Développement et inégalités


Fiche

Le monde est en pleine croissance démographique et souffre de grosses inégalités de développement. Résoudre les crises sociale, économique, environnementale et climatique est devenu une préoccupation majeure. Mais comment y arriver ? Des grandes conférences mondiales aux acteurs locaux, la prise de conscience de la nécessité d'une action à plusieurs échelles s'est peu à peu imposée.
Le concept de « développement durable » résulte de cette réflexion. Il date de 1987, mais a mis une vingtaine d'années à s'imposer. Il est aujourd'hui la solution privilégiée par les grands acteurs et l'un des grands enjeux du xxie siècle.
I. Un monde marqué par les inégalités de développement à toutes les échelles
1. À l'échelle mondiale : des « Nords » et des « Suds »
• Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale les inégalités de développement se sont accentuées entre les pays les plus riches, les Pays Industrialisés et Développés (PID) et les Pays en Développement (PED).
• Le niveau de développement d'un pays est calculé à partir d'indicateurs économiques (PIB, PNB), démographiques et sociaux. L'indicateur de développement humain (IDH) prend en compte l'espérance de vie (critère de santé), le taux d'alphabétisation (critère social) et le PIB par habitant (critère économique). On utilise aussi l'indicateur de pauvreté humaine (IPH) et l'indicateur de participation féminine à la vie économique et politique (IPF).
• Les inégalités de développement sont nombreuses et complexes à toutes les échelles.
• À l'échelle mondiale, les pays se divisent en deux grandes catégories :
  • les « Nords » représentent environ 2 milliards de personnes et ont un IDH supérieur à 0,8. Ces pays sont développés à tous points de vue : ils assurent à la grande majorité de leur population un bon niveau de vie (sécurité alimentaire, logement, travail, éducation, soins médicaux…) et la plupart du temps les libertés fondamentales. Ce sont aussi des PID. On classe dans cette catégorie les pays de la Triade (Europe de l'Ouest, Amérique du Nord, Japon), les nouveaux pays industrialisés d'Asie (NPIA), la Russie, les ex-pays communistes d'Europe de l'Est, l'Australie et la Nouvelle Zélande. On parle des « Nords », car la pauvreté existe dans ces pays qui n'ont pas tous le même niveau de développement.
  • les « Suds » sont les PED. Ils représentent plus des 2/3 de la population mondiale. Mais ils ont des niveaux de développement très différents : certains sont proches des « Nords » : les États rentiers du pétrole (ils ont des revenus importants, mais un retard en matière d'industrialisation et de progrès sociaux) ; et les pays émergents (ils ont un rythme de croissance élevé, un IDH proche de 0,8, mais doivent encore faire des progrès sociaux).
• Il y a des pays intermédiaires comme l'Égypte.
• Les pays les moins avancés (PMA) sont les cinquante pays les plus pauvres du monde : (principalement en Afrique subsaharienne) ils cumulent les problèmes économiques, sociaux et politiques (corruption, guerres civiles…).
2. À l'échelle des États : des inégalités spatiales
• À l'intérieur même des États, on peut trouver des inégalités socio-spatiales.
• Les littoraux sont souvent plus développés que les arrière-pays : ils concentrent les richesses et sont ouverts sur le monde grâce aux installations portuaires.
• Les villes sont plus attractives que les espaces ruraux.
• Les grandes métropoles attirent les capitaux et les principales activités économiques. Elles sont aussi des lieux de pouvoir (on y trouve les administrations, les sièges des entreprises) et des lieux de culture. Elles offrent de nombreux services et moyens de transports à leur population. Celle-ci bénéficie de meilleures conditions de vie que dans les villes plus petites et, à plus forte raison, que dans les campagnes. Cette réalité est particulièrement forte dans les PED et encourage l'exode rural : les ruraux partent trouver du travail et un meilleur niveau de vie en ville.
• Mais on trouve aussi des inégalités à l'intérieur même des villes : les quartiers riches protégés (voire fermés) et les quartiers d'affaires cohabitent plus ou moins bien avec les quartiers pauvres (cités HLM des pays du Nord, bidonvilles des pays du Sud). Les contrastes sont plus marqués au Sud.
3. Des inégalités sociales
• Au sein des populations des PID et des PED, on trouve des inégalités sociales. Il y a aussi des pauvres dans les pays riches (« quart monde »).
• Mais c'est dans les pays pauvres que ces inégalités sont les plus fortes : La majorité de la population a en général un niveau de vie faible, peu d'accès à l'éducation, peu de pouvoirs économiques et politiques. Ces derniers sont concentrés entre les mains des plus riches, pourtant minoritaires. La classe moyenne est peu développée, ce qui freine la consommation et le développement.
• D'autres types d'inégalités existent : exclusion de certaines catégories sociales pour des raisons politiques ou ethniques, inégalités des sexes… Les femmes sont souvent exclues du pouvoir et moins éduquées que les garçons dans les pays pauvres : c'est un problème, car la scolarisation des femmes a des effets bénéfiques sur les aspects sociaux du développement.
• Ces inégalités socio-spatiales à toutes les échelles sont un frein au développement. L'enjeu est important, car les besoins augmentent.
Exercice n°1Exercice n°2
II. Stratégies de développement et voies d'émergence
1. Les pays émergents
Carte des BRICS
Développement et inégalités - illustration 1
• À l'échelle de la planète, un premier type de pays semble avoir profité des possibilités de développement offertes par la mondialisation. On parle de pays émergents, c'est-à-dire qui ont connu une forte croissance de leur PIB et de leur IDH et qui sont dans une situation de maîtrise de la croissance de la population, étant généralement bien avancés dans leur transition démographique.
