Les mobilités touristiques internationales


Fiche

Parmi les mobilités humaines qui animent l'espace mondial, le tourisme occupe une place déterminante. Depuis 2013, le cap du milliard de touristes par an a été franchi. Cela est lié à la fois à l'intensification des échanges et à la multiplication des flux de touristes provenant des pays du Nord, mais aussi à l'émergence de nouveaux pays émetteurs de flux touristiques. Quant aux destinations touristiques, elles sont liées à la fois aux différents attraits des pays visités mais aussi aux situations géopolitiques. En quoi ces flux sont-ils révélateurs de la géographie de l'espace mondial et de ses dynamiques ?
I. Pays émetteurs et pays récepteurs du tourisme mondial 
La géographie des pays émetteurs et récepteurs du tourisme mondial montre à la fois l'hégémonie des pays du Nord et l'émergence de nouveaux flux.
1. Le tourisme Nord-Nord
• La géographie traditionnelle du tourisme montre que la plupart des touristes viennent du Nord et vont au Nord. Les États-Unis, l'Europe de l'Ouest et le Japon sont les principaux émetteurs de flux touristiques. Ainsi, l'Europe reçoit 600 millions de touristes internationaux par an, l'Asie-Pacifique 300 millions, l'Amérique du Nord 200 millions. Cela est lié à de questions d'usages, de structures, de facilité de connexion et de sécurité des destinations. Par ailleurs, les mobilités touristiques s'effectuent essentiellement en « intrazone ». Si l'on considère l'échelle nationale, on constate même que, presque systématiquement, le tourisme s'effectue à l'intérieur du pays d'origine, avec un taux particulièrement fort pour les États-Unis.
• Les pays qui accueillent le plus de touristes internationaux sont la France (85 millions chaque année), les États-Unis et l'Espagne.
2. Le tourisme Nord-Sud
• Le tourisme est également polarisé de manière importante vers certaines destinations dans les pays du Sud. Mais, dans ce cas, les flux sont à sens unique, ces pays émettant peu de flux touristiques vers les pays du Nord. Les principales zones recevant les touristes au Sud sont certains pays riverains de la Méditerranée, comme le Maroc, la Tunisie, la Turquie et Israël, et les espaces des Caraïbes, avec les côtes mexicaines, Cuba, la République dominicaine, les territoires d'outre-mer français ou britanniques.
• L'Asie-Pacifique comporte des zones touristiques fortement fréquentées en Thaïlande ou en Indonésie. Sur le continent américain, le Brésil s'affirme également, notamment lors des grands événements sportifs ou culturels. En Afrique, le tourisme reste ponctuel.
3. L'irruption des pays émergents
• Les pays émergents changent toutefois quelque peu la donne. Une classe moyenne s'y affirme, pour laquelle les vacances à l'étranger sont le signe de l'accession à de nouveaux modes de consommation. Des flux touristiques importants sont désormais émis par la Russie et surtout par la Chine. Les touristes chinois sont ainsi désormais les plus nombreux en Asie du Sud-Est, passant de 10 millions en 2000 à 120 millions en 2015. Ces pays s'affirment d'ailleurs également de plus en plus comme des destinations touristiques, sur le modèle des pays du Nord.
• Les touristes provenant de pays pétroliers du Moyen-Orient sont également nombreux, tant dans les destinations du Sud que dans celles du Nord, où ils suivent la logique d'investissement financier fait par certains groupes financiers originaires de ces pays, notamment dans l'hôtellerie de luxe.
Exercice n°1Exercice n°2
II. Les types de tourisme
Le tourisme mondial répond à plusieurs logiques, au croisement desquelles s'inscrivent parfois les pays destinataires du tourisme. À l'inverse, certains pays misent sur un seul type de tourisme, même si la diversification de l'offre touristique devient un atout à toutes les échelles.
1. Le tourisme culturel
Prague, vue du château depuis le pont Charles
Les mobilités touristiques internationales - illustration 1
• La découverte des grands sites et monuments, ainsi que des cultures, constitue un premier type de tourisme. Les villes d'art constituent des pôles pour les séjours de courte durée, grandes métropoles européennes en tête comme Paris, Rome ou Londres. Des cités plus petites, mais au patrimoine bien conservé, comme Venise, Florence ou Prague sont également attractives. Certaines fonctionnent en réseau grâce aux transports ferroviaires ou maritimes, comme les croisières en Méditerranée. La découverte des cultures et civilisations non occidentales constitue aussi un argument important pour l'Égypte, le Mexique ou encore le Cambodge, où la visite d'Angkor Vat croît à un rythme soutenu, notamment grâce aux touristes chinois.
• Le tourisme religieux entre dans cette catégorie. Les sites de pèlerinages sont en effet des lieux touristiques majeurs : Jérusalem, Lourdes, La Mecque comptent un nombre très important de visiteurs annuels.
