Dans la mythologie grecque, le poète Orphée chantait en s'accompagnant de sa lyre : sa poésie avait le pouvoir de charmer les bêtes sauvages. Sur le mot lyre a été formé l'adjectif lyrique. Ce dernier s'appliquait jadis à tout ce qui pouvait être chanté. Depuis le xixe siècle, il caractérise également un genre de poésie.
Quel est-il ? Quels en sont les principaux thèmes ?
I. Les principaux thèmes
La poésie lyrique exprime de façon passionnée et imagée des sentiments personnels sur des thèmes très généraux comme l'amour, la nature, la mort ou le temps qui passe.
Les poètes en développent les moindres nuances, communiquant leurs angoisses, leurs regrets, leurs espoirs au lecteur :
« Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous », écrit Victor Hugo, dans la préface des Contemplations.
1. L'amour
• Ce thème est omniprésent dans la poésie lyrique et connaît mille variations. Chaque poète tente d'en décrire les différents états dans ses moindres nuances.
Sonnets
«  Je vis, je meurs : je me brûle et me noie.
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est trop molle et trop dure.
J'ai grand ennuis entremêlés de joie :
Tout à un coup, je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure :
Mon bien s'en va, et à jamais il dure :
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène :
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine. »  »
Louise Labé

• Qu'il s'agisse d'un amour courtois, heureux ou malheureux, ce thème est souvent associé à celui de la fuite du temps et à la mort.
Odes
«  Donc si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.  »
Ronsard

2. La mort
• Lisons Victor Hugo :
les Contemplations
«  Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule.  »
Victor Hugo, « Mors »

• La mort et son pendant, le temps qui passe, engendrent angoisse et mélancolie.
Toute la lyre
«  Et quand un homme meurt, je vois distinctement
Dans son ascension mon propre avènement […]
C'est mon tour ; et la nuit emplit mon œil troublé
Qui, devinant, hélas, l'avenir des colombes,
Pleure sur des berceaux et sourit à des tombes  »
VictorHugo, À Théophile Gautier

3. La nature
• La nature est évoquée dans la poésie lyrique, soit pour elle-même, soit en liaison avec d'autres thèmes.
les Rayons et les Ombres
«  Il contempla longtemps les formes magnifiques
Que la nature prend dans les champs pacifiques ;
Il rêva jusqu'au soir ;
Tout le jour il erra le long de la ravine,
Admirant tour à tour le ciel, face divine,
Le lac, divin miroir »  »
VictorHugo, « Tristesse d'Olympio »

• Le poète établit souvent une correspondance entre ses sentiments et la nature qu'il décrit.
les Fleurs du mal
«  Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. »  »
Baudelaire, « l'Homme et la mer »

• La mélancolie du poète s'enlace parfois aux éléments du paysage :
Poèmes saturniens
«  Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone. »  »
Verlaine, « Chanson d'automne »

II. L'écriture lyrique
1. L'emploi du « je »
• Dans la poésie lyrique, le poète s'exprime en son nom propre :
Sonnets pour Hélène
«  Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle »  »
Ronsard

• La plupart du temps, il utilise la première personne et se met en scène :
Méditations poétiques
«  O lac ! l'année à peine a fini sa carrière
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir ! »  »
Lamartine, « le Lac »

2. Les figures de style
• Par le langage, la poésie crée son propre chant ; les répétitions scandent le poème, soulignant le caractère obsédant de certains états.
l'Accord
«  Mon cœur effeuillé, mon cœur de douleur,
Mon cœur pétrifié, mon pauvre cœur tari  »
Max Jacob

• La poésie lyrique est par excellence le lieu de la comparaison et de la métaphore :
Calligrammes
«  Et je porte avec moi cette ardente souffrance
Comme le ver luisant tient son corps enflammé »  »
Guillaume Apollinaire, « Tristesse d'une étoile »

Poésies
«  C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent […]  »
Rimbaud, « le Dormeur du Val »

3. La ponctuation
• La ponctuation souligne l'émotion, les élans de la sensibilité, marqués par des invocations, des exclamations, des interrogations propres à la poésie lyrique :
Méditations poétiques
«  O lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature
Au moins le souvenir ! »  »
Lamartine, « le Lac »

Exercice n°1
À partir du xixe siècle, que désigne l'expression poésie lyrique ?
Cochez la bonne réponse.
une poésie qui exprime les sentiments et les souffrances du poète
une poésie destinée à être mise en musique
une poésie qui parle exclusivement d'amour
Dans la poésie lyrique, à quel thème l'amour est-il souvent associé ?
Cochez la bonne réponse.
le bonheur
l'éternité
la mort
Exercice n°2
Dans ces extraits de poèmes, repère les mots qui désignent l'énonciateur, le destinataire, ou les deux réunis.
Sélectionnez :
en violet les mots qui désignent énonciateur
en orange les mots qui désignent le destinataire
en rose les mots qui désignent l'énonciateur et le destinataire réunis

Sérénade
«  Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline
Pour toi j'ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline. »
Paul Verlaine

Sonnets pour Hélène
«  Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle
Ce pin, où tes honneurs se liront tous les jours ;
J'ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours
Qui croîtront à l'envie de l'écorce nouvelle. »
Pierre de Ronsard

• Les pronoms personnels et déterminants possessifs de la première personne du singulier désignent l'énonciateur.
• Les pronoms personnels et déterminants possessifs de la deuxième personne du singulier désignent le destinataire.
• Les pronoms personnels et déterminants possessifs de la première personne du pluriel désignent l'énonciateur et le destinataire réunis.
Exercice n°3
Indique si la figure de style employée dans chaque extrait est une métaphore ou une comparaison.
Faites glisser les étiquettes dans les zones prévues à cet effet.
métaphore
comparaison
«  Les baisers mous du vent sur leurs torses circulent.  »
Verhaeren

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«  Dans le jardin, sucré d'œillets et d'aromates  »
Anna de Noailles

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«  Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce ?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui vient se confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer »  »
Edmond Rostand

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«  Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.  »
Pierre de Ronsard

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Pour identifier une comparaison, tu dois retrouver le comparé, le comparant et l'outil de comparaison.
• Dans l'extrait de Ronsard, le comparé est la beauté, le comparant la fleur, l'outil de comparaison est comme.