Les villes à l'échelle mondiale : le poids croissant des métropoles

Le monde connaît aujourd'hui une urbanisation croissante : depuis 2007, plus de 50 % des habitants de la planète vivent en ville. À quelque échelle qu'on se place, les principales villes bénéficient en premier lieu de cette croissance : on parle de métropolisation du monde. Activités, populations et centres de commandement tendent à se regrouper. Les fonctions métropolitaines créent des hiérarchies entre ces villes qui sont révélatrices des mutations profondes des espaces, tant par les équipements qu'elles abritent que par les réseaux de transports qu'elles développent et dont elles bénéficient. Les métropoles contribuent ainsi à structurer les réseaux de flux.
I. Les métropoles et leurs fonctions
Les fonctions métropolitaines permettent de hiérarchiser les villes. Au sein de l'espace urbain, ces différentes fonctions, réunies dans le même espace, entrent en relation et soutiennent mutuellement leur affirmation, renforçant encore l'attractivité de la métropole.
1. Le poids démographique
• Le terme métropole signifie « ville mère ». C'est le fait qu'une ville commande un espace qui fait d'elle une métropole et pas uniquement son poids démographique. À l'échelle mondiale, l'agglomération de Dacca, au Bangladesh, n'a que peu d'influence malgré ses 14 millions d'habitants qui font d'elle une mégapole (une très grande ville). Milan, avec 4 millions d'habitants, en a beaucoup plus. Toutefois, à l'échelle du Bangladesh, voire de l'Asie du Sud, Dacca est une métropole. Il convient donc toujours de définir l'espace dont on parle pour définir l'influence d'une métropole, que cette influence soit locale, régionale, nationale ou mondiale.
• Toutefois, il existe souvent un seuil démographique qui fait que les métropoles sont souvent de très grandes villes. Les principales mégapoles du monde sont aujourd'hui situées au Sud : Mexico, Jakarta, Shanghai, Sao Paulo, Mumbai, Delhi ou Manille dépassent les 20 millions d'habitants. Au Nord, seules Tokyo et New York atteignent de tels seuils démographiques. Pourtant, en termes d'influence mondiale, ce sont New York, Tokyo, Londres et Paris qui ont une influence déterminante et qu'on appelle des villes mondiales. Or, Paris et Londres, avec une dizaine de millions d'habitants, possèdent une influence supérieure à celle de villes bien plus peuplées. Quelles sont donc les fonctions qui donnent une influence aux métropoles ?
2. Les fonctions économiques
Les premières fonctions qui permettent de hiérarchiser les métropoles sont économiques. Elles concernent tout d'abord les acteurs institutionnels des économies, liés aux États ou aux organisations internationales. L'importance de la bourse peut être déterminante. La City, Wall Street, le Tokyo Stock Exchange ou le palais Brongniart renforcent le poids économique de Londres, New York, Tokyo et Paris, qui sont déjà des villes mondiales. Mais l'importance de la bourse de Francfort donne à cette ville de 750 000 habitants un poids déterminant dans l'économie mondiale, car elle est la principale place financière de l'une des plus grandes puissances économiques mondiales, l'Allemagne. Viennent ensuite les sièges des grandes organisations internationales comme le FMI. Les entreprises privées, notamment les FTN, choisissent également les métropoles pour installer leurs sièges sociaux dans des quartiers d'affaires, ou CBD (Central Business District), comme la City, la Défense ou Shinjuku.
3. Les fonctions culturelles et politiques
• Les fonctions culturelles jouent également un rôle dans la constitution des métropoles : posséder des universités influentes, des bibliothèques, des opéras et des théâtres, ainsi que des salles de concert affirme le rang d'une ville.
• Enfin, posséder le siège d'un gouvernement, des administrations contribue à l'influence d'une ville : même si elle n'a pas le poids économique de New York, ni une population comparable, Washington possède un rayonnement mondial.
Exercice n°1Exercice n°2
Une vidéo à regarder
« Villes du futur », Le Dessous des cartes, Arte, 2018
Cette vidéo, à partir de la vision des villes du futur des années 1950 à aujourd'hui, expose les grandes dynamiques qui structurent la métropolisation à l'échelle mondiale : urbanisation, mise en réseau et compétitivité (sur des critères démographiques et économiques, mais aussi environnementaux). La question de la vivabilité des métropoles se pose de plus en plus dans un contexte de crise environnementale.
