflit avec le pouvoir politique (Cinna de Corneille), le sens du devoir (Bérénice de Racine), la religion (Polyeucte de Corneille) ; amour, jalousie, égoïsme, ambitions politiques se heurtent jusqu'à la catastrophe finale. Cinna complote contre l'empereur Auguste, les Horace et les Curiace se livrent une guerre fratricide lors du conflit entre Rome et Albe.
• Des règles précises caractérisent la tragédie classique française :
  • les trois unités : l'action se déroule en une journée, en un seul lieu et selon une intrigue unique ;
  • la tragédie doit donner l'illusion du réel (la vraisemblance) ;
  • les bienséances doivent être respectées : le public ne doit pas être choqué par la violence sur scène, la vue du sang, des meurtres, ni par un langage vulgaire, non conforme au rang social, au sexe ou à l'âge des personnages.
• La fonction morale : la tragédie doit toucher le spectateur mais aussi l'instruire en développant chez lui l'admiration pour des héros et des héroïnes sublimes, vertueux, ainsi que la maîtrise de ses propres passions.
• La composition de la tragédie classique respecte quelques normes assez rigoureuses :
  • la pièce est divisée en cinq actes (exposition – nœud de l'action – dénouement) et en scènes, dont le nombre varie ;
  • le vers employé est l'alexandrin (12 syllabes) :
Quoi ? vous vous arrêtez aux songes d'une femme !

De si faibles sujets troublent cette grande âme !

Et ce cœur, tant de fois dans la guerre éprouvé,

S'alarme d'un péril qu'une femme a rêvé !

Corneille, Polyeucte, i, 1, vers 1-4
• Le héros cornélien hésite, doute, s'interroge sur ce qu'il doit faire mais finit par triompher, grâce à sa raison, à sa volonté et à son sens du devoir, de ses émotions et de ses passions pour atteindre la vertu, le sublime parfois. Corneille a encore une conception positive, héroïque de l'homme, de la nature humaine. Le héros racinien, au contraire, est victime de ses émotions et de ses passions, de ses ambitions personnelles : Racine rejoint, dans la description des effets dévastateurs de la passion, des vices et défauts de l'homme, les grands moralistes du xviie siècle : La Bruyère (Les Caractères), La Rochefoucauld (Maximes et Réflexions) et La Fontaine (Fables). Molière a lui aussi, dans ses comédies, montré, dénoncé les vices et les défauts, les ridicules (avarice, hypocrisie, ambition, misanthropie, etc.).
III. La tragi-comédie
• Elle conserve en général la gravité, le sérieux, la noblesse des personnages de la tragédie et emprunte à la comédie son dénouement heureux.
• En France, la tragi-comédie se libère des règles des trois unités : elle multiplie les lieux, les intrigues, les péripéties et les rebondissements (naufrages, enlèvements, duels, meurtres, retours, reconnaissances, etc.).
• Corneille a nommé sa pièce la plus célèbre, Le Cid, tragi-comédie : « Le Cid – tragi-comédie représentée pour la première fois à Paris sur le théâtre du Marais en janvier 1637 ». Il a composé une tragi-comédie plus traditionnelle, Clitandre, en 1630-1631.
• Peu à peu la tragi-comédie disparaît au profit de la tragédie de type cornélien et racinien.
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