Abbé Prévost, Manon Lescaut
Manon Lescaut ou l'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut s'insère dans un ensemble romanesque plus vaste. C'est le dernier tome des Mémoires d'un homme de qualité, publiés entre 1728 et 1731, écrits par l'abbé Prévost. L'histoire fictive, mais présentée comme vraie, est enchâssée dans celle du Marquis de Renoncour.
Est-ce que Manon Lescaut s'inscrit dans une tradition, un genre littéraire ?
Le roman possède en effet une parenté avec le roman picaresque qui raconte les nombreuses aventures d'un « pícaro », terme espagnol signifiant « voyou », « voleur ». Le chevalier des Grieux est d'ascendance noble, contrairement à un « pícaro », mais il en a certains traits. Manon, elle, n'hésite pas à monnayer ses charmes. Quant à son frère, c'est une crapule avérée, qui fait entrer des Grieux dans un cercle de tricheurs. Comme dans le roman picaresque, il leur arrive de nombreux renversements de fortune.
Pourtant, est-ce qu'il ne s'agit pas aussi d'une grande histoire d'amour ?
Les personnages forment un couple mythique, qui touche par sa beauté et sa force. Mais, à la différence des autres grands amoureux, leurs malheurs proviennent essentiellement d'une raison interne à leur couple : le goût de Manon pour les plaisirs et le luxe. Dès que la pauvreté menace, elle n'hésite pas à quitter des Grieux. Quant à lui, il ne parvient pas à se séparer d'elle.
Ces deux héros sont les proies de leurs passions, ils sont incapables de tirer parti de leurs erreurs et les répètent. De là l'idée de fatalité qui imprègne le discours du chevalier : il explique régulièrement sa vie par un destin écrit d'avance, comme les héros des tragédies antiques. Il est sans cesse confronté à la contradiction qui règne entre la vertu et l'amour.
Ces deux héros sont les proies de leurs passions, ils sont incapables de tirer parti de leurs erreurs et les répètent. De là l'idée de fatalité qui imprègne le discours du chevalier : il explique régulièrement sa vie par un destin écrit d'avance, comme les héros des tragédies antiques. Il est sans cesse confronté à la contradiction qui règne entre la vertu et l'amour.
Faut-il alors tirer une leçon morale du roman ?
Dans son « Avis de l'auteur », Renoncour légitime l'histoire par son intérêt moral. Certes, la morale est sauve puisque des Grieux et Manon reçoivent les « châtiments du Ciel » annoncés par Tiberge : ils se retrouvent seuls et sans ressources en Amérique, et Manon meurt transie de froid. La fin de ce roman semble donc édifiante.
Pourtant, la constance de des Grieux et ses défenses de plus en plus persuasives de l'amour forment une puissante apologie de celui-ci, de même que la conversion finale de Manon. Elle se repent en effet sincèrement des peines qu'elle a causées au chevalier.
Malgré toutes leurs erreurs, jamais les personnages ne sont réellement noircis. Le lecteur est plutôt incité à se demander, comme le fait des Grieux, pourquoi un tel amour n'a pas pu s'épanouir sur Terre.
Pourtant, la constance de des Grieux et ses défenses de plus en plus persuasives de l'amour forment une puissante apologie de celui-ci, de même que la conversion finale de Manon. Elle se repent en effet sincèrement des peines qu'elle a causées au chevalier.
Malgré toutes leurs erreurs, jamais les personnages ne sont réellement noircis. Le lecteur est plutôt incité à se demander, comme le fait des Grieux, pourquoi un tel amour n'a pas pu s'épanouir sur Terre.
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