Une émission à écouter
« Centres versus périphéries : quand la gentrification brouille les frontières », Cultures Monde, France Culture, 2018
Ce podcast interroge la notion de gentrification, les dynamiques et les mécanismes de ce processus visible à l'échelle mondiale.
II. Les métropoles et les réseaux
1. Métropoles et réseaux de transport
Les métropoles concentrent les principaux réseaux de transport. Cela contribue à leur affirmation comme lieu central et à la connexion de métropoles entre elles, via les lignes aériennes et les lignes de trains à grande vitesse, les autoroutes. Ceci passe par la réalisation de grandes infrastructures.
• Les aéroports en sont un bon exemple : les principaux hubs aéroportuaires sont situés dans les métropoles, à l'exemple de Paris-Charles-de-Gaulle, où le quatrième terminal est en projet. Mais certains hubs, comme celui d'Atlanta, sont situés dans des villes qui ne sont pas des métropoles de premier ordre, mais qui bénéficient d'une situation stratégique entre plusieurs espaces métropolitains.
2. Métropoles et flux économiques
Les métropoles polarisent les flux économiques. Elles sont des lieux majeurs de la tertiarisation des économies et de leur passage aux nouvelles technologies, car on trouve en leur sein à la fois les lieux de recherches et les grandes entreprises : le MIT à Boston ou encore les espaces de la Silicon Valley à San Francisco montrent l'importance de ces logiques pour les espaces métropolitains. Les métropoles sont donc des espaces ouverts, plus ouverts que les villes moins influentes ou que les espaces ruraux environnants.
• Les métropoles fonctionnent donc de manière double : non seulement elles interagissent avec l'espace qui les environne, dans un rapport de domination et de rayonnement des richesses, mais aussi avec les autres métropoles, plus lointaines.
• Ainsi, on a pu parler d'archipel métropolitain mondial, montrant les liens privilégiés entre les grandes métropoles mondiales et les villes moins influentes qui sont liées avec elles. Cette structure traduit l'affirmation des métropoles des pays émergents, qui forment les principaux relais des villes mondiales. Le Cap ou Rio de Janeiro voient ainsi leur influence croître, portée par l'importance économique et culturelle des pays où elles se trouvent.
Exercice n°3
3. Métropoles et flux humains
• Les métropoles concentrent également les flux humains. Dans les pays en voie de développement, l'exode rural vient augmenter la population urbaine. Partout dans le monde, elles attirent les cadres et les populations diplômées, mais aussi les personnes en recherche d'emploi. Elles sont donc des lieux de brassages sociaux liés à l'emploi. Elles sont aussi les lieux de circulation des personnes effectuant un déplacement professionnel.
• Concernant le tourisme, les métropoles constituent une des principales destinations. Une métropole comme Dubaï a même misé de façon déterminante sur le tourisme, en plus de la constitution d'une place financière, pour affirmer son rayonnement à grande échelle.
Exercice n°2
III. La croissance des métropoles : un enjeu géographique majeur
1. Une croissance inégale
• La croissance urbaine s'effectue de manière inégale suivant les cas. Pour comprendre ce phénomène, il faut observer l'inégalité des taux d'urbanisation. Dans les pays du Nord, où la population urbaine représente entre 80 et 90 % de la population totale, cet accroissement est désormais modéré, même s'il se poursuit, surtout pour des raisons d'attractivité
• Dans les pays du Sud, les situations sont diverses. En Amérique latine, les métropoles concentrent une part importante de la population, mais en Afrique subsaharienne, seule 28 % de la population est urbaine. Les villes y connaissent une croissance importante, car elles accueillent une part importante de l'exode rural, en plus d'un accroissement naturel important. En Asie, si le taux d'urbanisation est plus important, les villes d'Asie du Sud connaissent une situation comparable. L'enjeu de l'affirmation des fonctions métropolitaines, en plus de la croissance démographique, est déterminant pour l'avenir de ces villes.
2. Un étalement urbain
• Les métropoles tendent donc à s'étendre. Ce processus prend plusieurs formes. Le premier est celui qui se traduit par la formation d'un espace périurbain formé de plusieurs couronnes de banlieues. Cette aire urbaine nécessite la mise en place d'infrastructures et donc une gestion des transports et services internes à la métropole. Dans les métropoles du Sud, les difficultés à structurer l'aire urbaine face à la croissance de la population se traduisent par l'importance des quartiers d'autoconstruction, parfois des bidonvilles, comme les favelas au Brésil, ou les slums de Mumbai.