• Parmi ces pays, il faut compter les « Quatre dragons  asiatiques », qui, depuis les années 1960, ont misé sur la voie de développement promue par le Japon (la théorie « du vol d'oies sauvages »). Alliés des États-Unis pendant la Guerre froide, ils ont profité de l'enrichissement lié à la division internationale du travail. Il s'agit de la Corée du Sud, de Hong-Kong, de Taïwan et de Singapour. Ils profitent aujourd'hui de la croissance de l'Asie orientale portée non seulement par le Japon, mais aussi, désormais, par la Chine. Ils font aujourd'hui partie des pays industriels développés et ne sont plus à proprement parler des pays émergents.
Le terme de « pays émergent » désigne aujourd'hui les pays appartenant au Sud ou au Nord issu du monde communiste de la Guerre froide et connaissant une forte croissance économique, alors que celle des pays du Nord tend à ralentir. Les principaux d'entre eux font partie des BRICS, acronyme forgé avec l'initiale du nom anglais de chacun d'entre eux : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud. Les situations sont très différentes. La Chine s'affirme comme une puissance majeure à tous points de vue, l'Inde est essentiellement un géant démographique. La Russie voit sa puissance fondée sur les cours des matières premières et l'héritage de puissance de l'URSS. Le Brésil est un des pays du Sud qui a le plus diversifié son économie tout en misant sur l'agriculture. L'Afrique du Sud est la principale puissance économique du continent, grâce, notamment, à ses ressources minières. Toutefois, une « crise de l'émergence » frappe actuellement certains de leurs secteurs et ils sont à leur tour concurrencés par d'autres pays.
2. Les pays rentiers
D'autres pays bénéficient d'une rente liée à l'exploitation d'une matière première. C'est le cas des États pétroliers. Certains d'entre eux voient leurs économies liées presque totalement à cette situation de rente. C'est le cas des États pétroliers du golfe persique, ou encore du Qatar pour le gaz, ou encore la Russie, toujours pour les hydrocarbures. Toutefois, cette situation les rend dépendants des fluctuations des marchés et pose la question du réinvestissement des devises ainsi produites pour diversifier l'économie. Les choix politiques comptent également : le fait d'être un État pétrolier n'a pas empêché la faillite du Venezuela.
3. Les autres voies du développement
• Pour les autres pays, les stratégies de développement sont plus complexes. Elles reposent parfois sur l'exportation d'une seule matière première à faible valeur ajoutée, comme le coton pour le Mali ou le Niger. Elles sont parfois liée à des richesses minières. Celles-ci sont souvent contrôlées par de grands groupes étrangers, issus des anciennes puissances coloniales, mais aussi par les États-Unis et, plus récemment en Afrique, par les pétromonarchies et la Chine. Parmi eux, les pays les moins avancés (PMA) sont ceux pour qui la question du développement se pose de la façon la plus cruciale.
Exercice n°3
III. La question du développement durable
1. Les enjeux du développement durable
• Le gros problème est de concilier des enjeux très différents : économiques, sociaux et environnementaux, ces domaines étant les trois piliers du développement durable définis lors de la conférence de Rio en 1992.
• Du point de vue économique, l'objectif est de produire autrement en développant des capacités de production, des moyens de transport et une gestion des déchets durables.
• Du point de vue social, il faut partager, assurer les besoins élémentaires des populations (se nourrir, se loger, être éduqué, avoir accès aux soins, avoir un travail), réduire les inégalités à toutes les échelles, réduire les exclusions et gérer l'explosion urbaine.
• Du point de vue environnemental, il faut protéger la planète, gérer les ressources naturelles et les exploiter de manière durable, protéger les espaces naturels et les écosystèmes menacés et gérer les risques.
• Comme le dit le rapport Brundtland de 1987 : « Satisfaire nos besoins sans compromettre la possibilité pour les générations futures de satisfaire les leurs. »
2. Impliquer des acteurs à plusieurs échelles et prendre en compte les trois volets du développement durable de manière équilibrée
• Pour atteindre ces objectifs, les débats sont toujours ouverts et des conceptions très différentes du développement durable s'opposent.
• Les partisans d'une durabilité faible pensent que l'on peut surexploiter une ressource naturelle si on est capable, par la technologie, de trouver des moyens de substitution. Pour les partisans d'une durabilité forte, au contraire, il faut totalement préserver les ressources naturelles en limitant la consommation, voire en déplaçant des populations loin des zones à protéger.
• Le sujet est d'autant plus complexe qu'il n'existe pas encore d'indicateur fiable du niveau de développement durable.
• Les débats se poursuivent lors de grandes conférences planétaires où les pays du Nord et du Sud peinent à s'entendre, car chacun a sa propre conception du développement durable.
• Des projets sont cependant déjà en cours. Ils peuvent être mis en place par des États, de grandes firmes multinationales ou de grandes organisations non gouvernementales (ONG).
• Les projets les plus réussis sont souvent ceux qui réunissent différentes échelles d'acteurs et dans lesquels les populations locales sont impliquées.
• Ce sont aussi ceux où les trois piliers du développement durable sont pris en compte en même temps. Car, trop souvent, le volet social est négligé…
Exercice n°4Exercice n°5
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