2. Le tourisme balnéaire et le tourisme de sports d'hiver
• Certains tourismes sont liés à des milieux spécifiques. Le premier est le tourisme balnéaire qui marque certaines façades maritimes. C'est le bassin méditerranéen qui en constitue le principal centre, Espagne en tête. On le trouve également dans les principales destinations touristiques au Sud. Il peut prendre plusieurs formes, depuis les littoraux « sauvages » jusqu'aux grandes structures hôtelières comme en Égypte, sur la mer Rouge ou à Cuba, en passant par les stations constituées de logements individuels.
• Dans les espaces montagneux aménagés, des stations de sports d'hiver permettent une exploitation touristique des espaces de haute montagne. Ce type de tourisme se trouve presque exclusivement dans les pays du Nord, particulièrement ceux de l'arc alpin et dans les montagnes d'Amérique du Nord.
3. De nouvelles formes de tourisme
• De nouvelles formes de tourisme émergent actuellement. Le premier est le tourisme d'aventure qui conduit les touristes dans des espaces, souvent situés dans les pays du Sud, qui possèdent des ressources paysagères et environnementales, comme certains espaces désertiques sahariens ou asiatiques.
• La découverte des terroirs et des traditions, notamment culinaires, permet également à certaines régions de développer leur potentiel et d'attirer de nouveaux voyageurs.
• Les parcs naturels constituent également un argument sur lequel misent des pays comme le Kenya, la Tanzanie ou l'Afrique du Sud.
Exercice n°3
III. Les répercussions géographiques du tourisme
Le tourisme a des effets importants sur les économies mondiales, à toutes les échelles. Les rapports entre ses différents acteurs dessinent des situations diverses.
1. Tourisme et développement économique
• Le tourisme est un secteur économique majeur, qui génère 3,1 % du PIB mondial et 274 millions d'emplois. L'entrée d'un pays dans l'émergence s'accompagne généralement de la croissance des émissions de touristes, mais aussi des arrivées. Ainsi, la Russie, la Thaïlande ou la Malaisie ont vu le nombre de touristes augmenter à mesure que leurs économies s'affirmaient. Les États mènent parfois en ce sens une politique volontariste, notamment certains pays d'Asie centrale, ou encore certaines pétromonarchies. L'émirat de Dubaï a ainsi développé une capitale où fleurissent les projets pharaoniques, tels Palm Island, et des infrastructures hôtelières importantes, qui couvrent toute la gamme du tourisme depuis les offres bon marché jusqu'aux prestations les plus luxueuses. C'est une façon de préparer l'après-pétrole et de diversifier les économies. D'autres pays sont très dépendants du tourisme du point de vue des entrées de devises : depuis la crise, le secteur paraît de plus en plus vital pour l'économie de la Grèce avec 20 % du PIB.
• Toutefois, pour les pays du Sud, le tourisme met aussi en évidence les fragilités géopolitiques. Les zones de conflits, comme le Moyen-Orient, fonctionnent avec un tourisme inférieur à leur potentiel, à l'exception des pays du Golfe. Depuis 2011, on constate ainsi un report des touristes vers la zone caraïbe, qui est celle qui connaît la plus forte croissance mondiale, avec 7,5 % de touristes en plus chaque année. En Afrique, on constate même des reculs importants, comme en Tunisie, au Kenya et même en Afrique du Sud. L'Égypte a perdu 35 % des touristes qu'elle comptait en 2010. En France, l'année 2015 avait été marquée par un recul, lié aux attentats, de 2 millions d'entrées.
2. Tourisme et impact environnemental
• Le tourisme pose toutefois certains problèmes dans la perspective du développement durable. Développer le tourisme dans les parcs naturels se heurte à une réelle difficulté quant à la préservation d'équilibres souvent fragiles. L'arrivée massive de personnes dans certains sites nécessite des aménagements : la grotte de Lascaux n'est ainsi plus visitable et une reproduction a dû être aménagée. La massification du tourisme dans certaines villes contribue également à une diminution du nombre d'habitants permanents des centres-villes, où les appartements tendent à être loués à la semaine ou à la journée plutôt qu'à l'année. Le tourisme de croisière pose aussi la question de l'accueil des paquebots de grandes dimensions (par exemple à Venise) et de la pollution qu'ils engendrent (comme à Marseille).
• Le tourisme vient parfois en concurrence avec d'autres acteurs économiques du point de vue des ressources : faut-il favoriser l'agriculture irriguée ou bien l'adduction d'eau vers les touristes pendant l'été en Andalousie ?
3. Tourisme et inégalités
• Le rapport entre tourisme et inégalités est également complexe. L'apport de devises n'enrichit souvent que certaines catégories de la population et pas nécessairement les États ou les plus pauvres.
• Le tourisme dans les pays du Sud peut mener à des situations d'exploitation, notamment sexuelle. En effet, la différence de niveau de vie entre les touristes et les habitants conduit parfois à une vision faussée des rapports humains.
• La mise en place d'un tourisme équitable, géré par différents acteurs, est une condition nécessaire pour que le tourisme s'inscrive dans une dynamique durable et constructive.
Exercice n°4Exercice n°5
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