• Cet étalement aboutit parfois à la constitution de conurbations entre plusieurs métropoles, dont les plus importantes constituent des mégalopoles. Il en existe trois principales dans le monde : celle du nord-est des États-Unis, de Boston à Washington, avec 52 millions d'habitants, celle du Japon, de Sendai à Fukuoka, qui s'étire sur près de 800 km, avec 110 millions d'habitants, soit 80 % de la population du pays sur 8 % de sa superficie, et celle de l'Europe rhénane, de Londres à Milan, plus diffuse, avec parfois des espaces non bâtis entre les villes la composant, mais qui compterait 73 millions d'habitants.
3. Des espaces de contrastes
• Les métropoles traduisent donc les contrastes au sein des espaces liés à la mondialisation. D'une part, on constate l'affirmation des lieux centraux. Les CBD anciens renforcent leur poids, comme la City à Londres, où de nouveaux gratte-ciel sortent de terre, mais de nouveaux quartiers d'affaires émergent aussi dans d'anciennes périphéries bien reliées au centre où le terrain est moins cher, souvent grâce à la présence de friches industrielles. À Londres, c'est le cas du quartier des Docks. La ville tend ainsi à devenir polycentrique.
• En termes d'habitat, on constate une gentrification des espaces proches des centres, où les anciens quartiers d'habitat populaire sont réinvestis par des populations aisées. Les espaces périurbains sont marqués par des clivages importants entre espaces d'habitat favorisés, parfois fermés comme les gated communities aux États-Unis, les quartiers défavorisés et des classes moyennes souvent repoussées loin des centres.
• L'avenir des métropoles dépend de questions environnementales, comme la pollution de l'air par le chauffage ou l'air conditionné, ou par le transport automobile.
Exercice n°4Exercice n°5
Une émission à écouter
« Fin de règne pour les métropoles ? », Cultures Monde, France Culture, 2020
Ce podcast inscrit la métropolisation dans le contexte de la crise sanitaire actuelle pour en interroger les limites. Gigantisme, étalement urbain, hyperconcentration des activités et hyperconnexion au reste du monde sont autant de facteurs de la vulnérabilité des métropoles.
Exercice n°1
Que signifie « métropole » ?
Cochez la bonne réponse.
ville mère
ville sœur
grande ville
ville capitale
ville dortoir
La métropole est la ville qui domine un espace et en constitue le principal centre du point de vue économique, administratif et culturel.
Exercice n°2
Qu'est-ce que le CBD d'une ville ?
Cochez la bonne réponse.
sa banlieue
son centre historique ancien
son quartier économique central
un espace urbain marqué par la multimodalité des transports
des quartiers populaires réinvestis par des populations aisées
Le CBD (central business district) est marqué généralement par des immeubles de grande hauteur. Dans les mégapoles, il existe souvent un CBD principal et des centres économiques secondaires.
Exercice n°3
Comment appelle-t-on le fait que les principales métropoles du monde constituent un réseau ?
Cochez la bonne réponse.
les villes mondiales
le réseau métropolitain mondial
le hub international
l'archipel métropolitain mondial
les mégalopoles
Ce concept, fondé sur une hiérarchie dominée par les villes mondiales et marquée par des villes relais, doit être nuancé par le fait que les villes sont également liées au territoire qui les environne.
Exercice n°4
Combien d'habitants compte la mégalopole japonaise ?
Cochez la bonne réponse.
17 millions
23 millions
80 millions
110 millions
130 millions
Cette mégalopole, qui s'étire sur 800 km de Sendai à Fukuoka, regroupe ainsi 80 % de la population du pays.
Exercice n°5
Qu'appelle-t-on une mégalopole ?
Cochez la bonne réponse.
une très grande ville
un ensemble formé par une ville et sa banlieue
un espace urbain continu formé par plusieurs mégapoles contiguës
une ville mondiale
un réseau urbain polarisé sur une grande ville
On compte aujourd'hui dans le monde trois mégalopoles, au Japon, sur la côte nord-est des États-Unis et en Europe rhénane, mais d'autres sont en constitution, notamment en Asie orientale.